P-au-P, 10 août 2023 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations et personnalités [1] interpellent le représentant de la Fédération de Russie auprès du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), Dmitry Polyanskiy, sur l’utilisation des gangs armés, par le pouvoir de facto en place et de ses alliés, comme outils de légitimation d’une éventuelle occupation étrangère d’Haïti, dans une lettre ouverte conjointe transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
« Pour préparer l’opinion publique nationale et internationale à accepter l’inacceptable, le gouvernement de facto actuel et les gangs armés sont activement et quotidiennement mobilisés, en vue d’aider à renforcer le chaos fabriqué, devant servir de justification à l’occupation », dénoncent-elles.
Le gouvernement de facto en Haïti serait « prêt à tout pour assurer son maintien au pouvoir et continuer ainsi à opprimer le peuple haïtien au profit de ses supporteurs internationaux », mettent en garde ces organisations.
Elles pointent du doigt une certaine presse nationale et internationale, acquise à leur cause, « qui est également mobilisée en vue de faire marcher la grosse machine de propagande, destinée à assurer ce que Edward S. Herman et Noam Chomsky appellent la fabrication du consentement ».
« Suivant des informations recueillies de sources fiables, les gangs sont au service et opèrent sur commande, notamment du pouvoir en place, ainsi que du Core Group dirigé par les États-Unis d’Amérique. (…) Ce gouvernement corrompu et criminel, rejeté par le peuple haïtien, est fortement soutenu par l’Onu, les États-Unis d’Amérique, la France » etc.
L’Onu et les États-Unis cherchent par tous les moyens à imposer l’occupation étrangère, fustigent-elles.
Ils « n’ont aucunement la volonté d’aider le peuple haïtien à éliminer les gangs armés pour ramener la sécurité, mais de préférence ils cherchent à se donner un autre moyen de mieux dominer le peuple haïtien, le soumettre à leurs diktats et obtenir la voie libre pour l’exploitation des richesses du pays en toute quiétude et impunité ».
Elles qualifient d’illégale la demande d’une intervention militaire, « qui sert de prétexte au secrétaire général de l’Onu, António Guterres, et à l’administration américaine de Joseph Robinette Biden dit Joe Biden.
Elles critiquent l’appel, lancé en octobre 2022 auprès de la communauté internationale par le gouvernement de facto décrié haïtien, en faveur de l’envoi d’une force d’intervention en Haïti, pour l’aider à combattre les gangs armés.
Le 7 octobre 2022, le gouvernement de facto avait également sollicité, auprès des Nations unies, le déploiement d’urgence d’une force armée spécialisée internationale, pour aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) à lutter contre l’insécurité, liée aux actes criminels des bandes armées.
Cette demande a été vivement critiquée par divers secteurs de la société.
Il faut, de toute urgence, déployer une force armée spécialisée internationale en Haïti, avait réaffirmé le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres, dans un rapport en date du 17 janvier 2023.
Le projet d’intervention militaire internationale contre le droit du peuple haïtien à l’autodétermination
« Une telle sollicitation est de nature à pénaliser encore plus le peuple haïtien et à entraver la jouissance de son droit légitime à l’autodétermination, reconnu par la charte même de l’Onu », critiquent ces organisations et personnalités.
Non seulement une telle demande représente, au regard de la Constitution haïtienne, un crime de haute trahison puni par l’article 21.1 de ladite Constitution, mais aussi la présence d’une force d’occupation traduisant une ingérence étrangère sur le sol national constitue une violation de la Convention de Vienne sur le droit des traités, rappellent-elles.
Elles réclament, de préférence, l’envoi en urgence sur le terrain d’une commission d’enquête indépendante incluant, entre autres, des représentants de la Russie et de la Chine, pour une évaluation, d’abord, du niveau de complicité entre les gangs armés, le Core Group et le pouvoir de facto en place.
Cette mission d’enquête devrait aussi évaluer les 18 années d’accompagnement de l’Onu ayant conduit à la situation chaotique actuelle.
En plus du chef de l’Onu et de la communauté des Caraïbes (Caricom), les gouvernements du Canada, des États-Unis d’Amérique, des Bahamas ont, tous, salué la décision du Kenya, qui voudrait prendre la tête d’une force internationale en Haïti, en attendant le feu vert du Conseil de sécurité de l’Onu.
La mise en place d’une éventuelle force multinationale en Haïti « sera pleinement approuvée par le Conseil de sécurité » de l’Organisation des Nations unies (Onu), dit espérer la Caricom.
