P-au-P., 08 sept. 2023 [AlterPresse] --- Le premier ministre de facto Ariel Henry constitue le principal élément de blocage au processus de négociations, enclenché entre les actrices et acteurs haïtiens sous les auspices de la délégation de la Communauté des Caraïbes (Caricom).
Telle est la position exprimée par Jacques Ted St Dic de l’accord de Montana et l’ancien colonel Himmler Rébu, qui ont pris part aux discussions, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPresse/AlteRadio.
Le groupe Montana a clairement souligné aux émissaires de la Caricom la nécessité de négocier avec le premier ministre de facto sur les conditions de son départ, nécessaire pour la résolution de la crise, caractérisée par la terreur des gangs armés et la mauvaise gouvernance, souligne Jacques Ted St Dic.
« Il ne s’agit pas de discussions pour savoir qui va remplacer Ariel Henry au pouvoir. Mais, ce sont des discussions pour libérer le pays de ce pouvoir. Cette position a été dominante dans cette rencontre, où plusieurs acteurs et actrices, dont le Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023, le parti politique Fanmi Lavalas, et une bonne partie des signataires de la déclaration de Kingston (de juin 2023) y ont pris part ».
L’ancien colonel Himmler Rébu, qui a également participé à une rencontre avec les émissaires de la Caricom, rapporte combien les signataires de la déclaration de Kingston exigent la démission du premier ministre de facto Ariel Henry, « qui se comporte comme quelqu’un ayant hérité un pouvoir divin dans le pays ».
« Une rencontre devrait se tenir entre nous et le premier ministre de facto Ariel Henry, dans l’après-midi du jeudi 7 septembre 2023. Au lieu de se présenter à la rencontre, Ariel Henry a délégué ses alliés de l’accord du 21 décembre (2022). C’est ce refus de discuter avec les signataires de la déclaration de Kingston, qui a causé l’échec partiel des négociations, comme cela avait été le cas à la Jamaïque en juin 2023 et à Port-au-Prince en juillet 2023 ».
Si Ariel Henry ne participe pas aux négociations, on s’achemine vers un nouvel échec, comme ce fut le cas lors du sommet en Jamaïque en juin 2023 et en Haïti au mois de juillet 2023, prévient Jacques Ted St Dic.
« Nous dénonçons le refus du premier ministre de facto de participer à des négociations face à face. Nous ne voulons pas de négociations par personnes interposées. L’acteur principal, avec qui nous voulons négocier, c’est Ariel Henry. C’est lui le principal élément du problème. Toutes les négociations doivent être directes avec lui. Or, il refuse de négocier ».
« Le moment ne nécessite pas de négociations politiques pour le partage du pouvoir. Le moment exige la mise en place d’un gouvernement de sauvetage national pour empêcher que le train de la mort continue à balayer le pays et le reste de la population », insistent les signataires de l’accord de Montana.
Les représentantes et représentants de l’accord du 21 décembre 2022 ont, tout de même, répondu à l’appel de la délégation de la Caricom pour la rencontre, qui devrait se tenir le jeudi 7 septembre 2023.
La rencontre n’a pas eu lieu à cause de l’absence du premier ministre de facto. La présence d’Ariel Henry à ces discussions était la condition posée par les signataires de la déclaration de Kingston, apprend-on.
Les signataires de l’accord du 21 décembre 2022, solidaires d’Ariel Henry
Les signataires de l’accord du 21 décembre 2022 se disent solidaires du premier ministre de facto, tout en dénonçant des secteurs qui sèmeraient la terreur dans le pays à travers des alliances pour maintenir la population dans la criminalité.
Dans une note, authentifiée par l’ancienne sénatrice Edmonde Supplice Beauzile et l’ancienne ministre à la condition féminine Marjorie Michel, ils dénoncent des secteurs, sans les nommer, qui voudraient créer un chaos dans le pays, à travers des actes de violences et une campagne de manipulation.
Aucune autre rencontre n’est prévue entre les protagonistes haïtiens et les émissaires de la Caricom, qui doivent quitter le pays au terme de leur mission, le dimanche 10 septembre 2023.
La délégation de la Caricom est entrée au pays le lundi 4 septembre 2023, afin de jouer le rôle de médiatrice dans le cadre d’un troisième round de discussions avec les protagonistes haïtiens, afin de faciliter un accord de sortie de crise.
En Jamaïque, du dimanche 11 au mardi 13 juin 2023, rien de concret n’était sorti des échanges entre plus d’une cinquantaine de représentantes et de représentants de partis politiques et de la société civile.
Toutes les parties se seraient accrochées à leurs idées et pistes de résolution de la crise multidimensionnelle, selon les informations disponibles.
Un document a été élaboré, le 13 juin 2023, à la fin des pourparlers inter-haïtiens de 3 jours en Jamaïque.
Selon cette déclaration, les parties se seraient mises d’accord sur le rétablissement d’un pouvoir exécutif bicéphale, dont un collège présidentiel et un premier ministre à la tête d’un gouvernement d’unité nationale.
Ce document prévoit aussi la mise en place d’un comité de suivi, intégrant, entre autres, des membres de la Communauté des Caraïbes (Caricom). [ppsf emb rc apr 08/09/2023 15:00]