Crise : Diverses organisations appellent les États africains à s’opposer à l’envoi d’une force d’intervention en Haïti

P-au-P., 11 août 2023 [AlterPresse] --- Diverses organisations et personnalités [1] demandent aux autres États africains à s’opposer à la décision du Kenya de diriger une force d’intervention en Haïti visant à combattre les gangs armés, dans une lettre ouverte dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

La démarche des dirigeants du Kenya s’inscrit dans une logique totalement opposée à ce qui est proclamé dans la charte de l’Union africaine (Ua), critiquent-elles.

L’Ua a comme objectifs de renforcer l’unité et la solidarité des États africains, coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir de meilleures conditions d’existence aux peuples d’Afrique, défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance, rappellent-elles.

Éliminer, sous toutes ses formes, le colonialisme de l’Afrique, favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la charte des Nations unies et de la déclaration universelle des droits humains, sont parmi les autres objectifs de l’Ua.

La charte de l’Ua prône également l’égalité souveraine de tous les États membres, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque État et de son droit inaliénable à une existence indépendante.

Ces organisations et personnalités appellent les États africains à inviter le Kenya, au nom de ces principes cardinaux officiellement adoptés, à revoir en urgence cette démarche portant atteinte grave à la souveraineté d’Haïti, à son droit à l’autodétermination.

« Il vous revient le devoir de trouver la stratégie la plus efficace pour expliquer aux dirigeants de ce pays frère qu’un tel choix est susceptible d’encourager, de renforcer en Haïti l’ingérence déjà inacceptable des puissances impérialistes, dont les États-Unis d’Amérique particulièrement ».

Le gouvernement de facto a lancé le 7 octobre 2022, un appel auprès de la communauté internationale en faveur de l’envoi d’une force armée spécialisée internationale, pour aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) à combattre les gangs armés.

Divers secteurs de la société ont vivement critiqué cette demande qu’ils considèrent comme un acte de haute trahison.

Dans un rapport en date du 17 janvier 2023, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres avait appelé, de toute urgence, à déployer une force armée spécialisée internationale en Haïti.

En plus du chef de l’Onu et de la communauté des Caraïbes (Caricom), les gouvernements du Canada, des États-Unis d’Amérique, des Bahamas ont, tous, salué la décision du Kenya, qui voudrait prendre la tête d’une force internationale en Haïti, en attendant le feu vert du Conseil de sécurité de l’Onu.

Les organisations et personnalités signataires de la lettre ouverte exhortent les pays frères d’Afrique « à se pencher sur la situation révoltante d’Haïti, afin de bien la comprendre pour mieux les aider à la surmonter et surtout convaincre le Kenya sur la nécessité de ne pas se laisser entraîner dans la logique meurtrière des puissances impérialistes, qui s’acharnent à enterrer la souveraineté d’Haïti ».

« Pays frères de l’Afrique des ancêtres, il est impératif d’agir de manière à éviter qu’aucun pays du continent africain ne joue le rôle de caisse de résonance des anciennes puissances coloniales, esclavagistes, impérialistes », soulignent-elles. [mff emb rc apr 11/08/2023 10:55]