Español English French Kwéyol

Kenya-Haïti : Le mouvement Montana dénonce un « complot d’invasion... »

P-au-P., 22 août 2023 [AlterPresse] --- Les dirigeants de l’Accord du 30 août 2021, plus connu sous le nom d’Accord de Montana, qui regroupe des partis politiques et des organisations de la société civile, assimilent les démarches en cours, en vue du déploiement d’une force internationale pour ramener la sécurité en Haïti, à un « complot d’invasion ».

« Le peuple haïtien ne participera jamais au complot d’invasion, qui vise à l’asservir, sous couvert de lui venir en aide », prévient le regroupement, dans une note de conjoncture, en date du 20 août 2023, acheminée à AlterPresse.

La publication du communiqué coïncide avec l’arrivée, le 20 août 2023, à Port-au-Prince, d’une délégation du Kenya pour une visite d’évaluation et de reconnaissance, avant le déploiement éventuel d’une force internationale, dont ce pays d’Afrique devrait avoir le commandement.

Le mouvement Montana demande à la communauté internationale de « reconnaitre son échec » et au gouvernement en place de remettre sa démission pour permettre la mise en route d’une « transition de rupture ».

Toutefois, le parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), signataire de l’accord de Montana, reconnait qu’Haïti se trouve « dans l’impossibilité de juguler la crise globale sans une assistance étrangère ».

Haïti a besoin de deux forces d’origine externe : « l’une physique, armée et bien équipée » pour ramener la sécurité, et « l’autre économique et cognitive » pour appuyer le développement socio-économique », fait savoir le Mopod dans une déclaration écrite transmise à AlterPresse.

« Les Haïtiens ne doivent pas recevoir l’une sans l’autre ».

Au lieu de prendre les dispositions pour gérer la crise sécuritaire, le gouvernement de facto laisse l’internationale décider à sa place, fustige, pour sa part, le coordonnateur du Collectif du 4 décembre 2013, Jean Robert Argant.

La résolution de la crise sécuritaire passe par le renforcement de la Police nationale d’ Haïti (Pnh) et des Forces armées d’Haïti (Fad’H), considère le Collectif du 4 décembre 2013, dans un entretien accordé à AlterPresse.

De son côté, un des membres du Groupe de travail sur la sécurité (Gts), Ashley Laraque, également ancien officier des Forces armées d’Haïti (Fad’h, estime indispensable l’élaboration d’une feuille de route au préalable, en ce qui concerne l’envoi d’une force étrangère en Haïti.

Il déclare à AlterPresse que « si le gouvernement haïtien laisse le champ libre à celui du Kenya, sans déterminer une feuille de route au préalable, le Kenya mènera la mission selon son propre canevas ».

Dans la même veine, l’organisation de défense de droits humains Amnesty international appelle à établir à l’avance des garanties, des mesures, des mécanismes ainsi que « des paramètres clairs, obligatoires et exécutoires pour empêcher l’usage illégal de la force », avant d’approuver tout déploiement de forces de sécurité étrangères en Haïti.

Dans une lettre ouverte, adressée aux membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse, Amnesty International estime que de tels paramètres empêcheraient « la négligence causant des dommages aux populations locales et tout autre abus par des individus déployés dans le cadre de tout effort multinational ». [apr 22/08/2023 14:00]