Cesser le trafic d’armes et munitions pour stopper la criminalité en Haïti
Les organisations et personnalités signataires de la lettre ouverte conjointe à la Fédération de la Russie soulignent combien l’arrêt immédiat de l’approvisionnement en armes et munitions des gangs, qui sèment la terreur, en toute impunité et en toute quiétude dans le pays, pourrait parvenir rapidement à bloquer leurs manœuvres criminelles.
Une application effective des mesures de contrôle par le gouvernement américain, au niveau de ses douanes frontalières, de ses ports et aéroports, rendrait les gangs inopérants, estiment-elles.
Elles appellent aussi à appliquer la résolution 2653 (2022), adoptée par le Conseil de sécurité de l’Onu, le 21 octobre 2022, interdisant le trafic d’armes des États membres de l’Onu vers Haïti. [emb rc apr 10/08/2023 13:15]
[1] Les organisations et personnalités signataires de la lettre ouverte sont :
Alternative Socialiste (Aso) / Jean Hénold Buteau et Jean-Paul Bastien
ALBA MOVIMIENTOS, Chapitre Haïti /Islanda Micheline Aduel
Michel Frantz Grandoit, prêtre engagé
Comité Democràtico Haitiano en Argentina / Henri Boisrolin
Konakom, Dunois Erick Cantave
Nehro / Josue Renaud
Me. Jean Oreste Junior Appilar Morin
Réseau caribéen Panafricanistes / Mirtha Desulme
Mouvement des Jeunes Carrefour Feuilles / Joseph Fenel
Inisyativ Patriyòt Maryen (Ipam) / Hugues Célestin
Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen / Origène Louis
Sèk Makandal/Wendy Mentor
Esklav Revòlte / Jean Wilgins Charles
Latibonit Kanpe pou Ayiti (Lakay) / Rigaud Velumat
Grandans Reveye / Legagneur Bouchensky
Ppn / Bernadin Kény
Georges Eddy Lucien / citoyen engagé
James Darbouze / citoyen engagé
Òganizasyon Feminis Dantò / Vanessa Jeudi
BRIGADA DESSALINES / Ricardo Cabaño
Rezistans pou Ayiti / Patrice Célestin
Mouvman Revolisyonè pou Liberasyon Mas yo (Morelim) / Nelio Petit-Homme
Comipol/ Ernso Ertilus et Julio Fils Cham
Union Nationale des Normaliens-nes d’Haïti (Unnoh) / Péguy Noel
Kolektif Solidarite, Idantite ak Libète (Ksil) / Rudy Prudent
Konbit Ayisyen pou Lojman Altènatif (Kayla) / Pierrette Francia
Kopi / Raimy Ysmael
Platfòm Ayiti Vèt (Pav) / Saico Jean Michel Sévère
Inisyativ 109 / Luckner Jabouin
Union syndicale des transporteurs haïtiens (Ustrah) / Venès Junior Many
Asosyasyon Viktim Masak Leta nan Katye Popilè yo (Avimekp) / Nevelson Jean-Baptiste
Antèn Ouvriye / Reyneld Sanon
Nou se Dorval / Iswick Théophin
Rezo Òganizasyon Nòdwès / Kerby Joseph
Modòd / Jose Félix
Rezo Òganizasyon Marigo / Lainé Louis
AJ3L / Kerly Dubréus
Platfòm Oganizasyon pou Ideyal Bwawon Tonè / Hugues-Capè Mondésir
Fgpb / Edmond Jean-Paul
Secd / Georges Réginald
Mossoh / Gary Lindor
Rasanbleman Fanm Peyizan Aken / Louise Marie Naissant
Kowòt Patriyotik / Francisco Alcide
Mopdes–Nòdès / Astride Noel
Ojpdcp-Nippes / Wallan Simon
Cercle Grégory Saint-Hilaire / Cilien Luxenat
Armand Joseph Jules / Citoyen engagé
SITWAYEN / Gustave Augustin
Fòs Dèlma 32 / Clerveaux Fritznel
Sèk Janil / Wasly Simon
Baugé Moncœur/citoyen engage
Planare / Charidieu Victor
Kolektif medsin tradisyonel / Berthony Jean Charles
Msth-Rozo / Mario Maisonneuve
Asjpch / Luckner Chéry
Eskanp / Mario Coty
Rozo/Mirtha Elie
Fosynpo /Gedeon Junior Georges
Frakka/ Francois Philippe
Zoula/ Pierre Dieudonné Delice
Òganizasyon Konbit Aksyon Popilè / James Francisque
Schneider Alcereste / NOUVOLIB
Kolektif Atis Angaje (Katan) / Kébert Bastien
Konbit Òganizasyon Sendikal, Politik ak Popilè / Josué Mérilien
Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) / Camille Chalmers
Moleghaf / David Oxygène
Mouvman Leve Kanpe pou yon Lòt Endepandans / Patrick Joseph.