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Crise : Des élus américains d’origine haïtienne s’opposent à une éventuelle intervention militaire en Haïti

P-au-P., 26 sept. 2023 [AlterPresse] --- Le Réseau national des élus américains d’origine haïtienne (Nhaeon) et Fanm en action, une organisation de la société civile basée aux États-Unis d’Amérique, déclarent s’opposer à la proposition du président américain Joseph Robinette Biden, dit Joe Biden, en ce qui concerne l’envoi d’une mission militaire internationale en Haïti.

« Toute intervention militaire va soutenir la corruption et la répression d’Haïti. Un régime non élu va aggraver probablement la crise politique actuelle et la rendra catastrophique. Cela renforcera davantage le régime, aggravant la crise politique en Haïti, tout en générant d’importantes pertes civiles et une pression migratoire », mettent-ils en garde, dans une lettre ouverte adressée au président Joe Biden et au secrétaire d’État américain Antony Blinken, le vendredi 22 septembre 2023, dont une copie a été transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

« Si les États-Unis souhaitent véritablement stabiliser la situation politique, pour éviter une crise humanitaire catastrophique en Haïti, ils commenceront par cesser de soutenir le gouvernement corrompu (d’Ariel Henry) et permettront l’émergence d’un gouvernement de transition de consensus, ayant la légitimité de décider comment la communauté internationale peut contribuer », lit-on dans cette correspondance, signée par plus d’une cinquantaine d’élus américains d’origine haïtienne et de membres d’organisation de la société civile Fanm en action basée aux États-Unis.

Le Nhaeon et Fanm en action critiquent l’incapacité du gouvernement « inconstitutionnel d’Ariel Henry d’assurer la sécurité de la population, en concédant le contrôle du pays à de nombreux chefs de gangs ».

Ils critiquent également l’héritage « des gouvernements du Parti haïtien tèt kale (Phtk), qui ont créé un climat de criminalité et de corruption dans le pays, avec des conséquences graves pour les générations futures.

« Au moins 21 responsables haïtiens, liés au parti Phtk, font face à des sanctions internationales pour corruption ou violence continue des gangs en Haïti ».

Au moins 60 organisations et des citoyennes et citoyens haïtiens ont déjà écrit l’Union africaine pour s’opposer à l’appel du régime de facto, sollicitant une intervention militaire dans le pays, rapellent le Réseau national des élus américains d’origine haïtienne (Nhaeon) et Fanm en action.

« De nombreux Haïtiens et Haïtiennes s’opposent à toute intervention étrangère, et il est peu probable qu’une telle proposition obtienne le moindre soutien populaire pour poursuivre les gangs, retranchés dans les quartiers affiliés au régime de facto ».

Ils exhortent l’administration politique américaine a « cesser de soutenir le régime inconstitutionnel de facto, pour stabiliser la crise politique actuelle en Haïti et encourager la construction d’un gouvernement de consensus pour amener Haïti à adopter un processus démocratique ».

« Les Haïtiennes et Haïtiens sont capables de trouver une solution à la crise », reconnaissent-ils, tout en rappelant les nombreuses initiatives entreprises, afin de se mettre d’accord sur des plans pratiques et prometteurs pour un gouvernement de transition.

« Mais, à chaque fois, les autorités de facto font échouer l’effort prometteur, en refusant tout compromis ».

Par ailleurs, ils plaident pour le blocage des livraisons d’armes vers Haïti, tout en pointant la responsabilité des trafiquants d’armes et de celles et de ceux qui profitent de la violence en Haïti.

« Haïti ne fabrique pas d’armes ni de munitions. Mais, celles-ci proviennent des États-Unis et continuent de détruire de nombreuses vies, y compris celles des États-Unis (...) Nous exhortons vivement votre administration à enquêter efficacement sur le trafic d’armes vers Haïti et à fournir davantage de ressources aux douanes et aux patrouilles frontalières américaines, pour inspecter les marchandises quittant les États-Unis vers Haïti ».

Le mardi 19 septembre 2023, le président des États-Unis d’Amérique, Joseph Robinette Biden dit Joe Biden, a plaidé pour l’envoi d’une force internationale pour aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) à lutter contre les gangs armés, lors d’une intervention, à la tribune de la 78e Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu).

« Le peuple d’Haïti ne peut pas attendre plus longtemps », a déclaré Joe Biden, qui appelle à l’action du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), afin, dit-il, d’autoriser maintenant le déploiement de la force internationale.

Le vendredi 22 septembre 2023, toujours à la tribune de la 78e Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu), le premier ministre de facto Ariel Henry a appelé à nouveau au déploiement d’une force robuste, afin de renforcer les efforts de la Police nationale contre les gangs, qui sèment la terreur sur le territoire d’Haïti.

Ariel Henry a dénoncé « la dégradation outrancière de la situation sécuritaire, où la population subit quotidiennement les attaques violentes des gangs armés dans la capitale comme dans les villes de province », reprenant l’appel du 7 octobre 2022 transmis au secrétaire général de l’Onu.

Selon Ariel Henry , il serait « urgent » que le Conseil de sécurité des Nations Unies « autorise le déploiement d’une mission multinationale spécialisée, à composante police et militaire, en appui à la Police nationale d’Haïti, afin de combattre les gangs et rétablir la sécurité ».

« L’emploi de la force, comme première étape, demeure indispensable pour vaincre les gangs, rétablir l’ordre et créer un environnement propice au bon fonctionnement de l’État », dit Ariel Henry, considérant combien le développement socio-économique durable doit être pris en compte « pour s’attaquer durablement à l’extrême pauvreté. ». [ppsf emb rc apr 26/09/2023 11:15]

Source photo : Nhaeon