Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P., 29 sept. 2023 [AlterPresse] --- Chaque jour, la vie des Haïtiennes et Haïtiens s’avère de plus en plus difficile, mais leur situation n’est pas désespérée, a déclaré le Haut-commissaire des Nations unies aux droits humains (Hcdh), l’Autrichien Volker Türk, dans un communiqué en date du jeudi 28 septembre 2023, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Avec le soutien et la détermination de la communauté internationale, le peuple haïtien peut faire face à cette grave insécurité et trouver un moyen de sortir du chaos », ajoute Volker Türk, tout en appelant les Haïtiennes et Haïtiens à ne pas baisser les bras.
Il a réitéré son appel en faveur d’une mission multinationale de soutien à la sécurité pour aider la Police nationale haïtienne (Pnh) à lutter contre le cycle de violence en Haïti, « qui a exacerbé une grave crise en matière de sécurité et de droits humains ».
« Toute mission multinationale de soutien à la sécurité doit respecter et adhérer aux droits et normes internationales en matière de droits humains, et inclure des mécanismes de contrôle interne pour rendre compte de sa performance, mais aussi prévenir et répondre à l’exploitation et aux abus sexuels », préconise-t-il.
Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) devrait bientôt examiner la mise en place d’une mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, dans ce contexte de crise de violence et de criminalité causée par les gangs.
Tout en demandant instamment à la communauté internationale « d’agir rapidement », le premier ministre haïtien de facto, Ariel Henry, a appelé de nouveau à l’envoi d’une force internationale en Haïti, lors de son discours à la 78e Assemblée générale des Nations unies, à New York (États-Unis d’Amérique), le vendredi 22 septembre 2023.
« Le peuple d’Haïti ne peut plus attendre longtemps », a déclaré le président américain Joseph Robinette Biden dit Joe Biden, dans son discours à la tribune de l’Onu.
A la fin du mois de juillet 2023, le Kenya s’est dit prêt à diriger l’effort multinational de soutien à la sécurité en Haïti.
Une délégation kenyane, qui s’est rendue en Haïti, en août 2023, a discuté avec des dirigeants haïtiens et régionaux, entre autres, au sujet du mandat et de la portée d’une telle opération.
« Nous attendons le mandat de l’Organisation des Nations unies (Onu) dans les prochaines semaines. Après cela, nous nous déploierons en Haïti, au plus tard début janvier 2024 », a déclaré le ministre des affaires étrangères du Kenya, Alfred Nganga Mutua, lors d’une conférence de presse, le mardi 26 septembre 2023, à Nairobi, la capitale du Kenya.
Les autres pays des Caraïbes et les membres de la Communauté des Caraïbes (Caricom), notamment la Jamaïque, les Bahamas, Antigua-et-Barbuda ont emboîté le pays au Kenya, en soutenant l’envoi éventuel d’une mission internationale en Haïti.
Au total, 12 pays auraient déjà promis de faire partie de la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti.
Le secrétaire général de l’Onu, le Portugais António Guterres, a exhorté les pays membres des Nations unis à se manifester par rapport à la demande d’envoi d’une force internationale dans le pays, formulée le 7 octobre 2022 par le gouvernement de facto.
Une action immédiate est nécessaire, a estimé le chef de l’Onu lors d’une visite dans la capitale, Port-au-Prince, en juillet 2023.
« La gravité de la situation exige une attention urgente et soutenue. Nous devons placer les victimes et la population civile au centre de nos préoccupations et de nos priorités ».
Trois mille homicides en Haïti depuis janvier 2023
Entre les 1er janvier et 9 septembre 2023, trois mille homicides, plus de 1,500 victimes d’enlèvements contre rançons et quelque 200 mille cas de personnes déplacées (dont la moitié sont des enfants), à cause des violences, ont été signalés, selon les Nations unies.
Dans les violences des gangs armés, 2,439 personnes ont été tuées, 902 blessées et 951 autres enlevées, entre les 1er janvier et 15 août 2023, avait indiqué un rapport de l’Onu.
Toutes les communes de la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, y compris certaines considérées comme sûres jusqu’à récemment, sont désormais touchées par l’escalade alarmante de la violence enregistrée depuis le début de l’année 2023.
Le rapport onusien souligne combien « les gangs font preuve d’une brutalité croissante, mutilant et brûlant des corps publiquement et partageant ensuite les images effroyables sur les médias sociaux ».
L’Onu évoque la multiplication par neuf des attaques contre les écoles par des membres de gangs au cours de l’année 2022, la fuite de nombreux professionnels de la santé vers d’autres pays, le recrutement continuel des enfants par les gangs, leur utilisation comme informateurs ou messagers, ainsi que leur implication dans des enlèvements et des vols, l’exposition des femmes et des jeunes filles à la violence des gangs, y compris à la violence sexuelle, tels que les viols collectifs.
Les violences sexuelles et les abus contre les femmes et les filles sont en nette augmentation. [emb rc apr 29/09/2023 11:45]
Photo : Site Onu Info