P-au-P., 16 août 2023 [AlterPresse] --- « Ce devrait être une force robuste, avec des policières et policiers multinationaux, qui utiliseraient des moyens et du matériel militaires, qui devraient venir rétablir l’ordre et la loi en Haïti, désarmer et arrêter les gangs ».
Cette recommandation a été formulée par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres, dans un rapport soumis aux 15 membres du Conseil de sécurité de l’Onu, le mardi 15 août 2023, selon des informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Une résolution 2692 (2023), adoptée à l’unanimité, le 14 juillet 2023, au Conseil de sécurité de l’Onu, avait fait obligation au secrétaire général de soumettre un rapport écrit, dans les trente jours (d’ici le 14 août 2023), après concertation avec le gouvernement de facto et le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh).
Ce rapport devrait décrire « toute la gamme des possibilités d’appui, que pourrait fournir l’Onu pour améliorer l’état de la sécurité, notamment mais non exclusivement l’appui à la lutte contre le commerce et le détournement illicites d’armes et de matériel connexe ; la formation supplémentaire de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ; l’appui à une force multinationale non onusienne ; ou la possibilité d’une opération de maintien de la paix, dans le cadre d’un règlement politique en Haïti ».
En effet, dans son rapport de 12 pages, présenté au Conseil de sécurité de l’Onu, Antonio Guterres préconise, une fois de plus, l’envoi d’une force internationale en Haïti, afin de « neutraliser les gangs et les désarmer ».
« Il faut reprendre le contrôle des axes routiers et des installations stratégiques pour permettre, de nouveau, la libre circulation des personnes et des biens, et le retour des services publics de base dans la vie des Haïtiennes et Haïtiens ».
Suivant le rapport du secrétaire général de l’Onu, ce devrait être « une force robuste multinationale non-onusienne », dirigée par un pays qui, lui-même, va fixer les contours de son intervention, en coordination avec les autorités haïtiennes, avant de se déployer dans le pays, de façon autonome, pour déloger les gangs de façon ciblée, afin d’éviter des victimes civiles collatérales, rapporte, pour sa part, Radio France internationale (Rfi).
L’utilisation de la force seule ne règlera pas le problème de la criminalité, souligne, toutefois, le secrétaire général des Nations unies.
Il faudrait renforcer la police haïtienne, rétablir le système judiciaire, relancer le processus politique et l’économie, tout en préconisant le renforcement du Binuh déjà présent en Haïti, continue Rfi.
« Le contexte actuel d’Haïti n’est pas propice au maintien de la paix. Rien de moins que l’utilisation robuste de la force, complétée par une série de mesures non cinétiques, par une force de police multinationale spécialisée et capable, dotée de ressources militaires, coordonnée avec la police nationale, ne serait en mesure d’atteindre ces objectifs », a écrit le secrétaire général de l’Onu, rapporte l’agence Reuters.
Antonio Guterres souligne la nécessité de rétablir l’ordre, de désarmer les gangs armés, de garantir la sécurité des installations stratégiques et les routes nationales.
Une mission d’évaluation du Kenya doit venir en Haïti très bientôt, selon le porte-parole adjoint du département d’État américain, Vedant Patel, lors d’une conférence de presse le lundi 14 août 2023.
Pour des « raisons de sécurité et stratégiques », l’officiel du gouvernement américain n’a fourni aucune précision sur la date de l’arrivée de cette mission d’évaluation Kenyane, qui devrait aussi séjourner à New York pour s’entretenir avec les responsables de l’Onu.
Vedant Patel a souligné l’implication des États-Unis d’Amérique dans les démarches pour l’envoi d’une force multinationale dans le pays, afin de combattre les gangs armés.
Dans une récente lettre ouverte, marquant la fin de son mandat en Haïti, l’ambassadeur du Canada Sébastien Carrière a réitéré la position du gouvernement du Canada, qui « accueille (...) positivement l’intention, récemment annoncée par le Kenya, de prendre la tête d’une mission internationale d’assistance sécuritaire en Haïti, pour aider à combattre les gangs qui tiennent la capitale et le pays en otage ».
« Nous sommes prêts à travailler avec le Kenya et tous les partenaires, afin d’assurer le succès de tout déploiement éventuel sous mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies ».
Le gouvernement des États-Unis d’Amérique présentera prochainement un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), pour appuyer la décision du gouvernement du Kenya de diriger une force de police multinationale, devant aider à combattre les gangs armés, a annoncé, le mardi 1er août 2023, l’ambassadrice américaine à l’Onu, Linda Thomas-Greenfield..
« Nous (les États-Unis) saluons la décision du Kenya de diriger la force multinationale et nous travaillerons sur une résolution pour soutenir cet effort », a déclaré Linda Thomas-Greenfield en conférence de presse.
Aucune précision n’a encore été donnée sur la date de la présentation du projet de résolution.
Les États-Unis travaillent avec d’autres membres du Conseil de sécurité de l’Onu sur une résolution, « qui donnera aux Kenyans ce dont ils ont besoin pour établir leur présence en Haïti », a ajouté Linda Thomas-Greenfield.
Elle a exprimé l’espoir que cette résolution sera adoptée à l’unanimité, comme l’ont été les deux dernières résolutions sur Haïti.
Plusieurs pays, dont la Jamaïque et les Bahamas, expriment leur optimisme quant au déploiement d’une force multinationale pour Haïti, que le gouvernement du Kenya s’est dit prêt, le samedi 29 juillet 2023, à diriger.
Dans une déclaration, la Communauté des Caraïbes (Caricom) a déclaré applaudir la décision, prise par les gouvernements des Bahamas et de la Jamaïque, de se joindre au Kenya pour contribuer à une force multinationale en république d’Haïti, afin d’aider cette nation à relever ses défis de sécurité.
La Fondation Frantz Fanon a critiqué le projet d’intervention « illégitime et anti-panafricaine » de l’armée du Kenya en Haïti, dans un communiqué.
Par cette intervention, les États impérialistes utilisent les États africains pour prolonger leur politique de domination raciste sur Haïti, met-elle en garde.
La Fondation Frantz Fanon fustige l’instrumentalisation d’États africains pour l’accomplissement des intérêts des États impérialistes. [ppsf emb rc apr 16/08/2023 12:10]
Photo : Site Onu info Haïti