P-au-P, 25 mai 2023 [AlterPresse] --- Le Groupe de travail sur la sécurité (Gts) exprime son pessimisme, quant aux éventuelles retombés « positives » du forum politique sur la sécurité, organisé les mardi 23 et mercredi 24 mai 2023, à Port-au-Prince par le Haut conseil de transition (Hct), installé le 6 février 2023 par le gouvernement de facto d’Ariel Henry.
Dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio, l’un des membres du Gts, Ashley Laraque, également ancien officier des Forces armées d’Haïti (Fad’h), y voit une initiative pour faire passer le temps.
Étant l’œuvre du premier ministre de facto Ariel Henry, ce forum politique sur la sécurité s’inscrit dans la dynamique de faire passer le temps, afin de le maintenir au pouvoir politique le plus longtemps possible au détriment de la population, poursuit-il.
La majorité des actrices et acteurs à l’origine de l’organisation de ce forum et bon nombre de celles et ceux qui y ont participé sont les principaux responsables du climat de terreur, qui règne dans le pays, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dénonce le Gts.
N’ayant aucun pouvoir de convocation, le Hct a commis une « erreur grave, en voulant traiter, dans une même activité, deux problématiques importantes, que sont l’insécurité et les élections ».
L’idée même d’organiser un forum sur la sécurité nationale constitue une décision hâtive du Hct.
Le Groupe de travail sur la sécurité rappelle combien la proposition a été faite, dans un premier temps, au Gts, par des universités du pays, lors de plusieurs rencontres, dans la perspective de trouver, depuis près de deux ans, une solution à la criminalité.
« Comment peut-on organiser une telle initiative sans impliquer les universités, le Gts étant une instance représentative de la société et d’autres spécialistes ayant l’expérience de travail sur l’insécurité », s’interroge-t-il ?
La sécurité, une problématique globale
La criminalité ne date pas d’aujourd’hui. Elle ne peut pas être résolue en un claquement de doigts. Pour aborder et résoudre le problème de l’insécurité, il faut prendre en compte d’autres défis nationaux comme l’éducation, la marginalisation des communautés dans les quartiers populaires, le non encadrement des jeunes, considère le Gts.
Bwa kale, un réveil civique, selon le Gts
Le Groupe de travail sur la sécurité (Gts) salue un début de réveil civique, à travers le nouveau mouvement de résistance de la population contre les gangs armés, couramment dénommé Bwa Kale.
Ce mouvement ne saurait, à lui seul, apporter des solutions durables au problème, reste, toutefois, convaincu le Gts.
Plus d’une centaine de bandits ont été lynchés dans le cadre de cette justice expéditive, a relevé le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport en date du mardi 9 mai 2023.
L’Organisation des Nations unies (Onu) parle d’au moins 165 lynchages.
Le Haut-commissariat aux droits humains (Hcdh) de l’Onu a dénombré plus de 600 personnes tuées, pour le seul mois d’avril 2023, dans la nouvelle vague de violence extrême, qui a frappé plusieurs quartiers, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
734 personnes ont été assassinées, soit une moyenne de 122 personnes par massacre, dans six parmi neuf massacres, perpétrés, d’avril 2022 à avril 2023, dans les départements de l’Artibonite et de l’Ouest, où se trouve la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a signalé le Rnddh.
105 femmes ont été victimes de viols collectifs, pour la plupart, soit une moyenne de 17 femmes et filles victimes de viols par massacre, a relevé le Rnddh.
Le Gts prône des réflexions sérieuses, susceptibles de permettre de remonter les racines historiques de la criminalité ainsi que de susciter une redynamisation de la justice en Haïti.
Entre-temps, le Groupe de travail sur la sécurité déclare continuer de multiplier des initiatives, pour proposer des pistes de solution à la Police nationale d’Haïti (Pnh), aux Forces armées d’Haïti (Fad’h) et au gouvernement de facto, sur les mesures à adopter pour enrayer la criminalité sur le territoire national.
De nombreuses propositions du Gts sur la question restent, pour le moment, cloitrées dans les tiroirs du gouvernement de facto, déplore le Groupe de travail sur la sécurité. [ppsf emb rc apr 25/05/2023 10:00]