P-au-P, 02 juin 2023 [AlterPresse] --- Le département d’État des États-Unis d’Amérique annonce des sanctions, prises contre l’ancien premier ministre haïtien Laurent Salvador Lamothe [1] pour son implication dans le détournement, pendant l’exercice de ses fonctions, d’au moins 60 millions de dollars du fonds d’investissement et de protection sociale PetroCaribe du gouvernement haïtien à des fins privées.
Cette action rend Lamothe généralement inéligible à l’entrée aux États-Unis, indique un communiqué du secrétaire d’État américain Anthony Blinken, publié le 2 juin 2023 sur le site du département d’État des États-Unis, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
« Par cet acte de corruption et son implication directe dans la gestion du fonds, il a exploité son rôle d’agent public et contribué à l’instabilité actuelle en Haïti », précise-t-il, tout en s’engageant à promouvoir la responsabilité des fonctionnaires corrompus en Haïti.
Des irrégularités graves, des fautes de gestion et des détournements de fonds ont été relevés dans un audit incomplet de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) sur le programme PetroCaribe, rendu public le 31 janvier 2019.
De hauts dignitaires de l’État, dont des premiers ministres, ainsi que d’anciens ministres, d’anciens directeurs généraux et des responsables de firmes de constructions sont également indexés dans la mauvaise gestion de plus de 4 milliards de dollars américains du programme PetroCaribe d’aide vénézuelienne à Haïti.
La désignation de Laurent Lamothe fait partie d’une série d’actions, qui promeuvent la responsabilité de ceux qui fomentent la violence, bloquent l’aide humanitaire vitale et s’enrichissent aux dépens du peuple haïtien, souligne le département d’État des États-Unis.
Cette désignation publique est faite en vertu de l’article 7031 (c) de la loi de 2023 sur les crédits du département d’État, des opérations étrangères et des programmes connexes.
« L’article 7031(c) exige que le secrétaire d’État désigne publiquement ou en privé les fonctionnaires étrangers et les membres de leur famille immédiate, au sujet desquels le secrétaire dispose d’informations crédibles d’implication dans une corruption importante ou une violation flagrante des droits humains ».
Le département d’État des États-Unis dit continuer à promouvoir la responsabilité de ceux, qui abusent du pouvoir public à des fins personnelles, et « à soutenir les citoyennes et citoyens, les organisations et les fonctionnaires d’Haïti, qui se sont engagés à générer de l’espoir et des opportunités pour un avenir meilleur dans leur pays ».
Le Canada a sanctionné l’ancien premier ministre, Laurent Salvador Lamothe (16 mai 2012 - 14 décembre 2014) avec l’ex-ministre Jean Henry Céant (17 septembre 2018 - 18 mars 2019) et l’ancien président haïtien Joseph Michel Martelly (14 mai 2011 - 7 février 2016) pour leur financement des gangs en Haïti.
Un ordre, signé du président dominicain Luis Abinader, en date du 14 avril 2023, empêche désormais l’entrée dans son pays de plusieurs politiciens haïtiens, dont les anciens premiers ministres Laurent Lamothe et Evans Paul, en vue de « protéger la sécurité » de la population dominicaine.
En ce sens, des sanctions ont été prises par la République Dominicaine contre 39 personnalités politiques haïtiennes et autres, qui seraient impliquées dans la violence en Haïti. [emb rc apr 02/06/2023 20:15]
[1] Né le 14 août 1972 à Port-au-Prince, Laurent Lamothe fut Premier ministre du 16 mai 2012 au 14 décembre 2014, également ex-titulaire (6 août 2012 – 14 décembre 2014) du Ministère de la planification et de la coopération externe (Mpce) et ex-titulaire (24 octobre 2011 – 6 août 2012) du Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec)