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Haïti-Criminalité : 712 homicides enregistrés à Port-au-Prince depuis janvier 2023, selon la Ce-Jilap

P-au-P., 25 août 2023 [AlterPresse] --- 712 personnes ont été tuées soit par balles, soit calcinées, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dans la terreur des gangs armés, de janvier à la fin du mois d’août 2023, indique la Commission épiscopale nationale (catholique romaine) Justice et Paix (Ce-Jilap), lors d’une conférence de presse donnée le vendredi 25 août 2023, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Du 1er au 25 août 2023, 94 personnes ont été assassinées, dénombre la Ce-Jilap, relevant qu’au moins trois personnes sont tuées par jour dans des actes de violences, perpétrées par les bandits armés dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Selon le rapport de monitoring des victimes de la Ce-Jilap, 163 personnes ont été assassinées pendant le mois de mars, 166 au cours d’avril, 106 au mois de mai et en moyenne entre 44 et 50 pour les autres mois de l’année en cours à savoir janvier, février, juin et juillet 2023.

« Si nous considérons ces données, qui ne sont pas tout à fait exhaustives, nous pouvons dire que l’année 2023 est une année difficile et meurtrière, compte tenu du nombre d’élèves victimes des actes de violences », analyse la directrice nationale de la Ce-Jilap, Jocelyne Colas.

En plus des actes d’assassinats au quotidien, la Ce-Jilap déplore la situation des citoyennes et citoyens, qui sont contraints de laisser leurs domiciles avec la fureur des gangs armés qui tuent, violent et incendient, en toute impunité, des maisons.

« Nous ne sommes pas en mesure de fournir des données sur le nombre de citoyennes et citoyens, qui ont fui leurs maisons pour tenter de se protéger des gangs armés. Toutefois, ce dont nous sommes certains, ce sont des centaines de milliers de compatriotes dépossédés de leurs biens, qui dorment dans la rue et qui ne peuvent pas retourner dans leurs domiciles sous le contrôle des gangs ».

« C’est une situation sans nom que le pays est en train de vivre sur le plan de la sécurité physique, sans compter le nombre de personnes qui ne peuvent pas manger à leur faim. A cela, s’ajoutent les difficultés des citoyennes et citoyens pour se déplacer sur le territoire national et vaquer à leurs activités quotidiennes », poursuit-elle.

Malgré ce triste tableau, le gouvernement de facto ne fait montre d’aucune volonté pour travailler avec les actrices et les acteurs nationaux, afin de mettre un terme à la situation intenable que vit la population, regrette la Ce-Jilap.

Depuis plusieurs jours, le climat de terreur s’est davantage intensifié, en toute impunité, dans toute la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, en dépit des consignes, qui ont été passées par le Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), à la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour intervenir sur tout le territoire de la république, pour protéger la population.

Plusieurs milliers de personnes continuent d’abandonner leurs domiciles avec la terreur persistante des gangs armés dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite.

Dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 août 2023, de nouvelles tensions ont été provoquées par les gangs armés à l’avenue Martin Luther King, plus connue sous le nom de Nazon, à Christ Roi, Solino, Carrefour Feuilles (sud-est), Delmas, Croix-des-Bouquets et Tabarre (nord-est).

Plus de 2,400 personnes ont été tuées en Haïti depuis le début de l’année 2023, selon un décompte de l’Organisation des Nations Unies (Onu), publié le vendredi 18 août 2023, dans le cadre d’un briefing à Genève en Suisse.

Pour une réponse haïtienne en guise de sortie de crise

Seule une réponse haïtienne pourrait permettre de trouver une solution au climat de terreur imposée par les bandits armés, considère la Commission épiscopale nationale Justice et Paix.

« Tous les exemples sont là. Le pays a connu plus de neuf (9) missions internationales, qui ont tenté de garantir un climat de sécurité et de paix dans le pays. Elles ont toutes échoué. La criminalité s’accentue davantage dans le pays », rappelle la Ce-Jilap.

Pour établir à travers le pays un minimum de sécurité générale, favorisant la libre circulation de toutes et tous partout sur tout le territoire du pays, la Police nationale d’Haïti (Pnh) devrait disposer de moyens pertinents, avec un appui technique extérieur, afin d’assurer la sécurité des grands axes routiers, la sécurité des ports, aéroports, argue la Ce-Jilap.

« Il faut aussi une justice fonctionnelle jouissant d’une indépendance suffisante permettant aux juges de rendre leurs décisions en leur âme et conscience, et selon la loi ». [ppsf emb rc apr 25/08/2023 14:35]