P-au-P, 02 oct. 2023 [AlterPresse] --- Les 15 membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) votent, ce lundi 2 octobre 2023, un projet de résolution rédigé par les États-Unis d’Amérique, qui devrait autoriser le déploiement d’une force internationale en Haïti pendant un an, pour aider à combattre les gangs armés et à rétablir la sécurité, selon des médias américains dont Miami Herald et Associated Press, consultés par l’agence en ligne AlterPresse.
Le déploiement de cette force multinationale serait réexaminé neuf mois après l’adoption de la résolution, souligne ce projet de résolution, qui intervient près d’un an, après que le gouvernement de facto en Haïti a demandé, le jeudi 7 octobre 2022, le déploiement immédiat d’une force armée étrangère pour lutter contre les gangs dans le pays.
Cette force non onusienne serait financée par des contributions volontaires des pays membres de l’Onu.
Elle devrait fournir un soutien opérationnel à la Police nationale d’Haïti (Pnh), qui est sous-financée et sous-équipée, avec seulement quelque 10 mille agentes et agents actifs pour un pays de plus de 11 millions d’habitantes et d’habitants, indique le projet de résolution, qui salue la décision du Kenya de diriger la force de sécurité multinationale en Haïti.
La force internationale contribuerait à renforcer les capacités de la Pnh, « à travers la planification et la conduite d’opérations conjointes de soutien à la sécurité, alors qu’elle s’efforce de lutter contre les gangs et d’améliorer les conditions de sécurité en Haïti ».
Sa mission consisterait aussi à sécuriser « les sites d’infrastructures critiques et les lieux de transit, tels que l’aéroport, les ports et les carrefours clés ».
La force serait autorisée, selon le projet de résolution, à « adopter des mesures temporaires urgentes à titre exceptionnel » pour éviter des pertes de vies humaines et aider la police à maintenir la sécurité publique, si nécessaire.
Dans un communiqué en date du jeudi 28 septembre 2023, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits humains (Hcdh), l’Autrichien Volker Türk, a réitéré son appel en faveur d’une mission multinationale de soutien à la sécurité pour aider la Police nationale haïtienne (Pnh) à lutter contre le cycle de violence en Haïti, « qui a exacerbé une grave crise en matière de sécurité et de droits humains ».
« Toute mission multinationale de soutien à la sécurité doit respecter et adhérer aux droits et normes internationales en matière de droits humains, et inclure des mécanismes de contrôle interne pour rendre compte de sa performance, mais aussi prévenir et répondre à l’exploitation et aux abus sexuels », préconise-t-il.
« Chaque jour, la vie des Haïtiennes et Haïtiens s’avère de plus en plus difficile, mais leur situation n’est pas désespérée, a-t-il déclaré.
« Avec le soutien et la détermination de la communauté internationale, le peuple haïtien peut faire face à cette grave insécurité et trouver un moyen de sortir du chaos », ajoute Volker Türk, tout en appelant les Haïtiennes et Haïtiens à ne pas baisser les bras.
Entre les 1er janvier et 9 septembre 2023, trois mille homicides, plus de 1,500 victimes d’enlèvements contre rançons et quelque 200 mille personnes déplacées, à cause des violences, ont été enregistrées en Haïti, selon un nouveau rapport des Nations unies.
Toutes les communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, y compris certaines considérées comme sûres jusqu’à récemment, sont désormais touchées par l’escalade alarmante de la violence enregistrée depuis le début de l’année 2023, signale-t-il.
Le rapport onusien souligne combien « les gangs font preuve d’une brutalité croissante, mutilant et brûlant des corps publiquement et partageant ensuite les images effroyables sur les médias sociaux ».
Des balises pour éviter les erreurs du passé
« Tous ceux qui participent à la mission proposée doivent prendre les mesures nécessaires, pour prévenir l’exploitation et les abus sexuels, et contrôler tout le personnel », exige le projet de résolution.
Il prévoit, donc, des enquêtes rapides sur toute allégation de mauvaise conduite.
De plus, « les personnes impliquées dans la mission doivent adopter une gestion des eaux usées et d’autres contrôles environnementaux pour empêcher l’introduction et la propagation de maladies d’origine hydrique, telles que le choléra », recommande-t-il.
De possibles obstacles au vote de l’Onu
La Chine et la Russie font partie des cinq membres permanents du Conseil de l’Onu, aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, qui disposent tous d’un droit de veto sur toute résolution, rappelle le journal Miami Herald.
Ces deux pays ont exprimé leurs inquiétudes concernant le projet de résolution, co-écrit par l’Équateur avec la contribution du Kenya, qui s’est porté volontaire pour diriger l’intervention.
Ils émettent des préoccupations, notamment sur la taille de la mission multinationale de soutien à la sécurité, non mentionnée dans le projet, ainsi que sur les détails de ses règles d’engagement.
La Chine a soulevé le problème lié au trafic illicite d’armes et de munitions en Haïti, où les gangs ont également accès à des armes de guerre, malgré l’embargo des États-Unis sur les armes contre Haïti.
« Deux sources diplomatiques ont déclaré qu’il y avait de grands espoirs pour que la résolution soit adoptée, lorsque le projet a été diffusé pour la première fois parmi les membres de l’Onu vendredi (29 septembre 2023) », rapporte le journal Miami Herald.
« Mais cette nuit-là, la Chine a envoyé une note contenant des modifications ».
La demande de modification de la résolution sur l’embargo sur les armes, présentée par la Chine, avait été adoptée samedi (30 septembre 2023) dans un accord avec l’administration politique à Washington, bien que les négociations avec la Chine se soient poursuivies dimanche (1er octobre 2023), a révélé une source diplomatique américaine citée par le journal Miami Herald. [emb rc apr 02/10/2023 11:10]