P-au-P., 05 sept. 2023 [AlterPresse] --- La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) [1] condamne la multiplication des persécutions contre les migrantes et migrants haïtiens en République Dominicaine, dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Les divers appels, lancés par des organisations nationales et inter nationales pour forcer la République Dominicaine à respecter les droits des personnes migrantes, sont restés sans effets, critique la plateforme Garr.
Principales cibles des opérations de chasse menées par la migration dominicaine, les personnes migrantes originaires d’Haïti continuent de vivre dans l’inquiétude constante en territoire voisin.
« Enfants, femmes enceintes et allaitantes, personnes de troisième âge, étudiantes et étudiants, artistes, écrivains, résidentes et résidents des bateyes, sont traqués quotidiennement, en tout lieu et à toute heure, pour être placés en détention, en dépit du fait que certains sont en règle avec les lois de l’immigration dominicaine ».
« Cette chasse dirigée contre les migrantes et migrants haïtiens participe à un vaste réseau de corruption, qui extorque de l’argent aux victimes avec promesse de leur faire sortir de la détention », relève la plateforme Garr, citant un article publié, le samedi 26 août 2023, dans le journal dominicain Listin Diario.
Les criminels vont jusqu’à exiger entre 2,000 et , 000 pesos dominicains (US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 146.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 100.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.50 gourdes aujourd’hui) par personne, ajoute-t-elle.
La plateforme Garr appelle à nouveau l’État dominicain à protéger les migrantes et migrants haïtiens présents sur son territoire, comme l’exigent les accords et conventions internationaux, tout en garantissant tous leurs droits fondamentaux.
Elle exhorte l’État haïtien à veiller activement au respect des droits de ses ressortissantes et ressortissants en République Dominicaine, « avec une attention spéciale pour les catégories vulnérables, telles que les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants, qui sont victimes régulièrement d’actes de violence et de pratiques humiliantes de la part des agents et militaires impliqués dans les opérations migratoires ».
15 mille 973 migrantes et migrants haïtiens en provenance de la République Dominicaine, ont été rapatriés vers Haïti, du 1er au 30 avril 2023, a dénombré la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés.
Elle invite les autorités haïtiennes à agir d’arrache-pied pour apporter une solution à la crise actuelle en Haïti, qui engendre le départ massif des Haïtiennes et Haïtiens vers la République Dominicaine.
Les actes de criminalités incluant le kidnapping ne cessent point d’être multipliés dans le pays, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, où les gangs armés continuent d’étendre leurs territoires, en tuant des citoyennes et citoyens, et en incendiant leurs maisons et biens.
Recrudescence des actes de violences contre les migrantes et migrants haïtiens
La plateforme Garr relève un accroissement des maltraitances et d’autres pratiques indignes, à l’encontre des ressortissantes et ressortissants haïtiens, par des agents détenteurs de la force publique en territoire dominicain.
Cette intensification des violations des droits des migrantes et migrants haïtiens est constatée depuis les mesures de durcissement des politiques migratoires, adoptées par la République Dominicaine en novembre 2022, notamment avec l’adoption du décret 668-22.
Elle relate plusieurs faits témoignant de la montée des actes de violences contre les migrantes et migrants haïtiens comme les attaques racistes et brutales, le 24 juin 2023, sur le citoyen dominicain Fausto Taveras, parce qu’il aurait ressemblé à un ressortissant Haïtien, et la mort suspecte de 13 ressortissants haïtiens sur la route de Valverde.
La noyade d’un migrant haïtien dans la rivière Ozama, sous le regard indifférent des agents qui le pourchassaient et celui des autres personnes filmant la
scène et la mort, au cours du mois d’août 2023, de la ressortissante haïtienne Jesula Vixamar à Platanal (Santiago de Los Caballeros / Nord de la République Dominicaine), après avoir été touchée par une balle tirée par un militaire dominicain, figurent parmi les faits signalés par la plateforme Garr.
Elle cite aussi la mort d’un ressortissant haïtien, dénommé Ylrick, qui a été renversé sciemment par des agents de la migration circulant à bord d’une voiture, le lundi 28 août 2023 à Jimani (non loin de la frontière Malpasse/Malpaso). [emb rc apr 05/09/2023 12:35]
[1] La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) regroupe la Commission épiscopale nationale (catholique romaine) Justice et Paix (Ce-Jilap), le Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed), le Sant ekimenik pou devlopman ak edikasyon popilè (Sedep), Sant Pon Ayiti, Sant Karl Lévêque (Skl), World Vision Haiti, l’Observatoire haïtien de la justice (Ohj), Rasanbleman Jèn Savanèt (Rajes)