P-au-P, 30 juin 2023 [AlterPresse] --- Comme d’autres responsables du système des Nations unies, l’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains en Haïti, l’Américain William O’Neill, appelle à une intervention militaire dans le pays, au terme de sa mission de 10 jours en Haïti, en conférence de presse, le mercredi 28 juin 2023, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Ce déploiement militaire est nécessaire pour aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) à faire face à la terreur des gangs armés et rétablir un climat de sécurité dans le pays, considère O’Neill.
Le déploiement d’une force internationale spécialisée aux côtés de la Pnh est indispensable pour rétablir la liberté de mouvement des communautés, insiste-t-il.
« La solution pour Haïti doit en priorité être haïtienne. Elle doit passer par la mise en place des systèmes de performance et de surveillance, pour veiller à la responsabilité et à l’intégrité de toutes les actrices et de tous les acteurs, à chaque niveau de la chaîne hiérarchique ».
L’ampleur de la crise est telle que le soutien adapté et coordonné de la communauté internationale sera fondamental pour accompagner la transition vers une meilleure gouvernance, ajoute William O’Neill.
En ce qui concerne le trafic d’armes, l’expert onusien pointe du doigt la responsabilité des autorités dans la gestion des douanes et des ports, tout en reconnaissant combien la majorité des armes sont arrivées dans le pays en provenance de son pays, les États-Unis d’Amérique.
En plus du contrôle des points frontaliers, des douanes et des ports, William O’Neill recommande l’application immédiate de l’embargo sur les armes, principalement en provenance des États-Unis, établi par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), afin, dit-il, de limiter la violence des gangs armés.
Le Conseil de sécurité de l’Onu a exprimé, à plusieurs reprises, ses préoccupations concernant le trafic illicite et le détournement d’armes et de matériels connexes qui portent atteinte aux droits humains, rappelle O’Neill.
Malgré le contexte de criminalité chronique, William O’Neill dit reconnaître, sur un ton plutôt optimiste, combien « les autorités haïtiennes font face à d’immenses défis.
« Mais la situation n’est pas irréversible. Beaucoup d’actions peuvent être faites pour pallier les défis structurels et conjoncturels ayant engendré la crise actuelle, et ceci, rapidement, et avec peu de moyens. L’État a un rôle fondamental à jouer en ce sens, en tant que garant des droits humains de la population ».
Le premier ministre de facto Ariel Henry et ses ministres ont demandé, le vendredi 7 octobre 2022, à la communauté internationale, le déploiement immédiat d’une force spécialisée armée en Haïti.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement des États-Unis d’Amérique ne cesse point de mettre la pression sur son homologue du Canada, qu’il souhaiterait voir prendre la tête d’une force multinationale, capable d’aider Haïti à combattre les gangs armés.
Le gouvernement du Canada s’est toujours opposé à cette idée, estimant qu’il revient aux Haïtiennes et Haïtiens de prendre le leadership de toute solution à la crise en Haïti.
Entre-temps le premier ministre de facto Ariel Henry se dit optimiste quant à un éventuel soutien international pour combattre la criminalité en Haïti.
« Nous avons des signaux clairs, qui nous montrent que le soutien robuste, que nous attendons pour combattre l’insécurité, n’est pas trop loin », a déclaré Ariel Henry, lors d’un point de presse, le dimanche 25 juin 2023, à l’aéroport international Toussaint Louverture, après sa participation, les jeudi 22 et vendredi 23 juin 2023, au sommet intitulé « Pour un nouveau pacte financier mondial », à Paris (France). [ppsf emb rc apr 30/06/2023 11:05]