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Haïti-Avortement : L’importance cruciale de l’éducation sexuelle des jeunes femmes

Par Pierre Philor Saint-Fleur

P-au-P., 4 oct. 2023 [AlterPresse] --- A côté de la dépénalisation de l’avortement, qui est considérée comme un crime suivant l’article 262 du code pénal en vigueur, l’éducation sexuelle peut grandement aider à la protection et la défense du corps des jeunes femmes, estime l’organisation féministe Solidarite Fanm Ayisyèn (Sofa).

Cette option se révèle pertinente du fait que, entre autres, les grossesses involontaires figurent parmi les principales causes d’avortements clandestins et mal réalisés, suivant un plaidoyer porté par l’organisation, observe AlterPresse.

« De nombreuses femmes, tombées enceintes sans le vouloir ou parce qu’elles ont été violées, sont forcées d’avorter dans de mauvaises conditions, avec des conséquences souvent lourdes pour elles, allant d’infections graves au niveau de leur utérus, jusqu’à la mort », relève la psychologue Katia Hilaire, intervenante lors d’une conférence publique de la Sofa.

« L’avortement clandestin est une pratique qui se répète au quotidien compte tenu du fait que des femmes tombées enceintes de manière involontaire ou après avoir subi un viol décident la plupart du temps de stopper la grossesse », insiste Katia Hilaire.

Pour elle, l’État doit adopter des mesures pour assurer l’éducation des jeunes femmes et des jeunes hommes sur les pratiques sexuelles et sur la protection et la défense de leurs corps.

En Haïti, 529 femmes meurent pour 100 mille naissances, la plupart d’entre elles suite à un avortement dans de mauvaises conditions, indique-t-elle, citant les statistiques de l’Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS-VI) 2016-2017, du Ministère de la Santé Publique et de la Population (Mspp).

La cconférence débat de la Sofa, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse, a eu lieu le vendredi 29 septembre 2023, au lendemain de la journée internationale en faveur du droit à l’avortement.

L’organisation entendait faire un état des lieux des questions de santé sexuelle et reproductive, ainsi que du cadre de protection en matière de sexualité et reproduction.

Les femmes qui meurent, le sont « parce que l’État viole leur droit en refusant toute modification de la loi sur l’avortement », soutient Katia Hilaire.

Selon la psychologue, la société doit « cesser de faire de l’hypocrisie » dans le dossier relatif à la dépénalisation de l’avortement.

Katia Hilaire met également en avant l’idée d’une loi protégeant les femmes, qui tombent enceintes sans le vouloir. Cette loi, avance-t-elle, devrait permettre de régulariser et encadrer l’avortement dans des conditions sanitaires et médicales répondant aux normes, pour éviter toute complication.

Le vendredi 28 septembre 2023, à l’occasion de la journée internationale de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement, plusieurs organisations féministes ont organisé une marche dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, pour demander à l’État de décriminaliser l’avortement.

Un mouvement mis en œuvre autour du slogan : « Mon corps ! mon choix ! ma vie ! mon avenir ! ma décision ! avortement sûr et gratuit, accessible et légal pour toutes les femmes d’Haïti ! ». [pfsf gp apr 04/10/2023 19 :00]