P-au-P., 03 juin 2023 [AlterPresse] --- L’ancien premier ministre haïtien Laurent Salvador Lamothe tente de riposter, après la décision du département d’État américain de lui interdire l’entrée aux États-Unis d’Amérique, pour son implication dans le détournement, pendant l’exercice de ses fonctions, d’au moins 60 millions de dollars du fonds d’investissement et de protection sociale PetroCaribe du gouvernement haïtien à des fins privées, observe AlterPresse.
« Laurent S. Lamothe, ancien Premier ministre d’Haïti, rejette vigoureusement la désignation récente du Département d’État américain le concernant pour ‘implication dans une corruption importante’ », écrit le concerné dans un communiqué émis le 3 juin, environ 24 heures après la décision américaine.
Celui qui avait soutenu la candidature de Michel Martelly avant de devenir le chef de son gouvernement de 2012 à 2014 déplore que « malheureusement, la décision du secrétaire d’État Anthony J. Blinken ne repose pas sur des preuves factuelles, mais sur des rumeurs recyclées datant du mandat de Lamothe en tant que Premier ministre de 2012 à 2014 ».
Durant cette période Lamothe, « par cet acte de corruption et son implication directe dans la gestion du fonds », a « exploité son rôle d’agent public et contribué à l’instabilité actuelle en Haïti », avait précisé Blinken, tout en s’engageant à promouvoir la responsabilité des fonctionnaires corrompus en Haïti.
L’ancien dirigeant haïtien estime que la décision annoncée par le secrétaire d’état américain a son encontre souffre d’un déficit de preuves factuelles et ignore les audits antérieurs soulignant que « …le département d’État, dans son rapport de novembre 2022 au Congrès américain … avait souligné qu’aucune ‘disparition spécifique de fonds’ n’avait été identifiée dans un rapport sur PetroCaribe ».
Le communiqué de Lamothe intervient au lendemain d’une interview au journal Floridien Miami Herald, quelques heures après la publication des sanctions.
Comme il avait fait à la suite des sanctions canadiennes, Laurent Lamothe joue la carte de la victime, arguant que les nouvelles mesures du gouvernement américain ne servent qu’à répondre aux souhaits de certains de ses adversaires politiques de longue date en Haïti.
Se présentant comme « un membre exemplaire de la communauté de Miami » depuis sa jeunesse jusqu’au a son statut d’entrepreneur désormais non autorisé à rentrer aux États-Unis, où vit sa famille, Lamothe dit entendre « poursuivre toutes les voies légales qui lui sont offertes pour contester la désignation du département d’État, afin de rétablir son honneur, de s’engager en faveur de la vérité et, par-dessus tout, de retrouver sa famille ».
Des irrégularités graves, des fautes de gestion et des détournements de fonds ont été relevés dans un audit incomplet de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) sur le programme PetroCaribe, rendu public le 31 janvier 2019.
De hauts dignitaires de l’État, dont des premiers ministres, ainsi que d’anciens ministres, d’anciens directeurs généraux et des responsables de firmes de constructions sont également indexés dans la mauvaise gestion de plus de 4 milliards de dollars américains du programme PetroCaribe d’aide vénézuelienne à Haïti.
Malgré le scandale provoqué dans le pays à la suite des rapport de la Cscca, Laurent Lamothe avait bénéficié de cette même court 4 rapports d’audit favorables qui lui avaient permis de trouver décharge pleine et entière suite à la décision adoptée en Conseil des Ministres le 4 juillet 2021, 3 jours avant l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse.
Le Canada a sanctionné l’ancien premier ministre, Laurent Salvador Lamothe (16 mai 2012 - 14 décembre 2014) avec l’ex-ministre Jean Henry Céant (17 septembre 2018 - 18 mars 2019) et l’ancien président haïtien Joseph Michel Martelly (14 mai 2011 - 7 février 2016) pour leur financement des gangs en Haïti.
Un ordre signé du président dominicain Luis Abinader, en date du 14 avril 2023, empêche désormais l’entrée dans son pays de plusieurs politiciens haïtiens, dont les anciens premiers ministres Laurent Lamothe et Evans Paul, parmi 39 personnalités, en vue de « protéger la sécurité » de la population dominicaine. [psf gp apr 03/06/2023 23:50]