P-au-P, 15 juin 2023 [AlterPresse] --- 58 agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont été assassinés, au cours de la période allant de juin 2022 à juin 2023, enregistre le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
De janvier à juin 2023, 29 policiers nationaux ont été tués, selon le rapport du Rnddh, publié à l’occasion du 28e anniversaire (12 juin 1995 - 12 juin 2023) de la Police nationale d’Haïti.
Gérald Octinal, Duckens Cejuste et Luc Eliezer ont été assassinés, le 20 janvier 2023, à Métivier, dans la commune de Pétionville, dans une embuscade tendue par des bandits armés.
Wiclern Staniclas est, depuis le 20 janvier 2023, porté disparu, tandis qu’un autre policier national a été blessé au cours de cette attaque.
Un autre policier, Osny Mesadieu, est décédé à l’hôpital, des suites de ses blessures par balles, lors du raid à Liancourt.
Au moins 13 attaques de bandits armés contre plusieurs postes de police
De juin 2022 à juin 2023, au moins treize (13) attaques armées ont été perpétrées à l’encontre de postes de police, a dénombré le Rnddh, déplorant les conditions générales de travail des agentes et agents de la Pnh.
Dans la soirée du 1er mars 2023, le sous-commissariat de Fort-Jacques a été incendié par des bandits armés, appartenant au gang Kraze Baryè dirigé par Vitelhomme Innocent.
Plusieurs véhicules de la Pnh y ont été également incendiés.
Dans l’après-midi du 5 avril 2023, le sous commissariat de police à Meyotte, dans la commune de PétionVille, a été aussi incendié, lors d’une attaque d’individus armés, qui a occasionné d’importants dégâts matériels.
« Le 11 avril 2023, des individus armés opérant à Savien dans l’Artibonite, ont pillé puis incendié le commissariat de police à Petite-Rivière de l’Artibonite. Ce jour-là, ils avaient trouvé le poste de police totalement vide, les policiers qui y étaient affectés ayant décidé d’abandonner l’espace, en signe de protestation contre la manière dont le dossier relatif à l’assassinat des sept (7) policiers à Liancourt était traité par la hiérarchie de l’institution policière. », mentionne le Rnddh.
Ces individus armés ont emporté divers matériels de la Pnh, dont un (1) véhicule modèle Pick up, un (1) projecteur de lumière autonome, une (1) génératrice, des lits et des armoires.
De juin 2022 à juin 2023, des policiers nationaux ont été aussi chassés de leurs domiciles et certains autres ont été enlevés pour être séquestrés contre rançon, relève également l’organisme de défense des droits humains.
Devenue explosive depuis 2022, la situation sécuritaire est caractérisée par des assassinats, des vols, des viols dont des viols collectifs.
Le Rnddh critique les conditions extrêmement difficiles, dans lesquelles travaillent les agentes et agents de la Pnh.
Les responsables de tous les commissariats et sous-commissariats de police ainsi que les policiers nationaux « disposent de matériels et équipements policiers défectueux ou en quantité insuffisante : armes et munitions, bâtons, casques, boucliers, torches, gaz lacrymogènes ».
Démoli il y a plus de quatre (4) ans, le bâtiment du commissariat de police à Anse-à-Galets (île de La Gonâve), en face de la baie de Port-au-Prince, dans le département de l’Ouest, n’a, à date (juin 2023), pas été reconstruit.
Installé dans deux (2) espaces provisoires distincts et disposant d’une seule voiture fonctionnelle et de cinq (5) motocyclettes en mauvais état, le commissariat de police à Anse-à-Galets compte quelques chaises, un classeur métallique, un registre de cas et deux (2) batteries d’onduleur de courant électrique, rapporte le Rnddh.
Le sous-commissariat de police à Delmas 3 dispose de deux (2) voitures, en panne depuis plus de trois (3) mois, alors que le commissariat de police à Delmas 33 n’a pas suffisamment d’équipements dans les bureaux.
De plus, le salaire des policiers-ères jugé insuffisant leur est livré en retard.
Face à cette situation, le Réseau national de défense des droits humains recommande aux autorités concernées d’offrir de meilleures conditions de travail aux policières et aux policiers nationaux.
Il demande de construire et de réaménager les locaux des postes de police, en fonction des besoins déjà identifiés par les responsables des commissariats et sous-commissariats de police.
Il faut aussi réviser les niveaux de traitements des policières et policiers ainsi que les avantages sociaux, qui leur sont accordés, dont la couverture d’assurance maladie.
Procéder à la certification des agents-tes de la Pnh, à des changements dans la hiérarchie de l’institution policière, et mettre fin à l’utilisation des ressources de l’État au profit des bandits armés, alors que les policiers-ères sont dans le dénuement le plus total, sont parmi les principales recommandations du Rnddh. [emb rc apr 15/06/2023 12:15]
Photo : Pnh
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