P-au-P, 02 juin 2023 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) déplore les conditions « inhumaines » et « dégradantes », dans lesquelles sont gardées les personnes dans les commissariats de police, transformés en cellules de rétention et prisons dans le département de l’Ouest, dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Convertis en prison, en dépit du fait qu’ils n’aient été ni construits, ni aménagés à cette fin, ces centres de rétention, surpeuplés, sont sales, exigus et nauséeux, décrit le Rnddh, indiquant avoir visité dix (10) postes de police, au cours du mois de mai 2023.
« La situation des personnes, retenues dans six (6) parmi ces commissariats et sous-commissariats (de police) est très préoccupante et mérite une intervention immédiate de l’appareil judiciaire haïtien ».
Cette situation très alarmante cause d’énormes préjudices aux personnes, qui y sont retenues, souligne la note du Rnddh.
« Les mesures de transfert des retenu-e-s vers d’autres postes de police ne représentent pas, à proprement parler, une alternative juste, parce que, d’une part, tous les centres de rétention ont une capacité d’accueil très faible et que les retenus-es doivent être le plus proche possible de leur famille, pour bénéficier de leur support matériel et émotionnel et que, d’autre part, de nombreux retenus-es supposent que leur éloignement risque d’ajourner leur audition par les parquets », lit-on dans la note du Rnddh.
L’insécurité et les grèves à répétition au sein de l’appareil judiciaire constituent les principales causes de cette situation, dans les commissariats et sous-commissariats de police en Haïti, mettent en avant les responsables des postes de police ainsi que certaines autorités judiciaires.
Le Réseau national de défense des droits humains critique l’absence de volonté réelle des autorités étatiques, pour rétablir la sécurité en Haïti et donner suite « aux justes revendications » d’amélioration des conditions de travail du personnel judiciaire.
L’organisme de droits humains invite les autorités des juridictions de première instance de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets, à tout mettre en œuvre, en vue de régulariser la situation dans les commissariats et sous-commissariats de police dans le département de l’Ouest.
Les centres de rétention du commissariat de police à Port-au-Prince, véritables nids à microbes
Le commissariat de police à Port-au-Prince accueille un effectif de 92 personnes, dont 38 femmes et 54 hommes, tous gardés dans deux (2) petites cellules de rétention ayant, chacune, une capacité maximale de 10 personnes.
Exiguës, sales et puantes, non aérées, non éclairées et ensoleillées, ces cellules, véritables nids à microbes, dégagent des odeurs nauséabondes, pouvant affecter la santé des retenu-e-s- eux-mêmes, des agents-tes de la Police nationale d’Haïti (Pnh) affectés à ce commissariat ainsi que celle des visiteurs-euses, prévient le Rnddh.
« De plus, les retenu-e-s ont difficilement accès à l’eau, au système d’énergie solaire du commissariat (de police) ne pouvant pas faire monter l’eau du réservoir. Certains retenus sont gardés au dit commissariat depuis plusieurs mois, voire plus d’une année, sur ordre du parquet près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince, qui, après les avoir auditionnés, les y a transférés. D’autres y sont maintenus sur ordre de la Section départementale de la police judiciaire (Sdpj). », expose-t-il.
La situation des personnes dans les deux cellules de rétention du commissariat de police à Tabarre (l’une des municipalités au nord-est de Port-au-Prince), qui servent également de prison à la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), au Service départemental de la police judiciaire (Sdpj) ainsi qu’au parquet près le Tribunal de première instance de la Croix-des-Bouquets, n’est pas différente, signale le Rnddh.
Aptes à recevoir au maximum 10 personnes, les cellules de rétention du commissariat de police à Tabarre accueille 48 hommes, rapporte-t-il.
« Pour pallier le manque d’espace, certains retenus ont amarré des draps dans les barrières des cellules, en forme d’hamac pour pouvoir se coucher. D’autres s’agrippent, chaque soir, dans les barrières des cellules et s’y maintiennent à l’aide de couvertures, pour pouvoir dormir ».
« Ils prennent un bain par jour et sont constamment enfermés dans leurs cellules, qui dégagent une mauvaise odeur, aggravée par la chaleur. Ils n’ont pas facilement accès aux commodités, qui sont éloignées, et doivent conséquemment, utiliser des gallons pour uriner et des plats en polystyrène expansé pour déféquer », relève le Réseau national de défense des droits humains. [emb rc apr 02/06/2023 12:35]