Léogâne (Haïti), 19 juin 2023 [AlterPresse] --- La situation humanitaire de plusieurs familles tend à s’aggraver de plus en plus dans la commune de Léogâne (à 33 km au sud de la capitale, Port-au-Prince), dans le département de l’Ouest, depuis les intempéries des vendredi 2 et samedi 3 juin 2023, selon les témoignages recueillis par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
« Nous vivons dans la rue depuis la destruction de nos maisons, lors des intempéries des vendredi 2 et samedi 3 juin 2023. Cette situation nous déshumanise. C’est vraiment dommage ».
C’est le cri d’alarme de Cimonel Bisnet, un jeune homme de 31 ans, qui vivait depuis le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010, au centre-ville de Léogâne, dans un abri provisoire, recouvert en bois et tôles.
Très affecté lors des inondations de debut juin 2023, qui ont fait 24 morts et des dégâts considérables dans la commune, Cimonel Bisnet, qui vit avec sa grand-mère âgée de 69 ans, dit avoir tout perdu, dont ses papiers d’identification.
« Nous vivons déjà dans un abri provisoire, depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Notre situation s’est aggravée avec le passage de ces intempéries, qui ont tout emporté », déplore Cimonel Bisnet, signalant combien la plupart des victimes se trouvent dans la même situation que sa famille.
« Dans la zone, ou j’ai habité avant les inondations, nous avons perdu nos maisons. Les eaux en furie ont emporté tous nos documents d’identité. Nous sommes comme des animaux », confie ce jeune homme, qui dit n’avoir plus goût à la vie.
« Nous ne bénéficions d’aucune assistance des autorités de l’État central, encore moins des autorités municipales. Nous sommes des centaines de familles sans abris au centre-ville, depuis les intempéries des vendredi 2 et samedi 3 juin 2023. L’action la plus urgente, que l’État pourrait faire en notre faveur, c’est de construire des espaces pour nous loger avec nos proches », souhaite-t-il.
Les inondations et glissements de terrain, survenus les vendredi 2 et samedi 3 juin 2023 en Haïti, ont fait au moins 51 morts, 18 personnes portées disparues et 140 autres blessées, à côté des pertes de bétail, de plantations saccagées et d’immenses autres dégâts matériels.
A côté de la situation humanitaire, qui se détériore dans la commune de Léogâne depuis les inondations de début juin 2023, la situation des écolières et écoliers, notamment ceux du lycée Anacaona, préoccupent parents et élèves de la commune.
Depuis la fin du mois de février 2023, les professeurs sont aux abonnés absents au lycée Anacaona de Léogâne, rapporte une élève dudit lycée, Dahana Jeanty, âgée de 19 ans, dans une interview à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
« Contrairement aux autres élèves des écoles privées de la commune, l’année académique 2022-2023 est un échec total pour moi et mes camarades du lycée, à cause de l’absence répétée des enseignantes et enseignants dans les salles de classes », regrette-t-elle.
« Pour moi, nous ne sommes pas préparés pour subir les examens de fin d’année. Donc, c’est une classe à refaire », dit-elle.
Pour sa part, Fabiola Lundi, grande sœur d’une écolière au lycée d’Anacaona de Léogâne, impute l’échec de l’année académique à l’irresponsabilité de l’État, qui ne souci guère de l’avenir des jeunes.
Elle plaide pour une prise de conscience des autorités, afin de sauver l’avenir de la jeune génération.
Depuis le début du mois d’avril 2023, les enseignantes et enseignants des écoles publiques ont lancé une grève illimitée à travers Haïti, pour réclamer de meilleures conditions de travail, le paiement de plusieurs mois d’arriérés de traitements, la révision de la grille salariale et la nomination d’enseignantes et d’enseignants.
Lors d’une réunion spéciale, le vendredi 16 juin 2023, sur la sécurité alimentaire dans le pays, la directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), l’Américaine Catherine Mary Russell, a souligné combien Haïti serait « au bord de la catastrophe ».
Elle a fait état d’enfants tués sur le chemin de l’école, de niveaux stupéfiants de violence sexuelle et sexiste, de malnutrition et d’épidémie de choléra, qui continuent d’affecter différentes communautés.
Elle demande à la communauté internationale de « cesser de traiter ces crises comme des événements distincts », mais « de considérer la situation d’Haïti comme une crise de développement à plus long terme, exacerbée par des phases d’urgence aiguë récurrentes ». [ppsf emb rc apr 19/06/2023 20:10]
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