P-au-P, 19 juin 2023 [AlterPresse] --- Les membres du Conseil économique et social (Ecosoc) de l’Organisation des Nations unies (Onu) souhaitent des mesures concrètes et urgentes, visant à combattre la faim en Haïti, lors d’une réunion spéciale, le vendredi 16 juin 2023, sur la sécurité alimentaire dans le pays, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Des États membres de l’Onu, des agences des Nations unies, des observatrices et observateurs ainsi que des partenaires des Nations unies, la société civile, le secteur privé et les institutions financières institutionnelles ont pris part à cette réunion spéciale, intitulée « Sauver des vies : Répondre aux besoins urgents de sécurité alimentaire d’Haïti ».
La présidente de l’Ecosoc, la Bulgare Lachezara Stoeva, lance un appel à une action internationale urgente, signalant combien le plan de réponse humanitaire pour cette année 2023 n’est financé qu’à 22.6 %.
Il ne se passe pas un seul jour sans qu’une personne ne meure des suites de violence, de maladie ou de malnutrition, a déclaré l’ambassadeur canadien auprès de l’Organisation des Nations unies, Robert Keith Rae, président du groupe consultatif ad hoc de l’Ecosoc sur Haïti.
Le diplomate canadien recommande à la communauté internationale de soutenir les efforts sur le terrain, de fournir une assistance immédiate et de renforcer la résilience des ménages, des petites agricultrices et des petits agriculteurs.
1,8 million d’Haïtiennes et d’Haïtiens sont confrontés à des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence, tandis que près de 5 millions n’ont pas assez à manger, déplore-t-il.
Haïti ferait, désormais, partie des pays, où les niveaux d’insécurité alimentaire sont les plus élevés.
Haïti figure, avec trois pays d’Afrique (Burkina Faso, Mali et Soudan), où le niveau d’alerte par rapport à la famine reste très élevé., ont relevé l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et le Programme alimentaire mondial (Pam), dans un rapport publié le lundi 29 mai 2023.
Menacés par des niveaux inédits de violence, de malnutrition et de pauvreté, près de 3 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire urgente en Haïti, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré, s’est également inquiété le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), dans un communiqué publié le vendredi 16 juin 2023.
Les enfants risquent de mourir à cause de la faim et de la malnutrition, qui atteignent des taux record à l’échelle du pays, avertit l’Unicef.
Malgré les efforts déployés par la Communauté des Caraïbes (Caricom) pour restaurer la stabilité politique en Haïti, la situation de criminalité (d’insécurité à multiples facettes) en Haïti a empêché les agences humanitaires de fournir de l’assistance pertinente, a souligné le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness.
Holness estime nécessaire la mise en place d’un corridor humanitaire, soutenu par des partenaires internationaux, ainsi qu’un soutien à la Police nationale d’Haïti (Pnh), afin qu’elle puisse aider au mouvement des marchandises, vers et à travers les ports, en direction des communautés.
Le « risque de guerre civile serait bien réel » en Haïti si la communauté internationale n’intervient pas sur le territoire national, selon le titulaire de facto du Ministère de la planification et de la coopération externe (Mpce), Ricard Pierre, qui s’exprimait lors de la réunion spéciale de l’Ecosoc.
La réunion spéciale de l’Ecosoc, le vendredi 16 juin 2023, à New York, ambitionnait de mobiliser des actions d’aide d’urgence, en vue de la mise en œuvre de systèmes alimentaires durables.
La communauté internationale devrait soutenir la Pnh pour faire face au « climat de terreur », imposé par de puissants gangs armés, dit Ricard Pierre, qui souhaite une coopération technique et financière renforcée dans l’agriculture, dans l’objectif de créer des emplois décents et de fournir des produits alimentaires de base dans le pays.
La semaine dernière, le gouvernement du Canada a annoncé envisager la création d’une cellule conjointe de coordination de la sécurité, dirigée par le Canada, dans le cadre de son soutien à Haïti.
Cette cellule devrait renforcer les efforts internationaux en matière d’assistance à la sécurité, en travaillant en étroite collaboration avec la Police nationale d’Haïti (Pnh) et les Nations Unies, pour favoriser un environnement durable pour la paix et la sécurité à long terme en Haïti.
Une aide de 13 millions de dollars sera accordée à Haïti, par le biais du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, afin de répondre aux préoccupations immédiates et à long terme, informe le gouvernement canadien.
Le gouvernement du Canada aurait aussi annoncé l’ouverture d’un bureau en République Dominicaine, dans l’objectif de répondre aux besoins de la Police nationale d’Haïti (Pnh), pour rétablir la paix sur le territoire national, a informé Radio Canada.
« Le gouvernement dominicain confirme qu’il n’a discuté, convenu ou accordé aucune autorisation, pour l’installation, sur notre territoire, d’un bureau de coordination du soutien à la Police nationale d’Haïti (Pnh), comme l’indiquent les informations d’un média canadien », a réagi le ministre des affaires étrangères de la République Dominicaine, Roberto Alvarez Gil, dans un tweet.. [emb rc apr 19/06/2023 10:30]