P-au-P, 17 août 2023 [AlterPresse] --- Près de la moitié des personnes déplacées internes de la capitale, Port-au-Prince résident désormais dans des conditions vulnérables sur des sites improvisés, suite aux violences des gangs armés, a indiqué, le mercredi 17 août 2023, l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), dans un document dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
En plus des dangers et risques croissants pour les personnes déplacées en Haïti, l’Oim relève « une détérioration inquiétante du tissu social » du pays frappé par la violence des gangs et les catastrophes.
« La majorité des personnes déplacées ont cherché la sécurité auprès d’amis et de familles dans d’autres communautés. Lorsqu’elles accueillent des personnes déplacées, les communautés doivent partager leurs ressources limitées avec elles. »
De plus, « Au fur et à mesure que la crise s’éternise, leurs capacités s’érodent. »
Plusieurs centaines de familles visiblement traumatisées sont contraintes d’abandonner le quartier de Carrefour Feuilles (banlieue sud-est de la capitale, Port-au-Prince), à cause des assauts répétés des membres lourdement armés du gang de Gran Ravin.
Plusieurs personnes ont été tuées par balles, dont le policier national Elixon Anescat, dans de nouveaux assauts de bandits armés du gang de Gran Ravin, dans le vaste quartier de Carrefour Feuilles, dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 août 2023.
L’agence onusienne souligne combien « les niveaux élevés d’insécurité créent un climat de méfiance entre certaines communautés d’accueil et les populations déplacées, détériorant ainsi la cohésion sociale. »
Face à cette situation, les personnes déplacées sont obligées de « quitter la sécurité relative de leurs maisons pour des sites de déplacement improvisés où elles sont exposées à des risques supplémentaires, y compris la violence communautaire, la violence sexuelle et sexiste, la discrimination et l’abus pur et simple. »
L’Oim expose les conditions extrêmement difficiles dans les sites improvisés où plus de la moitié n’ont pas de latrines ou ne répondent pas aux normes d’hygiène de base.
Cette situation reste particulièrement préoccupante compte tenu des « épidémies récurrentes de choléra » en Haïti, s’inquiète-elle.
La violence généralisée est principalement à l’origine du déplacement à l’intérieur du pays des quelque 200.000 personnes dont la plupart vivent dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
Par ailleurs, « Plus de 100.000 Haïtiens ont été renvoyés de force des pays voisins jusqu’à présent, au cours de l’année 2023, et beaucoup d’entre eux n’ont pas de papiers d’identité, ce qui complique leur réintégration », a rappelé l’agence onusienne.
L’Oim note que près de la moitié de la population du pays, soit près de 5,2 millions de personnes sont dans un besoin désespéré alors que seulement 25% du Plan de réponse humanitaire d’Haïti a été financé.
Elle en profite pour lancer un appel « à une augmentation de l’aide internationale pour des solutions à la fois immédiates et à long terme. »
L’Organisation internationale pour les migrations (Oim) signale un accroissement des tensions et craintes concernant le mouvement d’autodéfense dénommé Bwa Kale « connu pour ses lynchages aveugles, qui sapent la solidarité communautaire », critique-t-elle.
Du lancement, le lundi 24 avril 2023, d’un mouvement de résistance au sein de la population, dénommé Bwa Kale, au samedi 24 juin 2023, 204 présumés bandits et proches de gangs ont été tués sur le territoire d’Haïti, a indiqué le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un bilan actualisé.
155 membres présumés de gangs ont été exécutés dans le cadre de ce mouvement, dans le département de l’Ouest, 24 dans l’Artibonite, 12 dans la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), 5 dans le département du Plateau central, 2 dans le Nord-Est, un (1) dans le Nord, un (1) dans le Sud, un (1) dans le Sud Est, a précisé le Cardh. [emb apr 17/08/2023 11 :15]