P-au-P., 25 juil. 2023 [AlterPresse] --- Les organismes de défense des droits humains Fondasyon je klere (Fjkl) et Gardiens des droits humains (Gdh) dénoncent le comportement irresponsable du gouvernement de facto, face à l’intensification du climat de terreur, instaurée en toute impunite par les gangs armés en Haïti, dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.
« Il ne revient pas à l‘ambassade des États-Unis d’Amerique d’assurer la sécurité des citoyennes et citoyens, persécutés par les gangs, mais au pouvoir en place », affirme le président de la Fjkl, Me. Samuel Madistin, joint par AlterPresse.
La Fjkl fait référence à la situation de plusieurs dizaines de familles, venant de la commune de Tabarre (l’une des municipalités au nord-est de la capitale, Port-au-Prince) qui se sont réfugiés devant l’ambassade des États-Unis d’Amérique, depuis le dimanche 23 juillet 2023, pour tenter de se mettre à l’abri des violences du gang Kraze Baryè, dirigé par Vitelhomme Innocent..
Ces familles réfugiées devant l’ambassade américaine à Tabarre ont été violemment chassées à coups de bombonnes de gaz lacrymogènes par des agents du corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Le pouvoir politique en place devait prendre en considération l’alerte lancée, fin juin 2023, par l’ambassade étasunienne concernant une éventuelle « augmentation, du début à la mi-juillet 2023, des activités des gangs » armés à Tabarre, pour empêcher une telle situation de terreur, estime la Fjkl.
L’organisme de défense des droits humains critique le gouvernement de facto, qui n’a rien fait pour protéger les habitantes et habitants de Tabarre, ainsi que son incapacité à diriger le pays.
La Fjkl fustige également l’insouciance du pouvoir de facto en place, qui n’a jamais pris aucune disposition adéquate pour face faire aux manœuvres des gangs armés, comme dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite.
« La première responsabilité d’un gouvernement est d’assurer la sécurité sur le territoire national. En ce sens, le gouvernement devrait s’assurer du renforcement de la Police nationale d’Haïti (Pnh) en ressources humaines et matérielles », déclare le président de la Fjkl, Me. Samuel Madistin.
Le problème de la criminalité serait résolu depuis deux ans, si les autorités étatiques avaient pris des mesures pertinentes visant à renforcer la nouvelle force armée en ressources humaines et mettre en place un bon système de renseignements, considère la Fjkl, qui préconise des séances de formation intensives au profit des soldats.
Au lieu de cela, le gouvernement de facto préfère agir sous la dictée des Nations unies et du département d’État des États-Unis, blâme-t-elle, jugeant ce comportement totalement inacceptable.
Entre-temps, les habitantes et habitants des communes de la Petite-Rivière de l’Artibonite et de Liancourt sont abandonnés à eux-mêmes face à la terreur des bandits armés. Depuis le mois de janvier 2023, les commissariats de police dans ces deux communes sont privés de policiers, rappelle la Fjkl.
Pour sa part, l’organisme Gardien des droits humains (Gdh) déplore une absence de volonté politique pour résoudre le problème de la criminalité, dans des propos à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Le gouvernement de facto fait de la politique avec la situation de terreur pour se maintenir au pouvoir, analyse l’organisme Gdh.
« Nous avons actuellement une insécurité politique créée pour renforcer le pouvoir en place et détruire le peuple haïtien. Les autorités ne remplissent pas leur fonction consistant à assurer le bien-être de la population. Ce sont des irresponsables ».
« Aujourd’hui, la justice haïtienne a échoué. La Police nationale d’Haïti ne peut pas jouer son rôle, qui est d’assurer la vie et les biens de la population. L’État, à travers le Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict), a failli à sa mission », relève-t-il.
La recrudescence des actes de criminalité fait l’affaire des autorités et de la classe politique, s’insurge l’organisme Gdh, soulignant combien les communes de Tabarre, de Croix-des-Bouquets (nord-est), de Liancourt et de Petite-Rivière de l’Artibonite sont sous le contrôle des gangs armés.
Malheureusement, le peuple en paie le prix, regrette le coordonnateur de l’organisme Gardiens des droits humains, Rovelson Apollon.
L’organisme Gdh appelle la société civile à se transformer en véritable contre-pouvoir, afin de résoudre de les problèmes liés à la criminalité et à l’impunité en Haïti. [je emb rc apr 26/07/2023 10:30]