P-au-P., 28 août 2023 [AlterPresse] --- Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh) appelle à équiper la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour stopper la progression des gangs armés en Haïti, dans l’attente d’une force internationale d’accompagnement et de renforcement, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Le Cardh recommande au gouvernement de facto et à la coopération internationale de donner urgemment des moyens adaptés et adéquats à la Pnh, et d’activer les forces armées pour limiter la progression des gangs armés.
Par ailleurs, il pointe du doigt la responsabilité des autorités policières et judiciaires et celle du pasteur Marcorel Zidor dans l’assassinat, dans l’après-midi du samedi 26 août 2023, à Canaan, de plusieurs adeptes qui participaient à une marche visant à déloger le gang de la zone dirigé par Jeff, allié des gangs 5 segonn et de Gran Ravin.
Avec des piques, des machettes et des bâtons, des centaines de fidèles de « l’église évangélique piscine de Bethesda », dirigée par Zidor, ont été pris en sandwich par les bandits, qui ont ouvert le feu sur eux à Rosemberg (au nord de Port-au-Prince).
Des vidéos, devenues virales sur les réseaux sociaux, montrent plusieurs de ces adeptes gisant dans leur sang ainsi que beaucoup de personnes blessées par balles.
Un nombre indéterminé d’autres personnes ont été séquestrées par le gang de Canaan.
« Ce carnage est symptomatique de l’incapacité de l’État à protéger ses citoyennes et citoyens en détresse », déplore le Cardh estimant que les autorités judiciaires et policières des communes concernées devaient empêcher la manifestation par tous les moyens, puisque celle-ci a été annoncée publiquement.
« Au-delà des problèmes internes, la Police nationale est une force de sécurité au rabais, avec environ 3,000 policieres et policiers pour des tâches de sécurité pour 12 millions d’habitantes et d’habitants, sans hélicoptères, sans technologies de pointes, sans drones appropriés (furtifs et équipés) »...
Le Cardh s’en prend également à la communauté internationale, qui serait « en mode promesses »...
« Les politiques seraient surtout dans un stratagème de prise ou de contrôle de pouvoir, soit par le fait que deux ans après l’assassinat de (Jovenel) Moïse, le pays n’a toujours pas de président, ou en perspective des prochaines élections…. Les gangs en profitent pour se renforcer : conquête de territoires, revanche sur la population qui avait recouru au mouvement Bwa Kale ».
Du 24 avril au 24 août 2023, 270 membres de gangs ont été exécutés dans huit départements du pays, dans le cadre du mouvement Bwa Kale en Haïti, a dénombré le Centre d’analyse et de recherche en droit humains.
204 ont été tués dans l’Ouest, 38 dans l’Artibonite, 17 dans la Grande Anse, 5 dans le Plateau central,2 dans le Sud-Est, 2 dans le Nord-Est, 1 dans le Sud, 1 dans le Nord.
Plusieurs milliers de personnes continuent d’abandonner leurs domiciles face à la terreur persistante des gangs armés dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite.
Dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 août 2023, de nouvelles tensions ont été provoquées par les gangs armés à l’avenue Martin Luther King plus connue sous le nom de Nazon, à Christ Roi, Solino, Carrefour Feuilles (sud-est), Croix-des-Bouquets, Tabarre, et Delmas (nord-est).
De janvier à la fin du mois d’août 2023, 712 personnes ont été tuées soit par balles, soit calcinées, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dans les violences des gangs armés, a relevé la Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et Paix (Ce-Jilap).
Du 1er au 25 août 2023, près d’une centaine de personnes ont été assassinées, signale la Ce-Jilap, relevant qu’au moins trois personnes sont tuées par jour dans ces violences armées. [emb rc apr 28/08/2023 14:00]