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Haïti-Éducation : L’année scolaire 2022-2023, un échec, selon plusieurs organisations enseignantes

P-au-P, 21 juin 2023 [AlterPresse] --- L’année scolaire 2022-2023 a été un échec en Haïti, à cause des événements qui ont perturbé le fonctionnement du système éducatif surr le territoire national, relèvent plusieurs syndicats d’enseignantes et d’enseignants, dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.

Cette année, les élèves ont reçu une formation au rabais, en raison de l’insouciance du gouvernement de facto, en particulier du Ministère de l’éducation nationale et de formation professionnelle (Menpf), critique le coordonnateur général de l’Union nationale des normaliennes, normaliens, éducatrices et éducateurs d’Haïti (Unnoeh), Kensone Délice.

Initialement prévue en septembre 2022, la rentrée des classes pour l’année académique 2022-2023 a été reportée à plusieurs reprises, de manière unilatérale, sans consulter les partenaires sociaux, reproche l’Unnoeh.

C’était un gros coup contre l’éducation en Haïti, où le nombre de jours de classes, retenu généralement à l’échelle internationale n’est pas respecté, regrette-t-elle.

Les manœuvres des gangs armés dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, et dans plusieurs villes en province ont empêché le bon fonctionnement des écoles, rappelle l’Unnoeh, qui s’insurge contre l’incapacité des autorités étatiques à faire face au climat de terreur entretenue, en toute impunité, par les bandes criminelles.

Les autorités n’ont pas su prendre des mesures, pouvant faciliter le fonctionnement normal des écoles, durant l’année académique scolaire 2022-2023.

L’Unnoeh dénonce les mépris, exprimés par le titulaire de facto du Menfp, Nesmy Manigat, à l’encontre des revendications des enseignantes et enseignants.

Les syndicats enseignants ont déposé, depuis plus d’un an, un cahier de revendications pour exiger de meilleures conditions de travail. Face à l’insouciance des autorités éducatives, les syndicats enseignants ont été contraints de recourir à la grève durant 8 semaines, en vue d’exiger des réponses concrètes à leurs revendications.

« Nous ne saurons faire fonctionner l’école à partir des cours de rattrapage », met en garde l’Union nationale des normaliennes, normaliens, éducatrices et éducateurs d’Haïti, qui qualifie d’irresponsable la décision du Menfp, qui a « initié des cours de rattrapage pour les élèves dans une logique de propagande ».

« De 2019 à nos jours, nous avons perdu littéralement une année d’école. Les conséquences sont énormes en termes d’apprentissage de connaissances... », relève, pour sa part, William Thélusmond, directeur exécutif du Regroupement éducation pour toutes et tous (Rept), également interrogé par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

La paralysie des activités scolaires, à cause des manœuvres des gangs armés, a des conséquences négatives sur l’apprentissage des élèves à l’école, souligne le Rept.

La branche en Haïti du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) signale avoir enregistré neuf fois plus de violence armée contre les écoles en douze mois (de février 2022 à janvier 2023), sur le territoire national, dans un communiqué début février 2023.

Parmi les actes de violence armée contre les écoles dans le pays, Unicef Haïti mentionne les fusillades, les saccages, les pillages et les enlèvements.

La montée de la violence dans les zones urbaines a contraint à la fermeture de 30 écoles, au cours des six premiers jours de classes du mois de février 2023, poursuit Unicef Haïti.

Du point de vue psychosocial, il devrait y avoir, dans les écoles, un programme pour assister les élèves et professeurs, afin de les aider à surmonter toutes les difficultés sociales, auxquelles ils ont été exposés durant cette année scolaire 2022-2023, recommande le Rept.

Depuis 2018, les élèves peinent à boucler le programme, alors que le but de l’école est d’aider les élèves à acquérir de nouvelles connaissances tout en réussissant les examens, fustige la secrétaire générale de la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs haïtiens (Cneh), Rose Therèse Magalie Georges.

« Le système éducatif national s’est effondré. Il est temps de le repenser. Nous sabotons l’école et l’apprentissage des enfants depuis trop longtemps », déplore la Cneh

Plus de 200 écoles ont été contraintes à cesser de fonctionner à Fontamara et à Portail Léogane (sud de Port-au-Prince). Au fil des années, de nombreuses failles seront observées d’apprentissage des élèves dans le système éducatif national, anticipe la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs haïtiens. [je emb rc apr 23/06/2023 14:10]