Ouanaminthe (Haïti), 21 juin 2023 [AlterPresse] ---La Platfòm sendika izin tekstil-Batay ouvriye (Plasit-Bo) [1] dénoncent des tentatives d’intimidation et de chantage des responsables de la Compagnie de développement industriel (Codevi), après la mort par balles d’un adolescent et de deux ouvriers, le jeudi 15 juin 2023, à Ouanaminthe, lors d’une confrontation entre des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et des ouvriers haïtiens travaillant à l’usine M2, de ladite compagnie à Ouanaminthe (département du Nord-Est),
Rien de concret n’est sorti d’une réunion, tenue le lundi 19 janvier 2023 au parc industriel de Ouanaminthe, entre des ouvrières et ouvriers et des responsables de la Codevi, autour de la tragédie du 15 juin 2023, rapporte à la plateforme AlterPresse/AlterRadio, le porte-parole de la Plasit-Bo, Télémaque Pierre.
La réunion n’a duré que quelques minutes. Les responsables de la Codevi n’avaient pas autorisé les centrales syndicales à prendre part aux discussions, destinées à faire la lumière sur ce qui s’est passé le 15 juin 2023 et en fixer les responsabilités.
« Les responsables de la Codevi estiment que nous (les syndicalistes) avons été trop durs à leur égard, à la suite des violences du 15 juin 2023. Ils étaient venus seulement pour intimider les ouvrières et ouvriers, regroupés dans des syndicats de base au niveau du parc industriel de Ouanaminthe, en annonçant la fermeture définitive des activités pour les 3 à 6 prochains mois ».
La Plasit-Bo assimile la posture des responsables de la Codevi à des tentatives de chantage et d’intimidation, visant à refroidir l’élan des ouvrières et ouvriers et des syndicats, qui exigent justice et réparation pour les victimes.
« On ne va pas se laisser faire », affirme la Plasit-Bo.
Pour l’instant, la Plasit-bo indique être en train de compiler les faits et témoignages pour monter un dossier complet et voir, avec ses avocats, comment ’intenter une action en justice contre la Codevi et les policiers à la base de ce qu’elle qualifie d’exécution sommaire des ouvriers.
Les syndicats ouvriers accusent les policiers de l’unité de la Police frontalière (Polifront) et ceux de la Brigade d’intervention (Bi) dans la mort des trois victimes.
15 personnes ont été blessées lors des incidents du jeudi 15 juin 2023, dont une femme qui a perdu sa jambe et un adolescent dont la main a été fortement endommagée en essayant de sauver une femme enceinte dans la rivière Massacre.
Lors du mouvement de panique, des soldats de l’armée de la République Dominicaine et du Corps spécialisé de sécurité des frontières terrestres (Cesfront) ont été déployés par les autorités à la frontière, pour renforcer la sécurité, principalement dans la province de Dajabón.
Le drame s’est produit, suite à un mouvement de protestations des ouvrières et ouvriers contre des agents de sécurité de la Codevi, qui avaient interdit l’entrée au parc à une ouvrière, à cause de sa tenue vestimentaire, qu’ils ont jugé inappropriée.
« L’un des agents de sécurité de la Codevi a agressé physiquement l’ouvrière. Ce qui a soulevé la colère de ses camarades de l’usine M2 », a signalé la Plasit-Bo.
Il s’en est suivi des échauffourées entre les ouvrières et ouvriers et les agents de sécurité de la Compagnie de développement industriel.
N’ayant pas les moyens pour contenir les ouvrières et ouvriers en colère, les agents de sécurité ont fait appel aux agents de Polifront et à ceux de la Brigade d’intervention, cantonnés dans un sous-commissariat de police, situé dans les périmètres du parc.
Les troubles du 29 septembre 2022 avaient provoqué la fermeture temporaire du parc Codevi, où travaillent 20 mille personnes. [ppsf emb rc apr 21/06/2023 13:00]
[1] La Platfòm sendikal izin tekstil- Batay ouvriye (Plasit-Bo) regroupe les syndicats Sendika ouvriye tekstil abiman (Sota-Bo), Sendika ouvriye Codevi ak Wanament (Sokowa) et Sendika ouvriye vanyan nan S&H Global (Sovashg)