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Plusieurs dossiers emblématiques d’assassinats toujours bloqués au niveau de la justice en Haïti, signale le Binuh

P-au-P, 09 mai 2023 [AlterPresse] --- Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) évoque plusieurs dossiers emblématiques d’assassinats, qui restent bloqués au niveau de la justice en Haïti, dans un rapport, en date du 9 mai 2023, transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Aucun progrès n’a été réalisé dans l’instruction de plusieurs « cas emblématiques », en raison de problèmes liés à la nomination des juges et à des retards de traitement, critique le Binuh, soulignant combien l’absence de reddition de comptes pour les abus et violations graves des droits humains reste une préoccupation majeure.

Ces dossiers concernent les massacres de Gran Ravin - sur les hauteurs de Martissant, dans la périphérie sud de Port-au-Prince - (2017), de La Saline (novembre 2018), de Bel Air (novembre 2019), l’assassinat de Me. Monferrier Dorval (28 août 2020) et celui de l’ancien président de facto Jovenel Moïse (7 juillet 2021).

Les affaires, relatives aux massacres de Gran Ravin et de Bel Air, sont restés bloquées, en partie, à cause de la non-certification par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) des juges d’instruction en charge de ces dossiers, considère le Binuh.

L’instruction du dossier de Bel Air « a aussi été entravée par le fait que deux juges ont été chargés de l’affaire, sans qu’aucun d’entre eux n’ait été informé de cette double nomination ».

« L’enquête sur le massacre de La Saline est restée à l’arrêt, du fait d’un recours en récusation, déposé devant la Cour de cassation, en 2019, contre le juge qui instruisait le dossier. », rappelle le Binuh.

La fin, depuis juin 2021, du mandat du juge en charge de l’enquête sur l’assassinat de Monferrier Dorval, empêche son avancement.

Malgré quelques avancées aux États-Unis d’Amérique, l’enquête sur l’assassinat de l’ancien président de facto Jovenel Moïse piétine en Haïti.

Trois suspects potentiels ont été interrogés par l’actuel juge haïtien en charge de l’instruction, dont deux ont été relâchés après leur audition.

Des avis de recherche ont été aussi émis, le 9 mars 2023, par la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) à l’encontre de 14 suspects, parmi lesquels figurent un ancien fonctionnaire chargé de la lutte contre la corruption, Joseph Félix Badio, ainsi que le pasteur Gérald Bataille, le chef de gang Vitelhomme Innocent et huit officiers de police.

45 personnes sont toujours détenues en Haïti, dans le cadre de cet assassinat, dont 18 Colombiens, 20 policiers et sept autres personnes.

Par ailleurs, « les autorités judiciaires des États-Unis ont arrêté, le 14 février 2023, en Floride, quatre personnes accusées d’avoir planifié et financé l’assassinat. Ces nouvelles arrestations portent à 11 le nombre de personnes détenues aux États-Unis, en relation avec la mort de Jovenel Moïse », note le Binuh.

Arrêté en République Dominicaine en janvier 2022 et extradé vers les États-Unis, quelques jours plus tard, l’ancien trafiquant de drogue, Rodolphe Jaar, l’un des suspects dans cette affaire, a plaidé coupable, le 24 mars 2023, en admettant avoir apporté un soutien financier aux personnes soupçonnées d’avoir tué l’ancien président de facto Jovenel Moïse. [emb rc apr 09/05/2023 14:20]