P-au-P, 1er août 2023 [AlterPresse] --- Les messages d’hommages et de sympathies se multiplient en Haïti, après la mort de la célèbre journaliste de la Radio Kiskeya, Liliane Pierre-Paul, en début d’après-midi du lundi 31 juillet 2023, en chemin vers l’hôpital, à l’âge de 70 ans (elle naquit le 16 juin 1953 à Petit-Goâve, à 68 km au sud de Port-au-Prince) des suites d’une crise subite chez elle, selon différents témoignages rassemblés par l’agence en ligne AlterPresse.
Plusieurs associations de médias et de journalistes ainsi que plusieurs organisations de droits humains incluant des droits des femmes et organisations féministes saluent le départ de cette icône de la presse en Haïti.
Dans une note, l’Association nationale des médias haïtiens (Anmh), dont Liliane Pierre Paul a été la vice-présidente et membre fondatrice, déplore la « nouvelle bouleversante » du décès d’une grande icône, « qui a dédié sa vie entière à son pays, auquel elle vouait un amour, un attachement viscéral ».
C’est une perte énorme pour la nation tout entière, écrit l’Anmh.
« Liliane Pierre-Paul a passé sa vie à œuvrer et à mener un plaidoyer incessant pour le changement de notre pays, Haïti. Cette voix autorisée, respectée, redoutée et combattue, qui portait haut et fort les revendications de la grande majorité, fera grandement défaut dans la continuité de la lutte ».
L’Anmh note combien la mort tragique de la journaliste Liliane Pierre Paul survient à un moment, où « notre pays effondré a plus que jamais besoin d’engagement sincère et désintéressé pour son relèvement ».
Tout en présentant ses sympathies à la famille de la défunte, à la direction, au personnel de la Radio Télé Kiskeya et à la corporation, l’Anmh pleure le départ d’une militante de « calibre rare difficile à combler ».
L’Association des journalistes haïtiens (Ajh) dit avoir appris avec consternation la nouvelle de la mort subite de la journaliste Liliane Pierre-Paul.
« Symbole d’engagement et de conviction, Liliane Pierre-Paul a joué un rôle prépondérant dans la lutte pour la liberté d’expression, la démocratie, la liberté de la presse. Elle rêvait d’un pays prospère, sans exclusion, où tous ses fils et toutes ses filles pouvaient circuler librement sans peur d’être assassinés et kidnappés ».
Pendant sa longue carrière de plus d’une quarantaine d’années, Liliane Pierre-Paul a connu la torture, la prison et l’exil.
Elle a milité pour plusieurs causes sur le terrain, dont la dernière en date est sa participation, le dimanche 16 juillet 2023, à la marche pacifique à Pétionville
pour dénoncer le kidnapping et réclamer la libération de Pierre-Louis Opont, enlevé et séquestré depuis le mardi 20 juin 2023.
Liliane Pierre-Paul est décédée sans avoir assisté à la libération de Pierre-Louis Opont, sans avoir vu aboutir son combat pour une Haïti prospère et démocratique, regrette l’Ajh, qui en profite pour présenter ses sympathies à ses proches, camarades de lutte, collaboratrices et collaborateurs.
Hommage également de la Solidarité des femmes haïtiennes journalistes (Sofehj), qui considère la présentatrice du Jounal 4 trè de Radio Kiskeya comme un modèle d’intégrité et d’altruisme, et une grande militante pour la liberté d’expression en Haïti.
« Liliane Pierre Paul est une icône de la presse haïtienne, l’une des figures de proue de la lutte pour l’établissement d’un État de droit en Haïti et de la lutte pour l’émancipation des femmes. Sa grande culture générale et son sens de l’éthique faisaient de Liliane Pierre-Paul une journaliste appréciée, admirée et respectée », écrit, pour sa part, l’Association haïtienne de journalistes économiques pour le développement durable (Ahjedd).
l’Ahjedd présente la mort de Liliane Pierre-Paul comme une grande perte pour Haïti et pour la presse haïtienne d’une manière générale.
Les organismes de droits humains, des droits des femmes et feministes endeuillées
Plusieurs organisations des droits humains et des droits des femmes pleurent également la mort de la journaliste Liliane Pierre Paul.
Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) déclare s’incliner devant le départ de la journaliste militante des droits humains Liliane Pierre-Paul, qui « a consenti tant de sacrifices pour l’émergence, dans le pays qu’elle chérissait tant, d’un État de droit démocratique, basé sur le respect et la réalisation des droits humains ».
Le Rnddh souligne combien la journaliste Liliane Pierre-Paul n’a jamais raté une occasion pour rappeler combien « les acquis démocratiques, dont la liberté d’expression, les droits de vote et de candidature ainsi que les garanties judiciaires constituent des résultats de luttes acharnées menées par les générations antérieures et qui doivent rester vivants dans nos valeurs et principes de société ».
Le Rnddh déplore « la perte d’une grande amie et une alliée d’une loyauté indéfectible, envers laquelle il restera à jamais reconnaissant pour son soutien et les nombreux conseils qu’elle lui a prodigués, tout au long de l’existence de l’organisation ».
L’organisation féministe Nègès Mawon fait l’éloge des sacrifices, consentis par la journaliste Liliane Pierre-Paul, les victoires remportées, l’espoir semé et les exemples tracés.
« Merci pour chaque Femme et Fille en Haïti. Merci pour la Liberté. Merci pour Haïti. Bonne traversée », écrit Nègès Mawon.
Le Ministère de la culture et de la communication (Mcc) a tenu à rendre hommage à la grande travailleuse de la presse qu’elle a été, tout en soulignant également son engagement en faveur de la liberté d’expression.
« Liliane laisse derrière elle une contribution remarquable pour une presse libre, autonome et indépendante pour laquelle nous souhaitons lui exprimer toute notre gratitude », écrit l’Organisation des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture (Unesco). [ppsf emb rc apr 1er/08/2023 13 :55]