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Genre : L’Onu préoccupée par la multiplication des violences sexuelles des gangs contre les femmes et les filles en Haïti

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 11 mai 2023 [AlterPresse] --- Plusieurs expert-e-s indépendant-e-s de l’Organisation des Nations unies (Onu) [1] dénoncent l’exacerbation des violences, y compris sexuelles, et l’exploitation à grande échelle perpétrées par des gangs armés en Haïti, notamment à l’encontre des femmes, des filles et des enfants, dans une déclaration, le mercredi 10 mai 2023, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Ces expert-e-s indépendant=e-s de l’Onu s’élèvent contre l’utilisation systématique, dans un tel contexte de terreur, des violences envers les femmes et les filles, y compris sexuelles.

Ces violences « s’inscrivent dans une stratégie de contrôle du territoire et de conquête du pouvoir par les membres des gangs rivaux, qui ravagent la capitale depuis plus d’un an », considèrent-t-elles/ils, appelant à mettre fin à la violence des gangs à l’égard des femmes et des filles.

Les expert-e-s indépendant-e-s de l’Onu relatent un nombre indéterminé de viols collectifs, perpétrés sur des femmes et des filles, en public, devant des proches et des enfants, « sans que des ressources suffisantes soient déployées pour stopper ces violences, traduire les responsables en justice, protéger et indemniser les victimes ».

Les Violences basées sur le genre (Vbg), y compris sexuelles, constituent « une tentative de soumission de populations et d’individus, ainsi qu’une forme de punition pour celles qui résistent », déclarent-elles-ils.

Les expert-es indépendant-e-s de l’Onu exhortent les autorités haïtiennes à adopter les mesures adéquates, pour endiguer ce cycle de violences en cours.

Elles/Ils appellent aussi le pouvoir de facto à engager la responsabilité des auteurs de violences, y compris sexuelles, à rendre des comptes, conformément à l’état de droit et la stratégie nationale de désarmement, démantèlement, réinsertion et réduction de la violence communautaire, adoptée par le gouvernement en juillet 2021.

La communauté internationale est également invitée à soutenir le gouvernement de facto et d’autres acteurs internationaux et locaux, afin d’accroître la capacité des institutions concernées, de maintenir l’espace civique, de garantir l’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits humains, y compris les violences sexuelles, ainsi que de susciter des dispositions institutionnelles pour que les victimes bénéficient d’une protection et d’un soutien nécessaires et adéquats.

De janvier à mars 2023, 18 victimes de violences sexuelles, y compris de viols collectifs, ont été référencées vers des prestataires de services médicaux et
psychosociaux, indique le Service des droits humains (Sdh) du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) et du Haut-commissariat des Nations unies aux droits humains (Hcdh), dans un rapport daté du mardi 9 mai 2023.

105 femmes ont été victimes de viols collectifs, pour la plupart, soit une moyenne de 17 femmes et filles victimes de viols par massacre, dans six parmi neuf massacres, perpétrés, d’avril 2022 à avril 2023, dans les départements de l’Artibonite et de l’Ouest, où se trouve la zone métropolitaine de Port-au-Prince, a relevé le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport en date du mardi 9 mai 2023.

De mai 2022 à mars 2023, au moins 652 femmes et filles ont été victimes de viols individuels et collectifs, dans des zones contrôlées par les gangs, avait rapporté l’organisation féministe Nègès Mawon.

Dans son rapport, le Binuh demande au gouvernement d’Haïti, avec le soutien de la communauté internationale, d’appuyer le système judiciaire, en établissant, notamment, des pôles judiciaires spécialisés pour lutter contre la corruption et les crimes de masse, y compris les violences sexuelles. [emb rc apr 11/05/2023 10:45]


[1Les experts indépendants de l’Onu sont la Jordanienne Reem Alsalem, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences ; l’Australienne Alice Jill Edwards, Rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; Le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles : la Mexicaine Dorothy Estrada Tanck (Présidente), l’Australienne Elizabeth Broderick, la Croate Ivana Radačić, l’Éthiopienne Meskerem Geset Techane et la Népalo-Américaine Melissa Upreti ; le Chilien Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.