P-au-P., 7 juil. 2023 [AlterPresse] --- Deux ans après l’assassinat de l’ancien président d’Haïti, Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, en sa résidence à Pèlerin 5 (Pétionville/périphérie est), l’enquête judiciaire devant faire la lumière sur ce meurtre ne fait que trainer en Haïti, observe AlterPresse.
Le juge Walther Wesser Voltaire est le cinquième juge, désigné par le doyen du tribunal civil de Port-au-Prince, Me. Bernard Saint-Vil, pour instruire le dossier d’instruction. Me. Wesser Voltaire a été désigné le lundi 30 mai 2022, plus de 10 mois après l’assassinat.
Le juge d’instruction Mathieu Chanlatte a été le premier à être en charge du dossier, plus d’un mois après l’assassinat, soit le 9 août 2021.
Quelques jours plus tard, le juge Chanlatte s’est déporté du dossier, en évoquant le manque de moyens nécessaires, mis à disposition. Un deuxième juge désigné, Garry Orélien, a été l’objet de vives critiques, de la part d’organisations de droits humains, dès sa nomination.
Le vendredi 21 janvier 2022, le juge Garry Orélien s’est déporté du dossier, après avoir essuyé le refus du doyen du tribunal civil de Port-au-Prince sur la prolongation de son délai d’instruction.
Le vendredi 4 février 2022, le dossier a été confié au juge Chavannes Étienne. Après quelques jours passés en charge du dossier, le juge Étienne s’est déporté, pour des raisons de convenance personnelle.
Le vendredi 4 mars 2022, le juge Merlan Belabre, ancien juge de paix à Petit-Goâve (à 68 km au sud de Port-au-Prince), a été désigné pour poursuivre l’instruction du dossier d’assassinat du 7 juillet 2021.
Après avoir passé plus de 10 jours en charge de cette affaire, le juge Merlan Belabre avait exprimé ses inquiétudes pour sa sécurité et celle de sa famille, dans une note de presse manuscrite.
Le lundi 25 avril 2022, le juge Merlan Belabre a informé qu’il s’est aussi retiré du dossier, en soulignant la fin de son mandat.
La Police nationale d’Haïti (Pnh) a procédé à l’arrestation d’une quarantaine de suspects, parmi eux une vingtaine d’anciens militaires colombiens, qui seraient recrutés par la CTU, une société de sécurité établie en Floride.
Elle a émis des avis de recherche contre près d’une quinzaine de personnes, dont huit policiers nationaux, dans le cadre de l’assassinat de l’ancien président.
Des avancées ont été, par contre, enregistrées aux États-Unis, où une enquête est également en cours sur cette affaire, dans laquelle, entre autres, des Américains sont cités aux cotés de mercenaires colombiens.
Le vendredi 2 juin 2023, le juge fédéral de Miami, José E. Martínez, a condamné, l’homme d’affaires haïtien Rodolphe Jaar à la prison à vie, pour son rôle dans la planification et l’exécution de l’assassinat de l’ancien président d’Haïti.
Selon le verdict du juge fédéral, rapporté par Associated Press (Ap), « ...l’homme d’affaires haïtiano-chilien a aidé les mercenaires colombiens à obtenir des armes pour assassiner le président haïtien Jovenel Moïse en 2021 ».
« Rodolphe Jaar, 51 ans, est la première personne à être reconnue coupable et condamnée dans ce que les procureurs américains ont décrit comme un vaste complot, ourdi par des conspirateurs en Haïti et en Floride pour récolter des contrats lucratifs sous une nouvelle administration, une fois que Moïse était à l’écart », indique Associated Press, soulignant que dix autres accusés attendent leur procès aux États-Unis d’Amérique.
Rodolphe Jaar, un ancien trafiquant de drogue, a plaidé coupable, le vendredi 24 mars 2023, devant un tribunal fédéral de Miami (États-Unis d’Amérique), d’avoir financé et planifié le complot ayant débouché sur l’assassinat de l’ancien Jovenel Moïse.
Au total, 11 personnes sont indexées aux États-Unis d’implication dans l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto, Jovenel Moïse, selon un troisième acte d’accusation d’un grand jury en Floride (États-Unis d’Amérique), rendu public le mardi 14 février 2023. [ppsf emb rc apr 07/07/2023 12:00]