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Éducation : La Cneh et l’Unnoeh exigent des dispositions sécuritaires avant la réouverture des classes 2023-2024 en Haïti

P-au-P, 04 sept. 2023 [AlterPresse] --- La Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (Cneh) et l’Union nationale des normaliennes et normaliens, des éducatrices et éducateurs haïtiens (Unnoeh) exigent des autorités haïtiennes des mesures appropriées, afin de ramener la sécurité et la paix, avant la réouverture des classes, initialement prévue pour le lundi 11 septembre 2023, dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.

Le gouvernement de facto devrait d’abord privilégier le droit à la vie, le droit à la sécurité et ensuite le droit à l’éducation, recommande la coordonnatrice de la Cneh, Rose Thérèse Magalie Georges, qui demande aux autorités de tenir compte surtout des enfants déplacés, qui ont droit à l’éducation.

« Les citoyennes et citoyens n’ont pas à se conformer à la crise sécuritaire », souligne la Cneh, encourageant la population à forcer le gouvernement de facto à prendre ses responsabilités pour instaurer la sécurité et la paix.

Plusieurs écoles sont converties en centres d’hébergement pour les personnes déplacées internes, qui ont fui la violence des gangs armés dans plusieurs zones de la capitale, Port-au-Prince, notamment à Carrefour Feuilles (banlieue sud-est de Port-au-Prince), signale la Cneh.-

« Le Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mcit) et celui de la défense, qui ont pour tâches d’assurer la sécurité nationale et le droit à la vie, les Forces armées d’Haïti (Fad’h) et la Police nationale d’Haïti (Pnh) devraient travailler corps et âme pour permettre la reprise de la vie sociale ».

De son côté, interrogée également par la plateforme AlterPresse/AlterRadio, l’Unnoeh critique l’attitude du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), qui voudrait maintenir la réouverture des classes, le lundi 11 septembre 2023, sans adopter les dispositions adéquates devant permettre aux enfants, enseignantes et enseignants de pouvoir s’y rendre en toute sécurité.

« La majorité des écoles publiques dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, ne sont pas encore prêtes pour la réouverture des classes. Beaucoup d’entre elles sont occupées par des victimes, qui ont perdu leurs maisons, leurs biens, dans les attaques violentes de gangs armés », regrette le coordonnateur de l’Unnoeh, Kensone Délice.

« En plus de l’insécurité, de l’inflation galopante et de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain, beaucoup de parents ont vu leur pouvoir d’achat diminuer considérablement. L’État n’accorde aucun support aux parents vulnérables ».

Les bandits armés continuent de s’accaparer des territoires, au jour le jour, forçant enfants, parents, enseignantes et enseignants à s’enfuir, dénonce l’Unnoeh, fustigeant la passivité du gouvernement de facto face à la détérioration accélérée du climat sécuritaire.

24 centres scolaires publics et privés servent d’abris provisoires pour les personnes déplacées

3,100 enfants et jeunes se sont réfugiés dans 24 centres scolaires publics et privés, situés dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, suite aux violences des gangs armés, ces derniers jours, a relevé le Menfp, dans une première évaluation, en date du 30 août 2023, relative à l’identification des élèves et professeurs déplacés.

Cette évaluation fait suite à la récente mise en place, par le Menfp, d’une commission chargée de travailler sur les registres des écoles, qui servent d’abris temporaires, et d’identifier les élèves et professeurs déplacés.

La commission ad hoc du Menfp a également pour tâches de formuler des propositions et alternatives, qui favoriseraient la reprise des activités scolaires dans les centres scolaires qui servent d’abris temporaires.

Le Menfp souhaite la protection des bâtiments, du matériel et des archives des écoles qui abritent ces personnes déplacées.

La mise en place de cette commission ad hoc, pour étudier la situation des élèves et professeurs déplacés, est tardive, reproche la Cneh.

« Le problème de la criminalité devrait déjà être résolu, car ce n’est pas une situation sécuritaire spontanée. Depuis l’année 2018, les autorités ont été alertées sur la dégradation sécuritaire qui affecte le fonctionnement de l’éducation », souligne-t-elle.

Une simple commission ne peut pas résoudre la crise sécuritaire. Elle traduit la mauvaise foi du Menfp, considere l’Unnoeh, qui rappelle combien, depuis plus de deux ans, beaucoup d’écoles à Martissant et à Fontamara (zones situées au sud de la capitale) sont dysfonctionnelles, en raison de la violence des gangs armés.

Sur le plan pédagogique, le Menfp ne prend aucune disposition pour encadrer les enseignantes et enseignants. Il n’organise pas, pour eux, de séances de formation avant la rentrée des classes, déplore-t-elle.

La non prise en compte, par le Menfp, des revendications des syndicats enseignants, pendant plusieurs mois, avait provoqué, entre avril et mai 2023, des mobilisations enseignantes, incluant arrêts de travail, à travers les dix départements géographiques d’Haïti.

Cette mobilisation enseignante visait à réclamer de meilleures conditions de travail pour les enseignantes et enseignants, leur nomination ainsi que le paiement de leurs arriérés de traitements.

La prochaine rentrée des classes est programmée pour le lundi 11 septembre 2023, dans le nouveau calendrier scolaire de l’année académique 2023-2024, publié le mercredi 21 juin 2023 par le Menfp.

Les classes fonctionneront en Haïti du lundi 11 septembre 2023 au vendredi 28 juin 2024, suivant ce calendrier du Menfp, qui comprend quatre périodes de contrôle, dont la première est prévue du 25 au 31 octobre 2023.

191 jours de classes, totalisant 955 heures d’enseignement pour le cycle fondamental et 1,146 heures pour le cycle secondaire, sont prévus dans ce nouveau calendrier scolaires, durant lequel sont annoncés 12 jours de congé pour les élèves.

D’aucuns s’inquiètent et se demandent comment il pourrait y avoir une rentrée effective des classes, le 11 septembre 2023, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, sous contrôle des gags armes, qui continuent de terroriser, en toute impunité, les habitantes et habitants contraints de se déplacer de leurs domiciles pour tenter de se réfugier ailleurs.

Au cours de l’année académique 2022-2023, le climat de terreur, instauré, en toute impunité, par les gangs lourdement armés, a perturbé le fonctionnement des écoles.

La branche en Haïti du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a signalé avoir enregistré neuf fois plus de violence armée contre les écoles en douze mois (de février 2022 à janvier 2023), sur le territoire d’Haïti, dans une alerte rendue publique début février 2023.

Parmi les actes de violence armée contre les écoles dans le pays, Unicef Haïti mentionne les fusillades, les saccages, les pillages et les enlèvements.

La montée de la violence dans les zones urbaines a contraint à la fermeture de 30 écoles, au cours des six premiers jours de classes du mois de février 2023, a insisté Unicef Haïti. [emb rc apr 22/06/2023 10:15]