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Haïti-R.D./Rivière Massacre : La Fundación Zile et des confédérations syndicales préconisent la reprise urgente du dialogue

Ouanaminthe (Haïti)., 30 sept. 2023 [AlterPresse] --- La Fundación Zile, la Confédération syndicale internationale et la Confédération syndicale des travailleuses et travailleurs des Amériques demandent aux gouvernements haïtiens et dominicains de reprendre le dialogue lié à la construction à Ouanaminthe (Nord-Est) d’un canal sur la rivière Massacre dans des notes séparées transmises à l’agence en ligne AlterPresse,

« Toute nouvelle négociation devrait commencer par la reconnaissance par la République Dominicaine du droit souverain de la république d’Haïti d’utiliser les eaux de la rivière Massacre et toute autre ressource hydrique binationale », souligne la Fundación Zile, dans un document en date du jeudi 28 septembre 2023, transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

« Les deux pays devraient définir de nouveaux accords et mécanismes, favorisant une gestion plus transparente des ressources hydriques et environnementales binationales ».

Elle encourage la République Dominicaine à « soumettre à la contrepartie haïtienne les plans des prises, canaux et aqueducs connectés sur la rivière Massacre, afin de déterminer s’ils n’affectent pas, de manière significative en aval, le flux de la rivière ».

« La réactivation du canal de la Aduana (Douane), désaffecté depuis 2007, doit être aussi prise en compte dans les études et négociations, car elle a pour objectif de réduire sensiblement sinon éliminer tout écoulement en aval ».

La Fundación Zile suggère à Haïti de préparer et de remettre à la partie dominicaine un dossier technique complet d’ingénierie et d’études sur l’impact environnemental du canal, en vue de répondre à toutes ses inquiétudes, particulièrement en ce qui a trait à une éventuelle déviation des eaux de la rivière Massacre et la possibilité d’inondations des zones avoisinantes en Haïti et en République Dominicaine.

« La partie haïtienne pourrait, en coordination avec des représentants des communautés impliquées dans la construction du canal, engager une firme indépendante, afin de statuer sur les recommandations d’un document de travail interne du Ministère haïtien de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr), publié dans la presse dominicaine, qui semblait coïncider avec les inquiétudes de la partie dominicaine, soulignant notamment que le site n’est pas recommandé ».

La Fundación Zile estime « nécessaire d’analyser minutieusement la situation avec les concernés, afin d’offrir l’accompagnement adéquat. Si l’assistance technique internationale s’avère nécessaire, les parties devraient le plus rapidement possible la solliciter »r

Face à la réalité d’une responsabilité partagée entre la République d’Haïti et la République Dominicaine dans la gestion du dossier de la construction du canal haïtien, elle conseille aux parties prenantes de jouer leur partition respective.

Dans une autre note, la Confédération syndicale internationale et la Confédération syndicale des travailleuses et travailleurs des Amériques invitent les parties concernées à rechercher des solutions, basées sur le respect fondé sur les principes de la dignité humaine.

Elles expriment leur profonde préoccupation face au conflit entre les deux pays, qui a déjà entraîné, selon elles, des répercussions importantes sur les communautés des deux côtés de la frontière.

« L’escalade de cette crise pourrait conduire à une instabilité économique et sociale, et aggraver la grave crise humanitaire en Haïti », préviennent-elles.

En 2013, le gouvernement haïtien avait pris l’initiative de construire un canal pour collecter l’eau de la rivière Massacre et permettre aux agricultrices et agriculteurs des communes frontalières d’irriguer leurs champs.

Ayant démarré en 2018, le projet allait subir un coup d’arrêt pour être repris en 2023.

La poursuite de la construction du canal a soulevé la colère des autorités dominicaines, qui ont même demandé à l’État haïtien d’arrêter tous les travaux.

Le jeudi 14 septembre 2023, le président dominicain Luis Abinader a passé de la parole aux actes, en annonçant la fermeture de toute la frontière haïtiano-dominicaine (terrestre, maritime et aérienne), le vendredi 15 septembre 2023.

A travers un communiqué publié le vendredi 28 septembre 2023, le gouvernement dominicain a déclaré rester ouvert au dialogue avec les autorités haïtiennes à la seule condition que celles-ci décident d’arrêter la construction du canal sur la rivière Massacre.

Il a fait cette déclaration en réponse à un communiqué du secrétaire général de l’Organisation des États américains (Oea), Luis Almagro, qui a appelé au dialogue face au différend avec Haïti au sujet de la construction dudit canal, jugée « unilatérale « et « illégale » par les autorités dominicaines.

« Haïti réaffirme le droit souverain du peuple haïtien d’utiliser les ressources hydriques binationales, comme le fait la République Dominicaine et revendique une répartition équitable des eaux de cette rivière (Massacre), a déclaré le premier ministre de facto Ariel Henry, dans un message délivré à la tribune de la 78e Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (Onu), le vendredi 22 septembre 2023.

Il intervenait sur la crise diplomatique qui affecte les relations entre Haïti et la République Dominicaine, depuis le lancement des travaux de construction (coté haïtien) d’un canal sur la rivière Massacre. [je emb rc apr 30/09/2023 14:40]

Crédit photo : Jéthro Claudel Pierre Jeanty