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Migration : Amnesty international appelle à mettre fin aux traitements racistes réservés aux Haïtien-ne-s en quête d’asile dans les Amériques

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 20 juin 2023 [AlterPresse] --- L’organisation Amnesty international demande aux États des Amériques de mettre fin immédiatement aux traitements racistes, dont sont victimes les Haïtiennes et Haïtiens en quête de sécurité et de protection internationale, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, le lundi 19 juin 2023, dans une alerte transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

Amnesty international dénonce les actes de discrimination contre les personnes noires, notamment la torture et les autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, fondés sur la race, réservés aux Haïtiennes et Haïtiens en quête d’asile.

Les politiques racistes en matière de migration et d’asile seraient à l’origine d’une exacerbation des préjudices, déjà subis par les personnes contraintes d’endurer et de fuir la crise humanitaire et la crise des droits humains en Haïti, souligne-t-elle.

Un juge américain avait décidé de bloquer la résiliation du « Titre 42 », mesure initialement adoptée par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, sous prétexte de Covid-19 (le nouveau coronavirus), et mise en place en mars 2020.

Le « Titre 42 » autorisait les expulsions sans dépistage ni protection d’asile.

La Cour suprême des États-Unis d’Amérique a autorisé, le mardi 27 décembre 2022, le maintien du Titre 42.

Ces derniers mois, l’administration de Joseph Robinette Biden, dit Joe Biden, a intensifié l’expulsion, vers le Mexique, des Cubains, Vénézuéliens, Haïtiens et Nicaraguayens, qui franchissent sans papiers la frontière américaine.

Ces rapatriements massifs font suite à l’élargissement du programme de libération conditionnelle des États-Unis, permettant mensuellement à 30 mille citoyennes et citoyens de ces quatre pays (Cuba, Venezuela, Haïti et Nicaragua) de venir vivre et travailler aux États-Unis pendant deux ans, avec le support de sponsors.

Cette nouvelle initiative de l’administration Biden viserait à freiner l’immigration clandestine.

La directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International, l’avocate américano-mexicaine des droits humains Erika Guevara Rosas, « invite les États des Amériques à s’acquitter de leurs obligations internationales en matière de droits humains, sans exercer de discrimination, à évaluer les besoins de protection des Haïtiennes et Haïtiens, qui essaient de trouver refuge dans le cadre de procédures d’asile équitables et efficaces, et à s’abstenir de les renvoyer en Haïti ».

Ces États des Amériques sont aussi appelés à protéger et faire respecter la dignité et les droits des migrantes et migrants, demandeuses et demandeurs d’asile haïtiens, au lieu de les exposer encore davantage au danger.

« La solidarité régionale et la réforme des politiques migratoires dans une perspective antiraciste sont essentielles pour faire face aux graves dangers et injustices, auxquels ces personnes sont confrontées », affirme Guevara Rosas.

Au lieu de bénéficier de la solidarité d’autres pays des Amériques, les Haïtiennes et Haïtiens ont été victimes de racisme, de xénophobie et de violences systématiques dans leur quête de protection, reproche l’organisation Amnesty international.

« Les Haïtiennes et Haïtiens, qui transitent par les Amériques, sont, par ailleurs, constamment privés d’accès aux services de base et de protection juridique. Ces conditions précaires sont exacerbées par le racisme systémique et les stéréotypes négatifs dont ils sont victimes. Ce qui entrave leur intégration et perpétue leur marginalisation ».

Les femmes, les jeunes filles et les personnes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes (Lgbti) haïtiennes connaissent des niveaux de discrimination encore plus élevés, subissent de mauvais traitements en tant que migrantes et demandeuses d’asile noires et sont exposées à la menace des violences fondées sur le genre, relève l’organisation Amnesty international.

Conditions d’existence cruelles des migrantes et migrants haïtiens au Mexique

La récente décision du gouvernement des États-Unis de rendre obligatoire l’utilisation d’une application mobile, pour demander l’asile à la frontière Sud du pays, désavantage tout particulièrement les Haïtiennes et Haïtiens, signale Amnesty international.

Les Haïtiennes et Haïtiens « risquent davantage d’être victimes de discrimination raciale et de violence dans le Nord du Mexique, où ils ont systématiquement exclus des centres d’hébergement. Ce qui les oblige à vivre dans des camps aux conditions cruelles et les expose à des dangers accrus ».

Les migrantes et migrants haïtiens éprouvent des difficultés à utiliser la technologie de reconnaissance faciale de l’application CBP One, qui peine à reconnaître les visages noirs, dévoile l’organisation Amnesty international.

Cette application soulèverait de graves questions en matière de protection de la vie privée, de discrimination et de surveillance, relève Amnesty international. [emb rc apr 20/06/2023 13:15]