P-au-P., 12 sept. 2023 [AlterPresse] --- Composé des anciens premiers ministres Dr Kenny D. Anthony de Sainte-Lucie, Bruce Golding de la Jamaïque et Perry Christie des Bahamas, le groupe de personnalités éminentes (Epg) de la Communauté des Caraïbes (Caricom) exprime sa déception par rapport au durcissement de ton dans les discussions entre certaines parties prenantes impliquées dans la crise en Haïti, au terme de sa mission de sept jours, du lundi 4 au dimanche 10 septembre 2023, dans une déclaration dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Il relève une régression considérable dans les positions de certaines parties prenantes, qui appellent à la démission du premier ministre de facto, Ariel Henry, dans un contexte marqué par la détérioration alarmante de la situation sécuritaire à Port-au-Prince et l’aggravation de la crise humanitaire en Haïti.
« Dans cet environnement politique dégradé, le début convenu de réunions de médiation intensive avec des groupes réduits de participants a été retardé par la fixation des conditions et le non-respect des limites convenues sur le nombre de personnes devant assister à une nouvelle phase de médiation intensive », note-t-il.
Un accord a été conclu sur les modalités du début des réunions de médiation intensives, le mardi 12 septembre 2023, après des discussions intensives, dont celle qui a réuni Ariel Henry, les représentants de l’accord du 21 décembre 2022, de la déclaration commune de Kingston et de la société civile, rappelle la délégation de la Caricom.
Cette phase des négociations sera facilitée dans un premier temps par l’Epg par vidéoconférence, puis en personne par l’Epg si les parties prenantes le demandent, fait-elle savoir.
Avec de la détermination, de la bonne volonté et la reconnaissance du fait que les intérêts du peuple haïtien doivent être la préoccupation primordiale de toutes les parties prenantes, une solution pourrait être trouvée pour remettre Haïti sur la voie du constitutionnalisme et de la démocratie, souhaite l’Epg.
Le Groupe de personnalités éminentes de la Caricom est revenu en Haïti, le lundi 4 septembre 2023, pour une mission de sept jours, afin de progresser dans la recherche d’une solution durable à l’impasse politique, qui dure depuis longtemps.
L’Epg déclare avoir été encouragé par les mesures positives prises lors des précédentes réunions avec les parties prenantes haïtiennes en Jamaïque, en juin 2023, et en Haïti, en juillet 2023, et par le résultat des discussions informelles entre les parties prenantes, qui ont eu lieu en août 2023, pour réduire les divergences.
La rencontre organisée, en Jamaïque, par la Caricom, les dimanche 11, lundi 12 et mardi 13 juin 2023, entre plusieurs représentants de partis, de regroupements politiques, de la société civile ainsi que du pouvoir de facto, comme celle réalisée en juillet 2023, a été vue comme un échec.
Le premier ministre de facto Ariel Henry constitue le principal élément de blocage en ce qui concerne les négociations enclenchées entre les protagonistes haïtiens sous les auspices de la délégation de la Communauté des Caraïbes (Caricom), ont estimé des secteurs politiques, à l’occasion de la visite de la délégation de la Caricom, au cours du mois de septembre 2023.
Le groupe Montana a clairement attiré l’attention des émissaires de la Caricom sur la nécessité de négocier avec le premier ministre de facto autour des conditions de son départ, nécessaire pour la résolution de la crise caractérisée par la terreur des gangs armés et la mauvaise gouvernance, a fait savoir Jacques Ted St Dic du groupe Montana.
« Il ne s’agit pas de discussions pour savoir qui va remplacer Ariel Henry au pouvoir. Mais ce sont des discussions pour libérer le pays de ce pouvoir. Cette position a été dominante dans cette rencontre, où plusieurs acteurs et actrices, dont le Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023, le parti politique Fanmi Lavalas, et une bonne partie des signataires de la déclaration de Kingston y ont pris part », a-t-il ajouté.
Pour sa part, interrogé par AlterPresse/AlterRadio, l’ancien colonel Himmler Rébu du parti politique Grand rassemblement pour l’évolution d’Haïti (Greh, qui a également participé à une rencontre avec la délégation de la Caricom, a indiqué combien les signataires de la déclaration de Kingston exigent la démission du premier ministre Ariel Henry.
Le refus d’Ariel Henry de discuter avec les signataires de la déclaration de Kingston aurait causé l’échec partiel des négociations comme ce fut le cas, à la Jamaïque, en juin 2023, et à Port-au-Prince, en juillet 2023 », a-t-il regretté.
Les nouveaux pourparlers entre les protagonistes haïtiens sous les auspices de la Caricom ne vont aboutir à rien, dans la mesure où les leviers pour lutter contre la crise se trouvent entre les mains des Américains, a réagi, sur AlterPresse/AlterRadio, le porte-parole du parti politique Rasanbleman sosyalis pou yon inisativ nasyonal tou nèf (Rasin kan pèp la), Camille Chalmers.
« Je ne pense pas que la Caricom possède les leviers et les moyens pour débloquer la situation. Elle est un acteur mineur dans la crise haïtienne, contrôlée par des acteurs majeurs de l’impérialisme américain », a analysé Chalmers, tout en saluant, tout de même, l’initiative de la Caricom et la bonne volonté de certains des États membres.
Cette nouvelle série de discussions entre les actrices et les acteurs haïtiens est vouée à l’échec, de l’avis de l’organisation haïtienne de promotion des droits humains et de la gouvernance démocratique Jurimédia, questionnée par AlterPresse/AlterRadio.
Depuis plus d’un an, la Caricom ne cesse point de rencontrer les mêmes actrices et acteurs, alors que la crise continue de s’aggraver, a relevé le directeur exécutif de Jurimédia, Abdonel Doudou, appelant à changer de méthode.
Jurimédia préconise la mise en place de ce qu’il appelle « un conseil arbitral de recherche d’un accord unique pour la transition ». [emb rc apr 12/09/2023 11:35]