P-au-P, 12 juil. 2023 [AlterPresse] --- Plus de deux mois après le déclenchement d’un mouvement de résistance populaire dénommé Bwa Kale contre la terreur criminelle, les gangs armés tendent à mettre fin à cette apparence de répit en continuant de perpétrer en toute impunité de nombreux actes de kidnapping en Haïti, selon les informations rassemblées par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
De fin juin à début juillet 2023, un nombre indéterminé de personnes ont été enlevées dans la Zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince (Zmpp), comme Tabarre, Croix-des-Bouquets, Delmas et Pétionville.
Une situation qui plonge encore la population dans beaucoup d’inquiétude, relève le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), interrogé par AlterPresse/AlterRadio.
« Il y a un regain des activités criminelles en beaucoup d’endroits dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Depuis la mort de Carlo Petit-Homme, chef du gang Ti Makak, tué fin avril 2023 lors d’opérations de la Police nationale d’Haïti (Pnh) à Thomassin et à Laboule, rien ou presque n’a été fait…Dans la nuit du lundi 12 au mardi 13 juin 2023, des membres du gang Kraze Baryè de Vitelhomme Innocent ont attaqué la compagnie Sun Auto, concessionnaire de différentes marques de véhicules, qui abrite le consulat honoraire de la Jamaïque en Haïti ».
C’est une situation très préoccupante, qui traduit l’irresponsabilité et l’incapacité de l’État à garantir la sécurité de la population, signale à AlterPresse/AlterRadio l’Organisation citoyenne pour une nouvelle Haïti (Ocnh), qui affirme avoir répertorié, dans ses activités de monitoring, plusieurs cas récents de kidnapping, notamment dans la municipalité de Delmas.
Le mouvement Bwa Kale est le résultat du laxisme des autorités et de l’impunité installée dans le pays. Il revient aux autorités de prendre les dispositions pour mettre fin à la terreur des gangs armés, estime l’Ocnh.
Haïti fait face à une absence de plan de sécurité pour combattre les actes de criminalité, dont le kidnapping, déplore l’organisme Gardiens des droits humains (Gdh), dans des déclarations à AlterPresse/AlterRadio.
Le manque de présence des patrouilles policières, particulièrement en soirée, dans différents quartiers de la capitale, facilite la tâche aux bandits armés. Cela semble probablement participer d’une volonté de livrer les citoyennes et citoyens à la merci des malfrats, qui poursuivent les actes de kidnapping en toute impunité, constate l’organisme Gdh.
L’Office de la protection citoyenne (Opc) s’insurge contre la remontée des actes de kidnapping, surtout dans la Zone métropolitaine de Port-au-Prince, dans une note dénonçant la captivité, depuis la soirée du mardi 20 juin 2023, de Pierre-Louis Opont, propriétaire de la station Télé Pluriel et ancien président du Conseil électoral provisoire (Cep, du 23 janvier 2015 au 28 janvier 2016).
« Quand l’État ne protège pas ses citoyennes et citoyens des atteintes commises par d’autres, il partage avec leurs auteurs la responsabilité des torts infligés. Une société ne peut pas se développer sous la coupe de bandits et en dehors des valeurs universelles, notamment la protection de la vie humaine », dit l’Opc, qui invite les autorités à tout mettre en œuvre pour obtenir la libération de Pierre-Louis Opont, qui est de santé fragile.
Le 8 juillet 2023, la famille de Pierre-Louis Opont a lancé un appel pressant pour sa libération, dans une note transmise aux médias
Le dimanche 9 juillet 2023, des bandits armés ont kidnappé un nombre indéterminé de passagères et passagers, qui se trouvaient à bord de différents véhicules de transports publics, dans la localité de La Croix Périsse (commune de l’Estère, département de l’Artibonite), ont témoigné beaucoup de proches
Le dimanche 9 juillet 2023, les bandits armés ont libéré le directeur départemental du Nord de l’Autorité portuaire nationale (Apn) Pierre-Richard Joseph, qu’ils avaient enlevé, le 17 juin 2023, dans le quartier de Torcelle (périphérie est), en tuant le chauffeur du véhicule dans lequel il se trouvait.
Pour une coopération entre la population et la police
Se prononçant contre « les exécutions expéditives », comme celles enregistrées dans le mouvement Bwa kale, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) préconise la collaboration entre la population et la Police nationale d’Haïti en vue de démanteler les gangs armés sur le territoire national.
L’Organisation citoyenne pour une nouvelle Haïti (Ocnh) appelle les autorités à assumer leurs responsabilités pour mettre fin aux activités criminelles des gangs armés.
L’organisme Gardiens des droits humains recommande davantage de présence policière sur les routes nationales et dans divers points stratégiques, afin de dissuader les manœuvres criminelles des gangs armés.
Du lundi 24 avril 2023 au samedi 24 juin 2023, 204 présumés bandits et proches de gangs ont été tués sur le territoire d’Haïti, selon un décompte du Centre d’analyse et de recherché en droits humains (Cardh).
155 membres présumés de gangs ont été exécutés dans le cadre de ce mouvement, dans le département de l’Ouest, 24 dans l’Artibonite, 12 dans la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), 5 dans le département du Plateau central, 2 dans le Nord-Est, un (1) dans le Nord, un (1) dans le Sud, un (1) dans le Sud-Est, selon le rapport du Cardh. [ppsf rc apr 12/07/2023 15:00]