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L’éminent professeur Solon Fortunat, victime de la « terreur inqualifiable » en Haïti

Dénonciation de l’Association des professeurs de l’Université d’État d’Haïti

Note de protestation de l’Association des professeurs de l’Université d’État d’Haïti (Apueh) contre l’assassinat du professeur Solon Fortunat

Document soumis à AlterPresse le 8 septembre 2023

La situation actuelle rend les réactions ordinaires à l’oppression insignifiantes. Pourquoi écrire des notes de protestation face à un pouvoir qui rend complètement superflue la vie du citoyen, de la citoyenne ordinaire ? Une répression qui ne dit pas son nom annihile l’agir citoyen dans l’espace public. Puisqu’on ne peut pas leur opposer la puissance de feux à la hauteur du climat de terreur qu’alimente le pouvoir par des actes odieux, faut-il se taire ?

L’Apueh dénonce la situation de terreur inqualifiable dont l’une des nombreuses victimes est Solon Fortunat, un professeur de mathématiques et de physique éminent et combatif qui s’est complètement mis au service de la jeunesse estudiantine. Après le rapt de sa femme, libérée contre rançon il y a une semaine à peine, voilà que le Professeur tombe [Ndlr : le 7 septembre 2023 à Port-au-Prince] dans la confusion sous des balles croisées lors d’affrontements de la police avec les bandits.

En ce triste jour, l’Apueh présente ses condoléances à la famille du regretté professeur, à ses collègues et à tous ses étudiants qui ont perdu avec lui un mentor attentif et dévoué.

Les professeurs de l’Ueh et des autres établissements vivent dans la peur quotidienne de perdre leur vie et celle de leurs proches. Quelques-uns ont emprunté le chemin de l’exil, d’autres continuent de contribuer par leur présence et leur compétence à l’avancement d’une Nation vouée à la disparition forcée ; d’autres encore sont acculés à vivre sous les tentes, sans domicile avec leur famille depuis l’assaut sur Carrefour Feuilles et d’autres quartiers de Port-au-Prince. Dans le drame général, des professeurs et leurs proches ont été victimes de kidnapping. De plus, bien avant Carrefour-Feuilles, des professeurs ont dû fuir leur maison à Pernier, Fermathe, en Plaine, etc.

Le drame que ces professeurs vivent au quotidien est silencieux et terriblement révoltant. À ce train, il est malheureusement permis d’augurer que d’autres fiers serviteurs de la jeunesse seront sacrifiés.

On dépouille, on tue, on massacre sous les yeux impassibles et même complices de ceux-là même à qui incombe la sécurité des citoyens et citoyennes. On ne sait plus qui est le traître ou le héros dans la confusion qui règne dans le pays depuis plus d’une décennie. Est-ce qu’il faut aujourd’hui parler de territoires vendus aux bandits ?

Une fois de plus, l’Apueh accuse les autorités qui se permettent d’autoriser par inaction, par omission et par incompétence le massacre des innocents. L’histoire jugera la pléiade de hauts fonctionnaires, cadres, intellectuels et professionnels de haut calibre qui se font complices des basses œuvres orchestrées dans ce pays par des bandits visiblement légalisés.

Pour l’Apueh : La coordination

John Picard Byron
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