P-au-P., 04 sept. 2023 [AlterPresse] --- La nouvelle mission de la Communauté des Caraïbes (Caricom), qui séjourne, du lundi 4 au dimanche 10 septembre 2023, en Haïti, en vue de tenter de trouver une solution à la crise, sera un échec, augurent le parti politique Rasanbleman sosyalis pou yon inisyativ nasyonal tou nèf (Rasin kan pèp La), l’organisation haïtienne de promotion des droits humains et de la gouvernance démocratique Jurimédia et l’organisation Tèt kole ti peyizan ayisyen, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Les nouveaux pourparlers entre les protagonistes haïtiens, sous les auspices de la Caricom, ne vont aboutir à rien, dans la mesure où les leviers pour lutter contre la crise se trouvent entre les mains des Américains, analyse le porte-parole du parti politique Rasin kan pèp la, Camille Chalmers.
« Je ne pense pas que la Caricom possède les leviers et les moyens pour débloquer la situation. Elle est un acteur mineur dans la crise haïtienne, contrôlée par des acteurs majeurs de l’impérialisme américain », souligne le parti politique Rasin kan pèp la, tout en saluant, tout de même, l’initiative de la Caricom et la bonne volonté de certains des États membres.
« Le problème est mal abordé. Principalement, le blocage de la situation d’Haïti n’est pas au niveau des actrices et acteurs haïtiens, ni de celles et ceux de la Caricom. Le problème, c’est le gouvernement et l’establishment américains et leurs aillés en Haïti, qui veulent que la transition soit dirigée exclusivement par Ariel Henry, qu’ils ont placé au pouvoir, en violation de la Constitution de 1987, pour assurer la continuité du Parti haïtien tèt kale (Phtk) ».
Le gouvernement de facto, dirigé par Ariel Henry, développe un rapport étroit avec les gangs armés et utilise la violence armée contre la population pour se maintenir et se reproduire à la tête du pouvoir politique, dénonce le parti politique Rasin kan pèp la, rejetant l’hypothèse selon laquelle ce seraient les Haïtiennes et Haïtiens qui ne pourraient pas s’entendre autour d’une proposition commune.
Cette nouvelle série de discussions entre les actrices et les acteurs haïtiens est vouée à l’échec, de l’avis de l’organisation haïtienne de promotion des droits humains et de la gouvernance démocratique Jurimédia, interrogée par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Depuis plus d’un an, la Caricom ne cesse point de rencontrer les mêmes actrices et acteurs, alors que la crise continue de s’aggraver, relève le directeur exécutif de Jurimedia, Abdonel Doudou, appelant à changer de méthode.
« Les mêmes causes produisent les mêmes effets », soutient Jurimédia, qui préconise la mise en place de ce qu’il appelle « un conseil arbitral de recherche d’un accord unique pour la transition ».
Jurimédia se réfère à la proposition, qu’il avait faite à travers une pétition lancée le 18 novembre 2021.
« On a beaucoup essayé de discuter sous la médiation de la Caricom. Aucune solution n’a été trouvée. Pourquoi continue-t-on à répéter les mêmes erreurs ?, se demande Abdonel Doudou, précisant combien l’organisation Jurimedia n’a pas été invitée à prendre part à ces discussions.
« Puisqu’aucune des parties n’a la solution consensuelle pour permettre au pays de sortir de la crise, il convient de trouver un mécanisme fédérateur, qui puisse équilibrer les intérêts et pallier la polarisation à outrance de l’échiquier politique haïtien », propose Jurimédia.
De son côté, le coordonnateur de l’organisation Tèt kole ti peyizan ayisyen, Origene Louis, appelle à un soulèvement populaire pour faire échec au « plan de la communauté internationale, qui continue de manigancer pour maintenir la population haïtienne dans la crise ».
« Aucune solution ne va être trouvée dans cette énième mission de la Caricom dans le pays. Toute solution trouvée sera au profit de la communauté internationale et ses alliés au détriment du peuple » prévient l’organisation Tèt kole ti peyizan ayisyen.
Ce n’est pas la première mission de la Caricom dans le pays. Ce ne sera pas la dernière du genre, souligne l’organisation Tèt kole ti peyizan ayisyen, regrettant c combien ce sont des étrangers qui planifient « nos malheurs » avec la complicité de certains compatriotes.
Aucune solution n’a été trouvée lors d’une rencontre organisée, en Jamaïque, par la Communauté des Caraïbes (Caricom), les dimanche 11, lundi 12 et mardi 13 juin 2023.
En visite en Haïti, en juillet 2023, une délégation de la Caricom, composée de trois anciens premiers ministres, Bruce Golding de la Jamaïque, Perry Christie des Bahamas et Kenny Anthony de Sainte Lucie, a discuté avec le premier ministre de facto Ariel Henry et plusieurs protagonistes politiques, de la société civile et des représentants du secteur privé, sur la crise, sans parvenir à un consensus véritable.
Le troisième round de négociations de septembre 2023 devrait se dérouler sur des plusieurs dossiers phares, dont la recomposition du Haut conseil de la transition (Hct), la réforme constitutionnelle, la crise sécuritaire et la formation d’un gouvernement de salut public, suivant les informations disponibles. [ppsf emb rc apr 04/09/2023 16:10]