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Genre : La Sofa continue de plaider pour la dépénalisation de l’avortement en Haïti

P-au-P., 28 sept. 2023 [AlterPresse] --- L’organisation féministe Solidarite fanm ayisyèn (Sofa) appelle les autorités étatiques à prendre les dispositions nécessaires, pour dépénaliser l’avortement en Haïti, dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse, à l’occasion de la journée internationale de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement, ce jeudi 28 septembre 2023.

En Haïti, il y a 529 femmes qui meurent pour 100 mille naissances, la plupart d’entre elles suite à un avortement dans de mauvaises conditions, rappelle la Sofa.

« Ces femmes meurent, parce que l’État viole leur droit en refusant toute modification de la loi sur l’avortement. Ce qui résulte que de nombreuses femmes, tombées enceintes sans le vouloir ou parce qu’elles ont été violées, sont forcées d’avorter dans de mauvaises conditions, avec des conséquences souvent lourdes pour les femmes, allant d’infections graves au niveau de leur utérus jusqu’à la mort ».

Selon la Sofa, la société doit cesser de faire de l’hypocrisie dans le dossier relatif à la dépénalisation de l’avortement.

L’État doit assumer ses responsabilités en faisant l’éducation des jeunes femmes et des jeunes hommes sur l’utilisation et la protection de leurs corps, prône-t-elle.

Cette responsabilité passe aussi par l’adoption d’une loi protégeant les femmes, qui tombent enceintes sans le vouloir. Par conséquent, elles peuvent se faire avorter dans des conditions sanitaires et médicales répondant aux normes, pour éviter toutes les complications, avance-t-elle.

« Lorsque nous regardons le nombre d’enfants nés dans le pays, qui sont condamnés à grandir dans de mauvaises conditions sans responsabilité parentale, sans amour, sans éducation, sans logement, sans assainissement ; qui grandissent seulement pour devenir des outils aux mains des criminels les utilisant contre la société, et une femme qui décide de stopper une grossesse parce qu’elle est enceinte dans de mauvaises conditions ou sans son consentement, qui est le plus criminel ? », s’interroge la Sofa.

« L’avortement légal dans de bonnes conditions, les femmes le décident, la société le garantit » : tel est le message de l’organisation féministe au même titre que diverses organisations de femmes et des militantes féministes, à l’occasion de la journée internationale de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement.

La Sofa revient sur les chiffres du Ministère de la santé publique et de la population (Mspp), relatifs au taux élevé de mortalité maternelle dans le pays.

Le taux de mortalité maternelle est nettement supérieur en Haïti, comparativement à certains pays d’Amérique latine et des Caraïbes, pour le même nombre d’enfants nés.

sur un total de 100 mille enfants nés, « Cuba compte entre 20 et 30 mères décédées, le Costa Rica compte 30 mères décédées, le Nicaragua compte 82 et le Guatemala compte 153 mères décédées lors de l’accouchement », souligne la Sofa souligne à titre d’exemples.

Ce qui signifie, selon l’organisation de promotion et de défense des droits des femmes, « que parmi tous les pays qui nous entourent, Haïti en compte le plus grand nombre. Dans les pays développés, sur 100,000 enfants nés, environ 11 mères meurent lors de l’accouchement ».

Le plus difficile à accepter est que, bien souvent, la plupart de ces décès auraient pu être évités, fait remarquer la Solidarite fanm ayisyèn.

« La mort d’une femme, alors qu’elle est enceinte ou en train d’accoucher, n’est pas seulement un problème sanitaire, mais une injustice sociale ». [ppsf emb rc apr 28/09/2023 16:00]