P-au-P, 30 juin 2023 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations, comme la Solidarité des femmes haïtiennes journalistes (Sofehj), continuent de réclamer justice pour la militante féministe Marie Antoinette (Netty) Duclaire ainsi que le journaliste de la radio vision 2000, Diego Charles, deux ans après leur assassinat par balles, dans la nuit du mercredi 29 au jeudi 30 juin 2021, dans le quartier de Christ Roi, à Port au Prince, dans des prises de position dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Les auteurs et complices de ce double assassinat bénéficient du système d’impunité qui règne en Haïti, fustige la Sofehj, qui appelle les autorités judiciaires à assumer leur responsabilité en punissant les criminels.
La famille du journaliste Diego Charles a déposé une plainte contre X, le jeudi 29 juin 2023, au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince.
La plainte exige que la lumière soit faite sur l’assassinat du journaliste Diego Charles.
L’assassinat de Diego Charles, devant sa résidence à la rue Acacia, dans le quartier de Christ-Roi, à Port-au-Prince, n’est pas le « fruit du hasard, puisque le journaliste assassiné faisait l’objet de toutes sortes de menaces à cause de ses activités professionnelles », souligne la famille du journaliste Diego Charles, dans cette plainte contre X.
« Il y a lieu pour le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, chef de la poursuite pénale, conformément aux articles 13 et suivants du Code d’instruction criminelle (Cic), de mettre l’action publique en mouvement contre les auteurs, co-auteurs complices ou tous commanditaires généralement quelconques de ce crime ».
Malgré l’enquête, ouverte par la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), aucune lumière n’est faite à date (29 juin 2023, 2 ans après). Les délinquants continuent de vaquer dans les rues deux ans plus tard, déplore la famille du journaliste Diego Charles.
La militante politique Marie Antoinette Duclaire et le journaliste Diego Charles sont tombés sous les balles assassines d’individus non identifiés, parce qu’ils dénonçaient les dérives du gouvernement de l’époque et les violations de droits humains, condamne la Sofehj.
« Oui, ils sont assassinés, parce qu’ils voulaient attirer l’attention des pouvoirs publics sur les mesures susceptibles de favoriser la protection et la promotion des droits humains, Haïti ayant ratifié la plupart des instruments internationaux dans le domaine de la protection des droits humains et des libertés fondamentales ».
« Le règne [...] de l’impunité constitue l’un des principaux facteurs de la violence et de la destruction du tissu social. Le cycle de la violence ne pourra s’arrêter que si les autorités judiciaires assument leur responsabilité en punissant les criminels », fait remarquer l’organisation, exprimant « sa frustration croissante face à l’inaction et au manque de volonté des autorités judiciaires à s’attaquer à la crise de l’impunité ».
Fort du constat de l’inexistence de volonté pour s’attaquer à l’impunité, qui met à mal le système judiciaire en Haïti, la Sofehj demande à la population de poursuivre son combat contre l’impunité.
« La mobilisation de la société civile est un élément important dans toutes luttes pour une justice effective. Elle invite donc la population à être plus vigilante pour exercer des pressions sur le système judiciaire, qui doit être renforcé et épuré ».
La Sofehj promet de continuer son combat en faveur de la justice pour Antoinette (Netty) Duclaire, qui s’était engagée dans le combat pour le triomphe de la démocratie en Haïti, ainsi que le journaliste Diego Charles, qui menait le même combat.
Avant leur assassinat, dans la nuit du mercredi 29 au jeudi 30 juin 2021, le journaliste Diego Charles et la militante politique Antoinette Duclaire ont été respectivement journalistes à Radio Vision 2000 et pour le site d’information en ligne Larepiblik, magazine fondé avec Antoinette Duclaire, qui, elle, était la porte-parole du parti politique Matris Liberasyon, fondé par l’ancien sénateur Antonio Chéramy dit Don Kato.
Lancement d’une bourse d’études en mémoire d’Antoinette Duclaire
En partenariat avec l’organisation féministe Marijàn, la Fondasyon konesans ak libète (Fokal) et la Fondation Antoinette Duclaire, l’organisation féministe Nègès Mawon, au sein de laquelle militait Antoinette Duclaire, a lancé, le mercredi 28 juin 2023, dans la ville des Cayes (Sud), une bourse d’études en mémoire de la défunte.
Ce lancement a eu lieu à l’occasion du deuxième triste anniversaire de l’assassinat du journaliste Diego Charles et de la militante Antoinette Duclaire, en présence de plusieurs membres de la famille d’Antoinette Duclaire, d’anciennes collaboratrices et d’anciens collaborateurs, d’écolières et d’écoliers d’institutions scolaires qui bénéficieront de la bourse, de représentantes et représentants de médias.
« Cette bourse, lancée en sa mémoire, c’est pour permettre à des fillettes dans sa localité de prendre le chemin de l’école. La bourse Antoinette Duclaire est une initiative pour supporter l’instruction d’adolescentes à Chantal (Sud), commune où naquit et grandit Antoinette Duclaire », selon les initiatrices et initiateurs.
« Les frais de scolarité des bénéficiaires seront totalement couverts jusqu’à la fin de leur cycle secondaire (3e Secondaire - Terminale). Elles bénéficieront aussi, de manière continue, de multiples autres formes d’accompagnement, comme des sessions de formation, ..., qui devraient leur offrir de nombreuses opportunités »...
En juin 2022, lors du premier anniversaire du double assassinat d’Antoinette Duclaire et de Diego Charles, l’Association haïtienne des journalistes d’investigations (Ahji) a annoncé le lancement d’un concours national d’enquête journalistique, baptisé « Prix Diego Charles du journalisme d’investigation ».
À travers ce prix, l’Ahji entend rendre hommage à son membre fondateur, Diego Charles, et, du coup, immortaliser son nom dans la presse haïtienne comme modèle pour les journalistes intéressés à l’investigation, exprime le président de l’Ahji, Ruben Dumont.
En 2022, sept (7) journalistes ont été tués pour des raisons liées à leur métier en Haïti, rappelle l’organisation Reporters sans frontières (Rsf).
« Les journalistes haïtiens risquaient déjà leur vie, lorsqu’ils se rendaient sur le terrain. Désormais, ils sont en danger même lorsqu’ils sont chez eux », a relevé le journaliste brésilien Artur Romeu, directeur du bureau Amérique latine de Rsf. [ppsf emb rc apr 30/06/2023 13:10]