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Rivière Massacre : Le parti politique Opl appelle le gouvernement de facto en Haïti à se montrer à la hauteur du moment

P-au-P., 18 sept. 2023 [AlterPresse] --- Le parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl) demande au gouvernement de facto en Haïti de se montrer à la hauteur du moment, dans le dossier relatif à la construction à Ouanaminthe (Nord-Est) d’un canal sur la rivière Massacre, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Le parti politique Opl exhorte l’État haïtien à prendre toutes les dispositions, pour défendre les droits des ressortissantes et ressortissants haïtiens, conformément aux conventions et traités internationaux.

Il dit saluer « la lucidité et la vaillance de la population de Ouanaminthe, qui, debout, solidaire, permet la reprise et la poursuite des travaux de construction du canal ».

Face au tollé provoqué, la Fédération nationale des travailleurs chrétiens-sociaux des transports (Fenattransc) a annoncé, le lundi 18 septembre 2023, l’annulation de sa disposition, qui visait à interdire le transport des Haïtiennes et Haïtiens, sans papiers ou non, sur toutes les routes de transport de passagères et passagers opérant en République Dominicaine, rapporte le journal dominicain Listin Diario, consulté par AlterPresse.

Le parti politique Organisation du peuple en lutte dénonce la décision, qui a été prise par cette fédération syndicale, d’interdire, dès ce lundi 18 septembre 2023, en République Dominicaine, l’accès aux ressortissantes et ressortissants haïtiens à tout type de transport public, qu’ils soient en situation de migrants avec papiers ou sans papiers.

« Cette décision au relent fasciste, discriminatoire à l’égard des Haïtiennes et Haïtiens, viole le droit international, spécifiquement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel la République Dominicaine est partie », condamne le parti politique Opl.

« Les États parties au présent Pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous les individus, se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence, les droits reconnus dans le présent pacte, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation », stipule l’article 2 alinéa 1 dudit pacte, repris par le parti politique Opl.

La disposition d’interdiction, qui a été prise contre les Haïtiennes et Haïtiens, puis annulée par la fédération syndicale de travailleurs chrétiens des transports, liée au secteur ultranationaliste dominicain, fait suite à la mesure, adoptée le vendredi 15 septembre 2023, par le président Luis Rodolfo Abinader Corona (né le 12 juillet 1967 à Santo Domingo), de fermer unilatéralement toutes les frontières de la République Dominicaine avec la République d’Haïti, en réaction à la poursuite des travaux de construction d’un canal d’irrigation sur la rivière Massacre.

Ce projet d’irrigation est destiné à arroser 3,000 hectares de terre dans la basse plaine de Maribaroux.

Dans la soirée du dimanche 18 septembre 2023, Luis Abinader a déclaré maintenir la décision de fermer totalement la frontière avec Haïti, dans une adresse à la nation dominicaine.

Les mesures prises par le gouvernement dominicain, comme la suspension des visas pour les citoyennes et citoyens haïtiens, resteront en vigueur jusqu’à « l’arrêt définitif de la construction du canal sur la rivière Massacre du côté haïtien », soutient-il.

Une délégation haïtienne a été contrainte de mettre fin aux négociations bilatérales en cours à Santo Domingo, suite à la mise à exécution des menaces du président dominicain de fermer les frontières terrestre, aérienne et maritime avec la République d’Haïti, a informé le Ministère haïtien des affaires étrangères et des cultes (Maec), dans une note en date du 15 septembre 2023.

L’ambassadeur dominicain en Haïti, Farouk Miguel Castillo, a été convoqué pour fournir des explications sur cette décision prise de manière unilatérale, souligne le Maec.

« La ministre des affaires étrangères a.i., qui l’a reçu, Emmelie Prophète Milcé, lui a clairement manifesté la désapprobation du gouvernement haïtien face à ces mesures disproportionnées, qui auront des conséquences négatives sur les relations entre les deux pays », lit-on dans la note du Maec.

Tout en faisant part de ses préoccupations pour la sécurité des ressortissantes et ressortissants haïtiens en République Dominicaine, Emmelie Prophète Milcé a demandé à l’ambassadeur dominicain que son gouvernement prenne toutes les dispositions pour les protéger.

Seule la voie du dialogue peut permettre aux deux pays de résoudre, de manière durable, ce différend, ont reconnu l’ambassadeur dominicain Miguel Castillo et la titulaire de facto ad intérim du Ministère haïtien des affaires étrangères, d’après le Maec. [emb rc apr 18/09/2023 13:10]