P-au-P., 15 sept. 2023 [AlterPresse] --- Le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) exprime sa solidarité avec les paysans engagés dans des travaux de construction, à Ouanaminthe (Nord-Est d’Haïti), d’un canal sur la rivière Massacre pour irriguer des champs agricoles, en conférence de presse, le vendredi 15 septembre 2023, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« L’eau de la rivière Massacre constitue une ressource capitale pour les paysans haïtiens, qui souhaitent planter, cultiver leurs terres et maintenir leur indépendance économique et leur souveraineté alimentaire », souligne le responsable de communication et de plaidoyer de la plateforme Garr, Sam Guillaume.
Le Garr appelle l’État haïtien à dialoguer avec les autorités dominicaines pour faire respecter les traités et accords, qui ont été signés entre les deux pays.
Si ces travaux sont effectués conformément aux normes scientifiques, ils peuvent créer des opportunités économiques et permettre aux paysannes et paysans de rester au pays, pour ne pas continuer à risquer leur vie à l’étranger et subir toutes sortes d’humiliations, estime la plateforme Garr, qui encourageant la construction d’infrastructures à la frontière.
« Nous demandons au gouvernement haïtien de défendre les droits des citoyennes et citoyens, de les encadrer dans le travail, tout en veillant à ce que la République Dominicaine respecte les traités et accords qui ont été signés ».
Elle lance également un appel à tous les membres de la société civile et à tous les groupes concernés dans le pays à unir leurs forces, afin d’exiger du gouvernement de facto en Haïti qu’il prenne le contrôle de la situation et agisse avec le sens de responsabilités.
La République Dominicaine doit cesser ses menaces, pour que les travaux de construction du canal se poursuivent correctement, réclame, pour sa part, la coordonnatrice de la plateforme Garr, Katia Bonté.
La fermeture des frontières, une mesure arbitraire, selon la plateforme Garr
La fermeture de la frontière entre Haïti et la République Dominicaine aura des conséquences majeures pour les migrantes et migrants haïtiens, prévient la coordonnatrice du Garr.
« Cela aggraverait encore davantage la situation des migrantes et migrants, intensifiera le trafic des êtres humains , augmentera les activités de contrebande et d’autres types de trafic à la frontière » entre le deux pays qui partagent l’Île.
Tout en rappelant les bonnes relations, qui existent entre les populations des deux pays au niveau de la frontière, la plateforme Garr exprime ses inquiétudes pour les professionnelles et professionnels haïtiens de tous les secteurs, les étudiantes et étudiants, toutes les militantes et tous les militants haïtiens, qui risquent de subir des représailles face aux discours de haine qui se propagent en République Dominicaine.
Elle demande également à l’État haïtien de garder les yeux ouverts sur les résidentes et résidents haïtiens dans les pays voisins, et d’exiger, pour eux, une protection de la part de l’État dominicain dans ce contexte des tensions qui pourraient conduire à des situations regrettables.
En 2013, le gouvernement haïtien avait pris l’initiative de construire un canal pour collecter l’eau de la rivière Massacre et permettre aux agricultrices et agriculteurs des communes frontalières d’irriguer leurs champs.
Ayant démarré en 2018, le projet allait subir un coup d’arrêt, rappelle le responsable de communication et de plaidoyer de la plateforme Garr, Sam Guillaume.
« Aujourd’hui, ce sont les bénéficiaires du projet, qui ont décidé de s’unir pour poursuivre la construction du canal. Cela a soulevé la colère des autorités dominicaines, qui ont même demandé à l’État haïtien d’arrêter tous les travaux pouvant conduire à la construction du canal », souligne la plateforme Garr.
Le gouvernement dominicain avait menacé de fermer tous les points frontaliers avec Haïti et de cesser de délivrer des visas dominicains aux Haïtiennes et Haïtiens, si les travaux n’étaient pas arrêtés.
Le jeudi 14 septembre 2023, le président dominicain Luis Abinader a passé de la parole aux actes, en annonçant la fermeture de toute la frontière haïtienne-dominicaine (terrestre, maritime et aérienne), à compter du vendredi 15 septembre 2023, dès 6:00 am (10:00 gmt).
« Les deux pays peuvent utiliser n’importe quel fleuve situé à la frontière, à condition que ces usages ne causent aucun dommage au fleuve et aux autres pays », stipule l’article 10 du « traité de paix, d’amitié et d’arbitrage », paraphé entre les deux pays le 29 février 1929, souligne la plateforme Garr, qui dénonce une violation de ce « traité de paix, d’amitié et d’arbitrage ».
En plus de ce traité, les deux pays avaient signé, le 27 mai 2021, une déclaration commune, dans laquelle l’État dominicain avait reconnu le droit des Haïtiennes et Haïtiens de se servir des eaux de la rivière Massacre, à condition que cela ne représente pas une utilisation nocive.
« Par conséquent, Haïti a parfaitement le droit de poursuivre les travaux de curage du canal le long de la frontière », insiste la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr). [ppsf emb rc apr 15/09/2023 15:50]