Español English French Kwéyol

Haïti-Criminalité : La nouvelle coordonnatrice de la Sofa encourage toutes et tous à se défendre contre les bandits armés

P-au-P., 23 août 2023 [AlterPresse] --- La nouvelle coordonnatrice générale de la Solidarite fanm ayisyèn (Sofa), Mergina Fleurima, appelle des citoyennes et citoyens à se défendre contre les bandits armés qui tentent de prendre en otage leurs zones de résidence.

« Nous ne pouvons laisser un groupe armé terroriser la population, Il nous revient de prendre notre destin en main », lâche-t-elle dans une interview à la presse, en marge de la cérémonie d’installation, le vendredi 18 août 2023, des membres du nouveau comité de coordination nationale de la Sofa, couverte par AlterPresse.

Dans la droite ligne du mouvement de résistance au sein de la population, dénommé Bwa Kale, Mergina Fleurima preconise une révolution dans le pays pour stopper les actions des gangs armés.

Du lancement, le lundi 24 avril 2023, du Bwa Kale, au samedi 24 juin 2023, 204 présumés bandits et proches de gangs ont été tués sur le territoire d’Haïti, relève le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un bilan actualisé.

Plus de 2,400 personnes ont été tuées dans les violences des gangs en Haïti du 1er janvier au 15 août 2023, selon un décompte de l’Organisation des Nations Unies (Onu), publié le vendredi 18 août 2023, dans le cadre d’un briefing à Genève en Suisse.

Réagissant sur le déploiement éventuel d’une force internationale dans le pays pour lutter contre les gangs, la nouvelle coordonnatrice générale de la Sofa affirme que cette démarche ne résoudra pratiquement rien et que « c’est à nous de prendre notre destin en main ».

Par contre, la Police nationale d’Haïti (Pnh) pourrait grandement aider, surtout si elle s’allie avec le peuple haïtien, considère-t-elle.

Une délégation d’autorités du Kenya, comprenant de hauts gradés de la police, etait en mission d’évaluation et de reconnaissance en Haïti, du dimanche 20 août au mercredi 23 août 2023.

Le lundi 21 août 2023, une « rencontre de travail » a eu lieu entre la délégation kenyane, les autorités haïtiennes et le corps diplomatique, informe le gouvernement de facto.

Les membres du commandement de la Police nationale d’Haïti (Pnh) se sont également entretenus avec la délégation, selon la même source.

La mission kenyane de reconnaissance en Haïti s’inscrit dans la perspective d’un déploiement d’une force multinationale.

Elle fait suite à l’aide sollicitée, depuis le vendredi 7 octobre 2022, par le gouvernement de facto auprès de la communauté internationale, en faveur de l’envoi d’une force armée spécialisée en quantité suffisante pour le soutenir dans la lutte contre les gangs armés en Haïti.

Il faut établir à l’avance des garanties, des mesures, des mécanismes ainsi que « des paramètres clairs, obligatoires et exécutoires pour empêcher l’usage illégal de la force », avant d’approuver tout déploiement de forces de sécurité étrangères en Haïti, a recommandé l’organisation Amnesty international, dans une lettre ouverte adressée aux membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu).

De tels paramètres empêcheraient « la négligence causant des dommages aux populations locales et tout autre abus par des individus déployés dans le cadre de tout effort multinational », a-t-elle insisté.

« Ceux-ci doivent également inclure des mesures claires pour protéger les individus contre l’exploitation et les abus sexuels... par des mécanismes de sauvegarde des droits des populations locales et offrant des recours accessibles et efficaces aux victimes », ajoute l’organisation Amnesty international.

Les démarches en cours ne constituent rien d’autre qu’un « complot d’invasion », a dénoncé le mouvement Montana, qui regroupe des partis politiques et des organisations de la société civile.

Le regroupement Montana prévient que « le peuple haïtien ne participera jamais au complot d’invasion, qui vise à l’asservir, sous couvert de lui venir en aide ».

Il demande à la communauté internationale de « reconnaître son échec » et au gouvernement en place de remettre sa démission pour permettre la mise en route d’une « transition de rupture. »

Haïti se trouve « dans l’impossibilité de juguler la crise globale sans une assistance étrangère », a reconnu le parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), signataire de l’accord de Montana.

Le Mopod estime qu’Haïti a besoin de deux forces d’origine externe : « l’une physique, armée et bien équipée » pour ramener la sécurité, et « l’autre économique et cognitive » pour appuyer le développement socio-économique ». [emb rc apr 23/08/2023 16:10]