P-au-P, 24 août 2023 [AlterPresse] --- Une éventuelle force d’intervention en Haïti devrait aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) « à devenir plus performante, plus adaptée, plus en mesure de remplir sa mission de protéger et servir », a souhaité le haut commandement de la Pnh, lors d’une réunion avec la délégation kenyane, le mardi 22 août 2023, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Lors d’une rencontre avec le premier ministre de facto Ariel Henry, le mercredi 23 août 2023, le haut commandement de la Pnh a fait un débriefing de la journée de travail, qu’il a eue avec la délégation kenyane de 10 membres, présidée par l’ambassadeur Georges Orina, en visite en Haïti du dimanche 20 août au mercredi 23 août 2023.
Cette force « ne sera pas là pour remplacer la Police nationale ni pour effectuer son travail », avait déclaré le haut commandement de la Pnh, lors de la réunion du 22 août 2023, déroulée autour du support kenyan qui devrait être apporté pour le renforcement de la Pnh et son adaptation aux nouvelles formes de criminalité en Haïti.
Cette journée de travail a permis au haut commandement de la Pnh d’exprimer son attente, par rapport à l’aide qui devrait lui être fournie pour le renforcement de l’institution policière.
La Pnh a souligné l’utilité de la première visite de la délégation kenyane, qui devrait prendre le leadership de l’aide à la Police nationale.
Cette visite a permis à toutes les parties de dégager une compréhension commune de la mission, dit-elle.
Le haut commandement de la Pnh s’est également réjoui que « la police haïtienne soit présente à toutes les phases de la préparation de la mission et dans la réflexion pour la meilleure articulation possible, afin d’obtenir des résultats qui, dès les premiers moments, changeront la vie de la population et leur permettront de recouvrer leur liberté de circuler et d’habiter tranquillement leurs quartiers ».
Il demande à ce que cette aide contribue à la formation d’unités d’intervention au sein de l’institution, afin qu’elle puisse faire face aux défis sécuritaires de plus en plus nombreux et garantir la stabilité du pays.
Le gouvernement de facto avait sollicité, depuis le vendredi 7 octobre 2022, auprès de la communauté internationale, l’envoi d’une force armée spécialisée en quantité suffisante pour le soutenir dans la lutte contre les gangs armés en Haïti.
Le 29 juillet 2023, le gouvernement du Kenya a souhaité assurer le commandement d’une force multinationale mandatée par l’Organisation des Nations unies (Onu), en vue de rétablir la sécurité en Haïti.
Après le Kenya, plusieurs autres pays, comme Antigua et Barbuda, Jamaïque et Bahamas, ont proposé de déployer des troupes en Haïti.
Entre-temps, plusieurs milliers de personnes ont été contraintes, ces derniers jours, d’abandonner leurs demeures, dans diverses zones du département de l’Ouest et de l’Artibonite, pour échapper à la terreur des gangs armés.
Plus de 2,400 personnes ont été tuées en Haïti depuis le début de l’année 2023, selon a indiqué, le vendredi 18 août 2023, l’Organisation des Nations Unies (Onu), dans le cadre d’un briefing à Genève en Suisse.
Une situation de terreur est provoquée simultanément par plusieurs foyers de gangs à travers plusieurs zones de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et du département de l’Artibonite, comme Savane Pistache, Caradeux, Vivy Mitchell, Solino, Tapage Dumay, Lilavois, Morne à cabris, Liancourt, La Croix Périsse, Moreau-Peigne, note la Pnh.
Cette campagne de terreur, orchestrée par des bandits armés dans l’objectif de troubler l’ordre et la paix publics, a paralysé le bon fonctionnement des activités et la libre circulation de paisibles citoyennes et citoyens, reconnait-elle.
Face à cette situation, la Pnh indique avoir mené plusieurs opérations, dans les zones précitées, pour contrecarrer les actes de banditisme et rétablir la paix et la tranquillité publiques.
Des dispositions ont été prises aux fins de mobiliser l’ensemble des effectifs des unités spécialisées pour renforcer la capacité opérationnelle de l’institution policière et intensifier les opérations de démantèlement, promet-elle.
Elle demande à la population « de rester vigilante et de communiquer, en temps réel, toutes informations pouvant aider les unités engagées sur le terrain à mener des opérations plus efficaces, en vue de mettre hors d’état de nuire tous ces prédateurs de l’ordre public ».
« Des consignes très claires ont été passées à la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour intervenir, de façon décisive, sur tout le territoire de la république, pour protéger la population qui, en aucune manière, ne devrait abandonner ses lieux de vie aux bandits », annonce le Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), dans une note tardive, publiée le mardi 22 aout 2023, dix jours après les attaques violentes des bandits contre la population de Carrefour Feuilles.
Le Mjsp appelle la population à fournir, aux policières et policiers engagés sur le terrain, des informations sur la configuration des quartiers, qui pourraient leur permettre de prendre les meilleures décisions et de développer les meilleures stratégies.
Comme dans ses notes des 6 et 8 mars 2023, le Mjsp déclare à la population « qu’elle a un devoir de résistance, que la dénonciation de criminels relève du devoir civique, comme le précise l’article 52-1 de la Constitution de la république en vigueur concernant les obligations du citoyen vis-à-vis de l’État et de la patrie ». [emb rc apr 24/08/2023 11:05]