P-au-P, 26 juin 2023 [AlterPresse] --- Du lancement, le lundi 24 avril 2023, d’un mouvement de résistance au sein de la population, dénommé Bwa Kale, au samedi 24 juin 2023, 204 présumés bandits et proches de gangs ont été tués sur le territoire d’Haïti, relève le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un bilan actualisé transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
155 membres présumés de gangs ont été exécutés dans le cadre de ce mouvement, dans le département de l’Ouest, 24 dans l’Artibonite, 12 dans la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), 5 dans le département du Plateau central, 2 dans le Nord-Est, un (1) dans le Nord, un (1) dans le Sud, un (1) dans le Sud Est, indique le Cardh.
L’organisme de droits humains attire l’attention des autorités judiciaires, policières et du gouvernement de facto sur certains cas, où le mouvement Bwa Kale aurait été utilisé « à des fins revanchardes ».
Des individus, qui se sont alliés à des policiers nationaux et d’autres inconnus, auraient utilisé le mouvement Bwa Kale pour régler des comptes avec des tiers par rapport à des conflits antérieurs de nature diverse, dénonce-t-il.
« Des personnes et familles auraient été exécutées et portées disparues, parce qu’elles avaient des liens parentaux avec de présumés membres de gangs ou parce que ces derniers auraient utilisé leurs espaces (restaurant, club...). », révèle le Cardh, soulignant combien, dans certains cas, des policiers semblent être complices ou passifs.
Contraintes de fuir leurs maisons, des familles vivent dans la clandestinité par peur d’être victimes. De plus, des biens, notamment des maisons, ont été détruits sous la base de règlements de compte, dans le cadre du mouvement Bwa Kale.
Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains encourage les parents des victimes à alerter l’opinion publique sur leurs situations et à porter plainte.
Il demande aux autorités d’encadrer le mouvement Bwa Kale en vue d’une sécurité durable, respectant les principes de l’État de droit, et d’éviter que la justice expéditive remplace la justice.
Dans l’après-midi du dimanche 25 juin 2023, un présumé membre du gang de Gran Ravin a été tué, puis brûlé par des riverains, à Savane Pistache, dans le quartier de Carrefour Feuilles (banlieue sud-est de la capitale).
Trois présumés bandits, qui étaient pourchassés par des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh), ont été lynchés, le mercredi 21 juin 2023, par des riverains de Laboule 12, dans la commune de Pétionville (périphérie est de Port-au-Prince).
Lors du déclenchement, le lundi 24 avril 2023, du mouvement de résistance contre les violences des gangs armés en Haïti, au moins 45 présumés bandits ont été exécutés à Debussy et 14 autres à Canapé Vert devant le sous-commissariat de police, selon le premier bilan du Cardh.
« Au moins neuf (9) autres ont été également exécutés à Pacot, deux (2) autres près de l’École Saint-Louis Roi de France (bas de Turgeau), un autre (1) à l’avenue Martin Luther King près de la Unibank ».
Ce réveil citoyen aurait conduit à une réduction drastique des enlèvements et des autres manifestations de la violence des gangs armés, pendant la période du lundi 24 avril au mercredi 24 mai 2023, avait relevé l’organisme de droits humains.
Le Cardh avait alors dénombré 3,051 enlèvements, de l’année 2020 au premier trimestre 2023.
Pour le premier trimestre de 2023, 389 enlèvements ont été recensés, soit une augmentation d’un peu plus de 173% par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022.
142 enlèvements ont été recensés pour le premier trimestre de 2021 contre 225 au premier trimestre de 2022. [emb rc apr 26/06/2023 11:00]