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Haïti-RD : Justice et réparation pour une Haïtienne violée à l’Aéroport international Las Americas, réclame NÈGÈS MAWON

Transmis à AlterPresse le 27 septembre 2023

NÈGÈS MAWON réclame Justice et Réparation pour Stephy GRAPH et dénonce les innombrables cas de violences subis par les Femmes Haïtiennes en République Dominicaine

Port-au-Prince, le 27 septembre 2023.- C’est avec consternation que l’Organisation féministe NÈGÈS MAWON a appris qu’en date du 22 septembre 2023, une Haïtienne, Stephy Graph, a été violée en présence de son fils de quatre ans, par un agent d’immigration dominicain, affecté à l’Aéroport International de Las Americas (AILA).

Selon les informations recueillies par NÈGÈS MAWON auprès des membres de la famille de la survivante, celle-ci se trouvait en République Dominicaine et s’apprêtait à se rendre au Nicaragua lorsqu’elle a été invitée par plusieurs agents à les suivre.

Elle a été conduite dans une sale, où elle a été maintenue pendant plusieurs heures, au cours desquelles elle a été soumise à un interrogatoire et informée que le visa de son fils mineur, qui l’accompagnait, n’était pas valide. Ce qui était faux. On lui a réclamé de l’argent en vue de les autoriser à voyager, elle-même et son fils mineur. Par la suite, elle a été violée au sein même de l’aéroport. Et, tout au cours du viol, le bourreau n’a pas cessé de l’insulter en Espagnol.

NÈGÈS MAWON souligne qu’au début de sa détention à l’aéroport, la survivante avait pu échanger avec sa mère et l’avait mise au courant de la situation. Cependant, à un certain moment, cette dernière n’a plus eu de ses nouvelles. Et, ce n’est que le lendemain, qu’elle a appris, par voie de presse, le viol qui a été perpétré à l’encontre de sa fille, en présence de son petit-fils. Stephy Graph a déclaré à ses proches avoir évité de crier au moment de son agression, en dépit de sa situation de détresse et de la douleur, parce qu’elle craignait que son bourreau ne les assassine, elle et son fils mineur. Voilà l’étendue de l’horreur vécue par notre compatriote.

De leur côté, les autorités Dominicaines ont affirmé que la survivante Stephy Graph ainsi que son fils mineur sont pris en charge. Cependant, sur ce point, il faut signaler ce qui suit :

a) Avant d’avoir été conduite à un centre d’hébergement, Stephy Graph avait été emmenée dans un centre pour être déportée en Haïti ;

b) Par la suite, elle a été séparée de son fils mineur. Ils ont été conduits respectivement dans un centre d’hébergement et un orphelinat ;

c) Avant le lundi 25 septembre 2023, la survivante n’avait jamais vu les membres de sa famille, qui n’ont fait que l’entrevoir ce jour-là, car ils n’étaient autorisés ni à la visiter ni à s’entretenir avec elle avant. C’est aussi ce jour-là qu’elle a entrevu son fils mineur, depuis son viol.

Compte tenu de ce qui précède, Stephy Graph estime qu’elle est retenue captive par les autorités Dominicaines. Elle ne se sent pas en sécurité et supplie sa mère de l’aider pour qu’elle soit relâchée. De son côté, NÈGÈS MAWON voit dans cet accompagnement offert par les autorités Dominicaines, plus une forme de détention de la survivante qu’une volonté d’aider à la manifestation de la vérité.

Par ailleurs, il convient aussi de souligner que le lundi 25 septembre 2023, une audition par-devant les autorités judiciaires Dominicaines avait été prévue. Cependant, celle-ci ne s’est pas tenue, faute de traduction, ce qui constitue une grave violation des garanties judiciaires de la survivante.

NÈGÈS MAWON regrette que l’identité de la survivante n’ait pas été protégée, ce qui risque de lui porter de graves préjudices ainsi qu’à sa famille et à son fils mineur d’autant plus qu’ils s’inquiètent pour leur sécurité.

NÈGÈS MAWON se questionne sur la présence et l’utilité de la diplomatie Haïtienne en République Dominicaine qui, au lieu de se mettre du côté de la survivante, a préféré intimider la famille et tenté d’empêcher que le dossier ne s’ébruite. En effet, le 25 septembre 2023, les sieurs François Jean Claude et Gilberto Perez Bal étaient présents au tribunal, pour l’audition de la victime. D’entrée de jeu, ils se sont présentés à la famille de Stephy Graph comme étant les représentants travaillant pour l’État Haïtien, n’avoir de comptes à rendre qu’au Ministère des Affaires Étrangères et n’avoir aucune information à transmettre à la famille.

Si, selon la ministre dominicaine des Femmes, Mme Mayra Jimenez, l’agresseur a été arrêté, NÈGÈS MAWON estime qu’un viol perpétré dans un aéroport international avec autant de facilité, prouve, si besoin en était, combien il est aisé pour des agents des forces de l’ordre en République Dominicaine d’utiliser contre les femmes Haïtiennes, leur vulnérabilité et la situation sociopolitique actuelle qui sévit en Haïti, en vue de les soumettre à toutes formes de violences sexuelles et de discrimination, dans le processus d’immigration.

De plus, compte tenu du nombre élevé des cas de viols et autres formes de violences perpétrées à l’encontre des femmes Haïtiennes en République Dominicaine dont les violences contre les femmes enceintes et les discriminations de manière générale contre les Haïtiennes, NÈGÈS MAWON reste vigilante quant aux promesses faites par les autorités Dominicaines. Et, dans le cas de Stephy Graph particulièrement, NÈGÈS MAWON prend note des engagements d’accompagnements juridique et psychologique de la survivante, pris par la ministre Dominicaine des Femmes, et souhaite que cet accompagnement s’étende à son fils qui a assisté au viol.

NÈGÈS MAWON espère aussi que les cas des nombreuses femmes et de filles Haïtiennes violées et violentées chaque jour, tant en République Dominicaine que sur la frontière que se partagent les deux (2) pays, seront aussi pris en considération.

Ce mardi 26 Septembre 2023, NÈGÈS MAWON, en partenariat avec une organisation de Droits Humains basée en République Dominicaine, a mis un avocat à la disposition de la famille et espère que le dossier suivra son cours, dans le respect des garanties judiciaires de la survivante.

NÈGÈS MAWON continue de monitorer le dossier de Stephy Graph, réclame qu’elle et son fils obtiennent Justice, Réparation et Protection des autorités Dominicaines et exige que le bourreau soit jugé et sanctionné conformément à la Loi.

NÈGÈS MAWON recommande aussi aux autorités Dominicaines et Haïtiennes d’adopter les mesures nécessaires, en vue de protéger les nombreuses femmes Haïtiennes résidant en République Dominicaine.

PASCALE SOLAGES

Coordonnatrice Générale NÈGÈS MAWON