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Violences : 160 présumés bandits tués par la population, du 24 avril au 24 mai 2023, en Haïti, selon le Cardh

Réduction des enlèvements et des violences des gangs depuis le déclenchement de « Bwa kale »

P-au-P, 29 mai 2023 [AlterPresse] --- Du lancement, le lundi 24 avril 2023, d’ un mouvement de résistance au sein de la population, dénommé Bwa Kale, au mercredi 24 mai 2023, au moins 160 présumés bandits ont été pourchassés, lynchés et brûlés vifs, sur le territoire national, a enregistré le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un document transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Au total, 134 présumés bandits ont été tués dans le cadre de ce mouvement, dans le département de l’Ouest, neuf (9) dans l’Artibonite, cinq (5) dans le département du Plateau central, un (1) dans le Sud, un (1) dans le Sud Est, neuf (9) dans la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), un (1) dans le Nord, selon le Cardh.

« Au moins 45 présumés bandits ont été exécutés à Debussy et 14 autres à Canapé Vert -devant le sous-commissariat (de police)-le 24 avril 2023. Au moins neuf (9) autres ont été exécutés à Pacot, deux (2) autres près de l’École Saint-Louis Roi de France (bas de Turgeau), un autre (1) à l’avenue Martin Luther King près de la Unibank ».

Avant le mouvement Bwa Kale, au moins 78 avaient été exécutés dans les zones de Turnel, Rozo, Miragoâne, Solino/Delmas 24, rappelle le Cardh.

L’organisme de droits humains souligne combien ce réveil citoyen a conduit à une réduction drastique des enlèvements et des autres manifestations de la violence des gangs armés, pendant la période du lundi 24 avril au mercredi 24 mai 2023.

Quoi qu’il en soit, des bandits armés continuent de perpétrer, en toute impunité, beaucoup d’actes de kidnapping, en pénétrant par effraction dans des résidences de personnes, en divers endroits dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, selon divers témoignages recueillis par AlterPresse.

Le Cardh avait dénombré 3,051 enlèvements, de l’année 2020 au premier trimestre 2023.

Pour le premier trimestre de 2023, 389 enlèvements ont été recensés, soit une augmentation d’un peu plus de 173% par rapport à celui de 2021 et de 72 % par rapport à celui de 2022.

142 et 225 enlèvements ont été respectivement recensés pour le premier trimestre de 2021 et celui de 2022.

Le Cardh mentionne aussi combien la plupart des femmes kidnappées sont violées collectivement, parfois avec de la violence extrême. Certaines scènes de viols sont également filmées par les violeurs et diffusées sur les réseaux sociaux.

Le mouvement Bwa kale « doit être encadré pour une sécurité durable. Sinon, les répliques des gangs seront pires que les atrocités précédant le Bwa Kale », recommande le Centre d’analyse et de recherche en droits humains.

Une quarantaine d’assassinats et de disparus ont été recensés dans un massacre, perpétré par le gang 5 segonn à Source Matelas, dans la commune de Cabaret (nord de la capitale, Port-au-Prince), le 19 avril 2023, souligne le Cardh.

Cette tuerie a été commise en représailles à une brigade citoyenne, mise en place à la suite d’une attaque, le 29 novembre 2022, par ce gang armé, qui a fait au moins 12 assassinats.

Au moins 14 présumés bandits et personnes soupçonnées d’avoir des liens avec des gangs ont été exécutées par la brigade dans le cadre de Bwa Kale.

Dans la matinée du 24 avril 2023, des riveraines et riverains de Canapé Vert ont battu puis brûlé vifs 14 présumés membres du gang de Laboule, qui tentaient de venir en renfort à des bandits, qui avaient envahi la zone.

Le mouvement Bwa kale s’est rapidement propagé dans plusieurs autres départements géographiques.

Face à la violence des gangs armés, qui contrôlent en moyenne 60% dans la zone métropolitaine de la capitale, Port au-Prince, le gouvernement de facto avait sollicité, auprès des Nations Unies, le 7 octobre 2022, le déploiement immédiat d’une force étrangère spécialisée armée en Haïti.

Plusieurs organisations en Haïti assimilent la demande d’intervention militaire en Haïti à un acte criminel et une trahison.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais António Guterres, a tout de même recommandé à l’Onu de déployer, de toute urgence, une force armée spécialisée internationale en Haïti, dans un rapport en date du 17 janvier 2023.

Pour le seul mois d’avril 2023, plus de 600 personnes ont été tuées dans les violences extrêmes, qui secouent la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a indiqué, le mardi 9 mai 2023, le Haut-commissariat aux droits humains (Hcdh) de l’Onu.

Cette augmentation fait suite aux assassinats d’au moins 846 personnes, de janvier à mars 2023, a relevé le Hcdh.

393 personnes ont été également blessées et 395 enlevées au cours de la période, soit une augmentation de 28 % de la violence par rapport au trimestre précédent. [emb rc apr 29/05/2023 10:33]