P-au-P, 13 juin 2023 [AlterPresse] --- Seul un consensus entre les forces vives et sociales en Haïti pourrait permettre à la nation de reconquérir sa souveraineté et rompre avec ce règne abject, a préconisé le groupe signataire de l’accord du 30 août 2021 dit l’accord de Montana, à l’ouverture, le dimanche 11 juin 2023, au forum organisé à Kingston, en Jamaïque, sous les auspices de la Communauté des Caraïbes (Caricom), selon les informations obtenues par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Pour y parvenir, le groupe Montana propose que ce consensus s’attèle à rétablir, sur une base consensuelle, transitionnelle et dans l’esprit de la Constitution de 1987, les 3 pouvoirs de l’État, avec un exécutif bicéphale.
Les contours exacts de cet exécutif bicéphale devraient aussi faire l’objet d’une recherche de consensus.
Il convient de constituer une autorité de contrôle de l’action du gouvernement, s’assurer que l’autorité gouvernementale et l’organe de contrôle du gouvernement de transition disposent d’une légitimité sociale.
Instaurer un gouvernement de transition de rupture avec les mauvaises pratiques de pilotage et d’administration de l’État, et qui prend en compte les revendications de la société, rétablir le système judiciaire dans la plénitude de son indépendance et de son autonomie sur la base d’une entente politique et rouvrir les tribunaux qui ne fonctionnent pas, sont parmi les recommandations, formulées par le groupe Montana.
Le groupe Montana appelle à réaliser une conférence nationale souveraine, y compris les questions en lien avec la Constitution et les partis politiques dans son cadre de référence, et à établir deux commissions de vérité et justice sur les crimes financiers et les crimes de sang.
Il suggère de réduire, de manière drastique, la criminalité et de démanteler les gangs armés et leurs fournisseurs, de réviser le système électoral, afin d’assurer la nationalisation du processus électoral et la réalisation d’élections souveraines, démocratiques, participatives et transparentes.
Il préconise aussi de préparer et d’amorcer la relance des activités économiques, sociales et culturelles, et de jeter les bases pour mener la lutte systématique contre la corruption et l’impunité.
Ces propositions se fondent sur le rejet de la violence comme moyen d’expression politique et le recours au dialogue et à la concertation pour le règlement des différends, souligne le groupe Montana.
Forcé par l’insouciance du gouvernement à se défendre, le peuple haïtien se montre de plus en plus capable de supporter les forces légales à garantir la sécurité, soutient, pour sa part, le coordonnateur général du parti politique Organisation du peuple en lutte (Opl), Edgard Leblanc Fils, lors de son intervention à l’ouverture de la session tenue en Jamaïque.
« Le cri du peuple haïtien face aux différentes formes de violence et de crimes, dont il est l’objet, est l’essence du discours de l’Opl. (…) . Le dialogue doit se porter sur la crise. Non sur des postes », lit-on sur le compte Twitter du parti politique Opl.
En ce moment critique, la Jamaïque soutient fermement le processus de dialogue inclusif et ouvert, motivé par l’intention sincère de trouver des solutions durables aux défis actuels d’Haïti, a déclaré le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Michael Holness, à l’ouverture du forum entre les protagonistes haïtiens.
« Je suis heureux de voir la participation de représentants de divers secteurs de la société haïtienne à ces discussions. Leur présence symbolise la volonté collective et la détermination du peuple haïtien à apporter un changement positif dans son pays bien aimé ».
Malheureusement, dans la nuit du lundi 12 au mardi 13 juin 2023, dans la municipalité de Tabarre, des bandits lourdement armés ont attaqué, pillé et incendié, en emportant plusieurs véhicules, la compagnie SunAuto, concessionnaire de différentes marques de véhicules, qui abrite le consulat honoraire de la Jamaïque en Haïti.
Serait-ce un message, envoyé par qui, au gouvernement de la Jamaïque, qui a accueilli le sommet sur la crise en Haïti, sous les auspices de la Communauté des Caraïbes (Caricom) ?
En réaction, le gouvernement de la Jamaïque, par l’intermédiaire de son ministère des affaires étrangères, a immédiatement annoncé sur Twitter avoir « suspendu indéfiniment » ses services consulaires en Haïti.
Plusieurs représentants de partis, de regroupements politiques et de la société civile ont fait le déplacement, pour aller renouveler leurs positions sur la crise politique en Haïti, à la rencontre organisée, en Jamaïque, par la Caricom, les dimanche 11, lundi 12 et mardi 13 juin 2023.
Ces pourparlers sont entamés « dans la perspective d’une solution politique à la situation d’exception, née de la mise en place, depuis le 20 juillet 2021, d’un gouvernement illégitime, irresponsable, impopulaire, dirigé par le Dr, Ariel Henry », a considéré, dans une note, le Collectif des signataires de la déclaration du 30 janvier 2023, regroupant les partis politiques Pitit Desalin, Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), l’Organisation du peuple en lutte (Opl), le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), le Grand rassemblement pour l’évolution d’Haïti (Greh ), le Parti haïtien tèt kale (Phtk).
Le premier ministre de facto, Ariel Henry s’est, de nouveau, engagé à procéder à un remaniement au sein de son gouvernement de facto et à la formation d’un nouveau Conseil électoral provisoire (Cep), avec des personnalités proposées par divers secteurs de la vie nationale, lors d’une intervention à l’ouverture de la rencontre. [je emb rc apr 13/06/2023 19:30]