P-au-P., 15 sept. 2023 [AlterPresse] --- L’ancien titulaire du Ministère des Haïtiens vivant à l’étranger, Edwin Paraison, recommande au gouvernement de facto en Haïti de recourir à un arbitrage international dans le dossier de la rivière Massacre, qui l’oppose à la République Dominicaine, dans une interview à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
« Les autorités haïtiennes devraient analyser les dommages, que pourraient causer les mesures du gouvernement dominicain sur Haïti, en vue de recourir à un arbitrage international », comme convenu à la réunion entre les deux pays, le 27 mai 2021, préconise Edwin Paraison.
Le gouvernement de facto en Haïti devrait réunir des techniciens, des géologues, des personnalités ayant des connaissances dans le domaine hydrique et impliquer même l’Université, afin d’éviter que la situation de tensions dépasse le cadre politique, conseille-t-il.
À l’issue de la rencontre du 27 mai 2021, les secrétaires techniques d’une commission mixte bilatérale ont signé une déclaration conjointe, qui reconnaît combien les travaux de canalisation (commencés en 2018) ne constituaient point une déviation de la rivière Massacre.
Le document appelait à la constitution d’une table technique binationale pour se pencher sur tous les problèmes, pouvant être soulevés dans la gestion des cours d’eau transfrontaliers.
La République Dominicaine avait admis que cet ouvrage n’est pas une déviation du cours d’eau, mais un captage d’eau.
« La prise haïtienne sur la rivière Massacre ne constitue pas une utilisation dommageable de la ressource en eau. Elle ne met pas en danger les écosystèmes ».
Edwin Paraison appelle les gouvernements des deux pays à analyser la construction du canal par les Haïtiens, pour voir s’il n’affecte pas les eaux transfrontalières dans le respect du traité de 1929, ainsi que le barrage Don Miguel des Dominicains.
« Si les travaux de construction du canal n’entrent pas dans le cadre de la gestion des eaux frontalières, les Haïtiennes et Haïtiens n’ont pas de soucis à se faire. Le gouvernement haïtien doit être vigilant, afin de faire respecter le traité de 1929 ».
Si les autorités veulent retourner sur leur décision, elles doivent informer Haïti et présenter les dommages y relatifs, suivant le traité de 1929, estime Edwin Paraison.
« Toutes difficultés, de quelque nature qu’elles soient, entre les deux gouvernements, relativement au présent traité, seront soumises à l’arbitrage, sans préjudice de tous autres moyens de conciliation, sauf ce qui est prévu aux articles 7 et suivants », stipule l’article 18 de ce traité.
« Les Hautes Parties contractantes s’engagent à soumettre à l’arbitrage tous les différends de caractère international, qui pourraient surgir entre elles, en raison de la réclamation d’un droit, formulée par l’une contre l’autre en vertu d’un traité ou autrement, réclamation qu’il n’a pas trouvé possible de régler par la voie diplomatique et qui est de nature juridique, parce que susceptible de décision par l’application des principes du droit », dispose l’article 3 du traité.
Alors que les discussions entre les deux pays pour trouver une issue au conflit étaient en cours, les autorités dominicaines ont annoncé, le jeudi 14 septembre 2023, la fermeture de toute la frontière haïtienne-dominicaine (terrestre, maritime et aérienne), à compter du vendredi 15 septembre 2023, dès 6:00 am (10:00 gmt).
Le gouvernement dominicain envisage l’exécution d’un plan pour éviter les pertes aux commerçantes et commerçants dominicains, qui seraient dues à la fermeture de touts les points frontaliers avec Haïti, rapporte le journal dominicain Listin Diario.
A travers cette mesure, ordonnée par le président Luis Abinader lui-même, le gouvernement dominicain achèterait les produits périssables (les œufs, les poulets, les poivrons) destinés à l’exportation vers Haïti, fait-il savoir.
Dans un communiqué officiel, transmis à AlterPresse en milieu de soirée, le gouvernement de facto en Haïti déclare prendre acte de la décision de la République Dominicaine de fermer ses frontières avec la République d’Haïti, à partir du vendredi 15 septembre 2023.
« La République d’Haïti peut souverainement décider de l’exploitation de ses ressources naturelles. Elle a, comme la République Dominicaine, avec laquelle elle partage la rivière Massacre, l’entier droit d’y faire des prises, conformément à l’accord de 1929 », selon le communiqué.
Le gouvernement de facto en Haïtien indique qu’il prendra toutes les dispositions que de droit pour protéger les intérêts du peuple haïtien, tout en privilégiant toujours le dialogue. [je emb rc apr 15/09/2023 11:30]