P-au-P, 26 juin 2023 [AlterPresse] --- Le juge d’instruction Jean Wilner Morin a transmis à la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) un mandat d’amener contre l’ex-directeur général du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict), Fednel Monchéry, inculpé dans le dossier du massacre de La Saline, perpétré le 13 novembre 2018, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Ce mandat d’amener a été émis contre Fednel Monchéry, qui a récusé l’invitation du juge d’instruction, Jean Wilner Morin, le vendredi 23 juin 2023, dans une correspondance envoyée au cabinet dudit juge.
Monchéry avance comme justification l’affinité qui existerait, selon lui, entre le Réseau national défense des droits humains (Rnddh) et le juge d’instruction, Jean Wilner Morin.
En août 2019, Fednel Monchéry avait déjà récusé l’ancien juge instructeur Chavannes Étienne, actuel doyen du Tribunal de première instance (Tpi) de Port-au-Prince.
Pointé également du doigt dans le massacre de La Saline en novembre 2018, l’ancien maire de Port-au-Prince, Joseph Pierre Richard Duplan, délégué départemental de l’Ouest d’alors, avait aussi demandé un report de son audition, fixée le 3 juillet 2023 par le juge Jean Wilner Morin, évoquant être en voyage à l’étranger pour des soins médicaux.
Cette audition a été initialement prévue pour le lundi 26 juin 2023.
« J’avais déjà refusé l’invitation de l’ancien juge instructeur, Chavannes Etienne, qui avait saisi ce dossier pour la même raison. Le directeur exécutif du Rndh, Pierre Espérance, avait ordonné que le juge exécute ce procès », a dit Fednel Monchéry, dans une déclaration dans la presse.
« Désormais, je ne répondrai point aux invitations du juge, tant que le dossier se trouve dans le tribunal de première instance de Port-au-Prince, car l’instance est contrôlée par le Rnddh. Le dossier du massacre de la Saline devrait être transmis dans un autre tribunal », ajoute Fednel Monchéry.
« Je ne vais pas répondre à une personne qui avait occupé un poste au sein de l’État pour piller ses caisses et organiser un massacre à la Saline », a réagi le directeur exécutif du Rndh, joint au téléphone par l’agence en ligne AlterPresse.
Au moins 71 personnes ont été assassinées et des centaines de maisons détruites, dans le massacre du 13 novembre 2018 à La Saline, selon un rapport du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
Le Rnddh avait relaté des témoignages, accusant Fednel Monchéry, le délégué départemental de l’Ouest d’alors, Joseph Pierre Richard Duplan, un ex-policier national Jimmy Cherizier alias Barbecue, d’avoir pris part à une réunion de planification, le 6 novembre 2018, à Delmas 6, une semaine avant le massacre.
Les massacres ont été perpétrés à La Saline, durant des périodes marquées par deux des plus grandes manifestations antigouvernementales de l’année 2018, soit les mercredi 17 octobre et dimanche 18 novembre 2018, contre la dilapidation des fonds PetroCaribe, avait rappelé le journal américain Miami Herald.
« Durant la période allant du 13 au 17 novembre 2018, à la Saline, des hommes, des femmes et même des enfants, âgés de seulement 4 ans, ont été abattus, leurs corps étant ensuite dévorés par des chiens et des cochons. Des femmes ont été violées et brûlées, de même qu’un officier de police, Juwon Durosier », selon une enquête policière de la Dcpj.
Plus de 70 personnes, dont des autorités étatiques et deux anciens policiers nationaux, devraient être arrêtées pour « actes répréhensibles », liés à la tuerie, perpétrée le 13 novembre 2018, au quartier La Saline, avait recommandé l’enquête interne de la Dcpj. [je emb rc apr 26/06/2023 16:20]