P-au-P., 24 août 2023 [AlterPresse] --- Élaborer un annuaire numérique des nouveaux médias (agences en ligne, blogs, réseaux sociaux), dans les départements géographiques de l’Ouest, de l’Artibonite et du Plateau central, est l’initiative importante que se propose de mettre en œuvre le Groupe médialternatif (Gm) et l’Association haïtienne des médias en ligne (Ahml), selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Dans un pays comme Haïti, où l’information de qualité reste un grand défi (volonté, moyens, capacité et compétences), la mise en place d’un annuaire numérique des nouveaux médias constitue « une action stratégique ».
Ce document se veut une réponse à un besoin urgent, dans le contexte de développement des médias en Haïti, alors que l’on avance petit à petit dans la révolution technologique, analyse le coordonnateur du Gm, Gotson Pierre.
Cela permettra de mieux connaître les canaux, qui prennent davantage de place au niveau d’une partie du public, en termes de diffusion de l’information, fait-il remarquer.
« Trop souvent, les statistiques, montrant le rythme du développement technologique et toutes les possibilités qu’elles offrent, pour assurer une bonne circulation de l’information, ne correspondent pas au niveau de qualité de l’information mise à disposition (du public) à travers les médias », déplore Gotson Pierre.
Le projet de la réalisation de l’annuaire numérique des nouveaux médias a été signé, le mardi 22 août 2023, par le Gm et l’Ahml, à travers les projets Jèn Yo La et Konbit pou Bon Jan Demokrasi.
L’annuaire numérique des nouveaux médias se veut une solution durable à l’absence d’une base de données exhaustives concernant les nouveaux médias.
Il se veut aussi une réponse aux préoccupations des actrices et acteurs de la presse et des médias sur le pullulement des nouveaux médias, dans la mesure qu’il fournira des informations comme appellations, adresses, responsables, propriétaires, légalité, membres d’associations de médias ou pas, structures rédactionnelles, nombre de journalistes (désagrégation par sexe), sujets généralement couverts, site Internet, présence sur les réseaux sociaux, sources de financement pour chaque media.
La signature de ce protocole de collaboration s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des projets Jèn Yo la et Konbit pou Bon Jan Demokrasi, supportés par le secrétariat des Nations unies pour la consolidation de la paix, l’Union européenne (Ue) et l’Organisation internationale de la francophonie (Oif).
Actrice importante dans la réalisation de l’annuaire numérique, l’Association haïtienne des médias en ligne envisage de produire avec les partenaires un document-outil de référence, adressant un besoin fondamental identifié au niveau du secteur de la presse et des médias en Haïti : la carence d’une base de données fiable sur les nouveaux médias, signale le coordonnateur de l’Ahml, Godson Lubrun.
« C’est le début d’un vaste chantier pour l’ensemble de l’écosystème numérique en Haïti ».
Cette initiative vise à collecter des données chiffrées sur les nouveaux médias, fait savoir Godson Lubrun, qui a présenté la méthodologie de l’enquête.
Il s’agit aussi de savoir qui dirige quelle plateforme, sa ligne, les sources de financement, les sujets traités au niveau de ses plateformes vers une régulation du secteur.
Les véritables besoins de la population en matière d’informations
La population a besoin de savoir, elle doit comprendre, affirme Gotson Pierre.
Elle a besoin de savoir en détail ce qui se passe dans les différents domaines qui concernent sa vie. Et cela se fera grâce à des informations journalistiques vérifiées sur tout ce qui se passe, allant du prix des produits sur le marché aux plus grandes décisions politiques prises, influencées par divers aspects sociaux et culturels, tels que l’école, l’hôpital, la médecine, la situation sanitaire, les infrastructures du quartier, les besoins de la communauté, la sécurité, la justice, la production culturelle, les traditions du pays, etc., continue-t-il.
Gotson Pierre souligne aussi la nécessité pour les médias de participenr à la compréhension de la population des causes et des conséquences des événements, qui façonnent le présent et le futur.
« La population doit connaître les causes de la vie chère, des décisions politiques prises par les dirigeants, les causes du déclin de l’éducation, les causes qui font de la santé soit un luxe… pourquoi il n’y pas d’intervention dans les quartiers pour répondre aux besoins des communautés, les causes de la violence, de la criminalité et de l’impunité, entre autres ».
« La population a aussi besoin de connaître les œuvres des artistes et des productrices et producteurs culturels. Il a besoin de savoir d’où les artistes puisent l’inspiration et l’inspiration, mais aussi les causes qui menacent les traditions »...
Tout cela participe de la responsabilité sociale et du rôle des médias, explique Gotson Pierre.
Selon lui, lorsque ces préoccupations guident, entre autres, les journalistes et les médias dans le travail de l’information, et lorsqu’ils respectent les méthodes et principes du journalisme, « nous sommes dans une démarche d’information diversifiée et de qualité, contextualisée avec des rappels nécessaires, où les contradictions, les cohérences et les incohérences sont soulignés ».
Avec l’évolution des technologies, les médias et les journalistes doivent garder « cet Adn », afin de contribuer à aider les citoyennes et les citoyens à prendre des décisions judicieuses et éclairées pour leur vie et pour l’avenir du pays, insiste-t-il.
« Nous ne pourrons pas construire l’avenir avec des informations de spectacle, des informations à sensation, des informations en veux-tu en voilà, des informations manipulées, des informations commandées, des informations irresponsables, des informations sans éthique ».
Fort de cela, Gotson Pierre considere combien le développement de la technologie peut permettre aux journalistes et aux médias de faire des merveilles, compte tenu de tout le potentiel et du pouvoir dont ils disposent. [ppsf emb rc apr 24/08/2023 12:30]