P-au-P., 13 sept. 2023 [AlterPresse] --- « Ce qui s’est passé avec les membres du groupe de personnalités éminentes (Epg) de la Communauté des Caraïbes (Caricom) en visite, du lundi 4 au dimanche 10 septembre 2023, à Port-au-Prince nous permet de comprendre la vraie nature de la crise. Négocier avec Ariel Henry est une perte de temps. Parce qu’Ariel Henry est un valet sans aucune autorité, ni responsabilité pour faire quoi que ce soit dans le pays ».
Telle est la position exprimée par le coordonnateur du parti politique Konbit travayè peyizan pou libere Ayiti (Kontrapèp la), l’ancien sénateur Jean William Jeanty, dans une interview à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
« Je ne comprends pas pourquoi on veut qu’une solution soit trouvée avec Ariel Henry, qui n’est pas maître de son destin », dit-il.
Selon le dirigeant politique signataire de l’accord du 30 août 2021, communément appelé accord de Montana, « le problème c’est que, d’une part, ceux qui s’opposent au gouvernement de facto n’ont pas les moyens pour arriver à leur fin : renverser le premier ministre de facto Ariel Henry. D’autre part, Ariel Henry est au pouvoir parce que la communauté internationale le veut jusque-là ».
Les négociations... « un bluff »
La forme que prennent actuellement les négociations, si négociations il y en avaient, est un bluff, analyse le parti politique (Kontrapèp la).
« Cela ne donnera jamais de résultats, dans la mesure où seuls ceux qui ont mis Ariel Henry au pouvoir, à savoir le Core Group [1], peuvent le changer. A part ça, on va continuer à perdre notre temps », continue-t-il.
Face à l’aggravation de la crise, deux situations s’imposent, de l’avis du parti politique Kontra pèp la.
« Ou bien Ariel Henry, après avoir reconnu son incapacité de changer la situation dans le pays, décide de donner sa démission par la suite. Ou bien les partis et regroupements de l’opposition exigent de vraies négociations avec (les protagonistes de) la communauté internationale. qui sont les maîtres du premier ministre de facto. C’est seulement à ce moment qu’on aurait parlé de négociations ».
Les signataires de l’accord de Montana ne vont pas continuer à négocier avec Ariel Henry, qu’ils ont déjà qualifié de génocidaire, tout en exigeant sa démission, augure le parti politique Kontra pèp la, signataire dudit accord.
La rencontre, qui a été prévue avec le premier ministre de facto Ariel Henry et les signataires de la déclaration de Kingston, aurait été servie pour exposer la proposition, qui trace la voie de la démission et du remplacement du premier ministre de facto, a indiqué le coordonnateur national du parti Kontra pèp la, l’ancien sénateur Jean William Jeanty.
Par ailleurs, s’agissant de la déception exprimée par les émissaires de la Caricom par rapport au durcissement de ton dans les discussions, tenues du lundi 4 au dimanche 10 septembre 2023, le parti politique Kontra pèp la émet certaines nuances.
« Si les émissaires de la Caricom sont sortis déçus après leur mission en Haïti, c’est parce qu’ils avaient une attente. Or, ils n’étaient pas là pour ça. Ils étaient là pour jouer le rôle de facilitateurs. Ils devraient savoir que les parties ont, depuis le départ, des positions pratiquement irréconciliables. Choisir de jouer le rôle de médiateur dans une crise aussi complexe nécessitait tout de même un peu de compréhension ».
Le groupe Montana a clairement attiré l’attention des émissaires de la Caricom sur la nécessité de négocier avec le premier ministre de facto autour des conditions de son départ, nécessaire pour la résolution de la crise caractérisée par la terreur des gangs armés et la mauvaise gouvernance, a fait savoir Jacques Ted St Dic du groupe Montana.
« Il ne s’agit pas de discussions pour savoir qui va remplacer Ariel Henry au pouvoir. Mais, ce sont des discussions pour libérer le pays de ce pouvoir. Cette position a été dominante dans cette rencontre, où plusieurs acteurs et actrices, dont le Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023, le parti politique Fanmi Lavalas, et une bonne partie des signataires de la déclaration de Kingston y ont pris part », a-t-il ajouté.
La rencontre organisée, en Jamaïque, par la Caricom, les dimanche 11, lundi 12 et mardi 13 juin 2023, entre plusieurs représentants de partis, de regroupements politiques, de la société civile ainsi que du pouvoir de facto, comme celle réalisée en juillet 2023, a été vue comme un échec.
Le premier ministre de facto Ariel Henry constitue le principal élément de blocage en ce qui concerne les négociations enclenchées entre les protagonistes haïtiens, sous les auspices de la délégation de la Communauté des Caraïbes (Caricom), ont estimé des secteurs politiques, à l’occasion de la visite de la délégation de la Caricom, au cours du mois de septembre 2023. [ppsf emb rc apr 13/09/2023 16:10]
[1] Le Core Group est composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Union européenne (Ue), du représentant spécial de l’Organisation des États américains (Oea) et de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies.