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Haïti-Crise : Les facultés de droit de trois grandes universités américaines appellent le gouvernement des États-Unis à lâcher Ariel Henry

P-au-P., 10 juil. 2023 [AlterPresse] --- Global Justice Clinic/New York University School of Law, Harvard Law School et International Human Rights Clinic, des entités appartenant à trois prestigieuses universités des États-Unis d’Amérique, appellent le gouvernement américain à prendre ses distances avec le gouvernement de facto en Haïti et à respecter la souveraineté du peuple haïtien.

Deux ans après l’assassinat de l’ex président Jovenel Moise et face à l’aggravation de la crise haïtienne, les trois facultés américaines demandent au département d’état américain de soutenir la mise en place d’un gouvernement de transition légitime, chargé d’organiser des élections à travers le pays, de fournir une assistance technique pour rétablir la sécurité, la justice et de stopper le trafic d’armes des États-Unis vers Haïti.

Les demandes sont formulées dans une correspondance adressée le 10 juillet 2023 au secrétaire d’état américain Antony Blinken et au secrétaire d’état adjoint pour l’hémisphère occidental Brian A. Nichols, et dont une copie a été transmise à la rédaction de l’agence en ligne AlterPresse.

Dans cette lettre, ces trois facultés, qui travaillent en partenariat avec des organisations de la société civile haïtienne, dressent un constat sans appel. Elles expriment leur inquiétude vis-à-vis de l’attitude du gouvernement américain qui porte à bout de bras le régime de facto d’Ariel Henry, dans une « situation de crise qui se détériore depuis la mort de Moïse ».

Aucun progrès n’est possible en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel « si le peuple haïtien n’a pas la possibilité de changer de gouvernement, ce qui n’est possible que si les États-Unis cessent de soutenir le gouvernement illégitime », écrivent-elles.

Propulsé au pouvoir par les États-Unis et leurs alliés, au lendemain de l’assassinat de Jovenel Moïse, Ariel Henry a plongé le pays dans une « catastrophe » au niveau humanitaire et en ce qui concerne le respect des droits humains, soutiennent les juristes américains.

Ils constatent que les gangs ont pris le contrôle de vastes départements du pays et brutalisent la population en toute impunité, privant les familles de l’accès aux services de base et alimentant un climat de peur sur tout le territoire.

La violence des gangs ponctuée de massacres, d’enlèvements et de violences sexuelles (...) ainsi que l’inflation galopante et la rareté continue des produits de base ne cessent point d’accroitre la pauvreté extrême en Haïti, estiment-ils.

Au niveau institutionnel également, les trois facultés de droit américaines relèvent l’échec du gouvernement de facto d’Ariel Henry qui n’a pas su créer des conditions pour faire fonctionner la justice. A preuve, le dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse ne fait que trainer et la « confusion » s’installe, tandis que « Ariel Henry lui-même est pointé du doigt ».

En même temps, des juges d’instruction en charge de dossiers importants sont attaqués par des gangs armés, signalent les signataires de cette lettre adressée aux responsables du département d’État américain.

Ils déplorent que « malgré l’échec colossal du gouvernement du Dr Henry », son « régime illégitime et impopulaire » continue de bénéficier du soutien des États-Unis.

Un soutien assimilé à un appui au « statu quo », faisant d’Ariel Henry un élément « indispensable à l’agenda politique à suivre ».

Ce processus, scellé à travers l’accord du 21 décembre 2022, prévoit « la mise en place d’un Conseil électoral provisoire inconstitutionnel et un remaniement ministériel ». Un projet accueilli par Washington comme « une étape capitale », soulignent les entités universitaires américaines.

Ce qui « contraste clairement avec l’échec du gouvernement américain » à s’engager correctement vis-à-vis des signataires de l’Accord Montana, « un mouvement pro-démocratique composé d’une coalition diversifiée d’organisations de la société civile, de professionnels, de partis politiques et d’hommes politiques, de personnalités religieuses et d’activistes ».

Dans leur correspondance aux autorités américaines, Global Justice Clinic/New York University School of Law, Harvard Law School et International Human Rights Clinic relayent l’appel, le mois dernier, des organisations de défense des droits humains haïtiens, invitant la communauté internationale à « cesser de soutenir le groupe d’acteurs qui a engendré la crise, incluant ceux qui occupent le pouvoir actuellement » en Haïti. [ppsf gp apr 10/07/2023 11:00]